Découvrez les 10 tendances qui ont fait le green business en 2016. Supply chain, économie collaborative ou économie circulaire, voici les tendances qu’il fallait suivre cette année.

Avec la COP21, le développement de la RSE dans toutes les entreprises et le boom de l’économie collaborative, une chose est sûre : le green business a le vent en poupe. Dans tous les domaines et dans toutes les entreprises, de nouvelles formes de production, de consommation et de management se développent afin de donner naissance à une économie plus durable.

Mais comment ces nouveaux modèles se développent-ils ? Quelles sont les tendances qui poussent cette transition et comment affectent-elles les entreprises ? Quels sont les modèles à suivre pour rester dans la course du green business ? C’est pour répondre à toutes ces questions que chaque année depuis 9 ans, le magazine GreenBiz, spécialiste des business durables publie son état des lieux du green business.

L’an dernier, le magazine identifiait parmi les grandes tendances du développement durable les solutions durables en open source, le gaspillage alimentaire ou encore les énergies renouvelables. Leur analyse fut rapidement confirmée, Kering livrant son ECPR en open source, les acteurs se mobilisant contre le gaspillage alimentaire et les entreprises du net affichant leur volonté de se tourner vers le 100% renouvelable.

Voici cette année les 10 grandes tendances du green business identifiées par GreenBiz.

Les 10 tendances du green business à surveiller en 2016

1 – L’économie circulaire comme business model : tendance de fond de la RSE

L’économie circulaire, ce n’est pas simplement le recyclage 2.0. C’est une nouvelle manière de penser à la fois la production, la consommation, le recyclage et la commercialisation des produits, de manière à utiliser et réutiliser les ressources de la manière la plus efficiente et écologique possible.

Cela peut vouloir dire réinventer son modèle économique entièrement grâce à l’économie de la fonctionnalité, réinventer sa chaîne de production pour permettre la réparabilité et la lutte contre l’obsolescence programmée… En tout cas, de plus en plus d’acteurs privés réfléchissent à un moyen de rentabiliser leur production et leur business model en y incorporant une dose d’économie circulaire.

Le groupe Circular Economy 100 créé par la Fondation Ellen MacArthur réunit ainsi Cisco, Coca-Cola, Dell, Google, Ikea, ou encore Michelin, Unilever ou Philips. Recyclage des plastiques, réduction des déchets, réutilisation des matériaux, récupération des produits sont devenus en quelques années des sujets stratégiques pour les entreprises. L’économie circulaire pourrait rapporter plus de 700 milliards de dollars par an à l’économie mondiale, selon la fondation Ellen MacArthur.

2 – La supply chain green et high tech

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La supply chain est un énorme chantier pour les entreprises, en matière de durabilité comme en matière d’efficacité. La prochaine révolution qui est déjà à l’oeuvre dans ce domaine, c’est la high tech. Des dizaines de nouvelles solutions émergent ces derniers mois pour rendre la supply chain des entreprises plus efficientes et plus durables.

Des solutions de calcul, basées sur Big Data ou la géolocalisation, permettent par exemple de mieux gérer les stocks ou les trajets des livraisons. Des algorithmes novateurs permettent de prévoir les évolutions des stocks et des flux et ainsi de mieux prévoir les achats. Des solutions comme les véhicules autonomes ou les motorisations électriques permettent de transformer radicalement la logistique des entreprises. Tout cela permet à la fois de réduire ses consommations énergétiques, ses émissions de CO2, mais aussi le gaspillage, les déchets d’emballages. Bref, c’est une stratégie win-win.

La supply chain est en pleine révolution technologique, et l’un des gros enjeux de cette révolution sera de savoir comment la rendre green.

3 – Des infrastructures économiques durables et décarbonnées

Peut-être l’enjeu le plus global de cette liste : les infrastructures économiques. La question qui se pose est la suivante : comment penser et développer une économie plus verte si les infrastructures qui permettent à cette économie de fonctionner ne sont pas green ?

Énergie, transport, finance, bâtiments… il y a une vraie tendance pour trouver des alternatives plus durables à nos infrastructures économiques. Les grandes entreprises comme Microsoft ou Facebook ont été à l’origine par exemple de la Breakthrough Energy Coalition, un fond de développement de technologies énergétiques décarbonnées. Des groupes d’investisseurs représentant plus de 1000 milliards de dollars ont également mis en place le Green Infrastructure Investment Coalition afin de pousser au développement des Green Bonds. D’autres réfléchissent à l’efficacité énergétique des bâtiments ou à un urbanisme plus vert…

Bref, il y a un énorme marché pour développer des fondations plus green à notre économie.

4 – Des ressources minières plus propres ?

L’un des grands enjeux de la RSE et du green business, c’est aussi les ressources minières. L’année dernière, les Etats-Unis ont développé le marché du gaz de schiste à un niveau inégalé, l’exploitation des ressources en lithium a explosé pour alimenter le marché des batteries, les terres rares sont de plus en plus recherchées pour leurs utilisations dans le marché de l’électronique…

De ce fait, une vague d’intérêt a poussé les industriels à chercher des solutions minières plus propres. Certaines entreprises américaines ont ainsi commencé à mettre en place des technologies de fracturation hydraulique prétendument plus écologiques, d’autres ont lancé des programmes de protection de la biodiversité autour de leurs sites miniers. Les investissements du secteur minier dans l’énergie renouvelable pourraient aussi atteindre 3.9 milliards de dollars en 2022.

Les acteurs du secteur regardent aussi avec attention du côté de l’économie circulaire et du recyclage afin d’économiser les ressources minières et d’éviter la surexploitation des sols.

5 – Une agriculture régénérative avec une vraie gestion des sols

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Et puisque l’on parle de sols, les études montrent que 96% de l’érosion des sols provient des cultures en Amérique du Nord. Dans le monde, 50% des sols fertiles ont été dégradés depuis 150 ans d’après le WWF, notamment à cause des pratiques agricoles. C’est pourquoi l’agriculture et son rapport aux sols sont devenus une priorité pour les entreprises qui veulent mettre la durabilité au centre de leur business model.

C’est ce que les acteurs du secteur appellent la recherche vers une agriculture régénérative : une agriculture qui permette aux sols de vivre et de se régénérer. Dans ce domaine, les investissements dans les techniques agricoles plus durables ont presque doublé en 2015, atteignant 4 milliards de dollars. On parle désormais de Smart Farming. On parle aussi du stockage de carbone avec un mouvement né aux Etats-Unis : les soil carbon cowboys, qui tentent de pratiquer une agriculture qui permette au sol de stocker le carbone.

Mais l’idée est aussi de développer de nouvelles façon de faire de l’agriculture, comme avec l’agriculture urbaine. Aujourd’hui, 800 millions de personnes dans le monde sont impliquées dans l’agriculture urbaine pour 20% des ressources alimentaires.

6 – Le stockage et le recyclage du carbone

Parmi les enjeux importants du green business, on trouve aussi le stockage du carbone. D’après les analyses du GIEC, et malgré la COP21, avec les taux de carbones actuels et leur croissance continue, il sera impossible de ne pas dépasser la cible des 1.5 degrés de réchauffement. Cette barrière a d’ailleurs déjà été franchie cette année, poussée par un El Niño particulièrement fort. C’est pourquoi les industriels se tournent désormais vers un marché potentiellement énorme : celui du recyclage de CO2.

Chaque année sont émises 36 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, soit un potentiel économique qui pourrait être gigantesque, et sur lequel misent de nombreuses start-up innovantes. Newlight Technologies fondé en 2003 développe par exemple un modèle de séquestration du carbone pour le transformer en plastique. Solidia Technologies, quant à elle, développe un ciment renforcé par injection de CO2 de sources industrielles, dont l’empreinte carbone est 70% inférieure à un ciment classique. Une entreprise comme Novomer propose des matériaux de revêtements à base de carbone recyclé. Autant de possibilités de créer de nouvelles opportunités économiques.

Reste à savoir si la capture et le stockage de ce CO2 seront faisables techniquement à grande échelle, et surtout si cela suffira à lutter contre le réchauffement climatique.

7 – L’engagement des salariés dans la RSE et le durable

La dernière tendance pour les entreprises qui s’investissent dans le développement durable ? Engager leurs salariés !

On sait qu’aujourd’hui, avoir des salariés réellement engagés dans la RSE et dans le développement durable de leur entreprise est la clé de voûte d’une stratégie RSE vraiment efficace. De plus en plus de programmes de formation se mettent en place, et un management durable commence à émerger. Globalement, les jeunes sont de plus en plus sensibilisés au développement durable, et sont attirés par les entreprises qui s’y investissent.

Engager les salariés permet aussi d’être durable dans des domaines importants comme la gestion du papier ou de l’énergie dans l’entreprise, donc de faire des économies à la fois financières et en matière environnementale.

8 – Les micro-grids et la révolution de l’énergie locale

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Microgrids sont des systèmes énergétiques locaux qui permettent de produire et de délivrer de l’énergie dans une zone géographique spécifique, comme un bâtiment, un quartier ou un village.

Les Microgrids ne sont pas nécessairement intégrés aux systèmes classiques d’énergie comme le réseau électrique d’EDF. C’est la grande tendance émergente des business de l’énergie, notamment dans les pays en développement où ils sont une vraie porte de sortie de la pauvreté.

1 437 projet de micro grids recensés dans le monde, représentant 13 gigawatt de capacité énergétique, 40 milliards de dollars d’ici 2020, soit 7 fois plus qu’en 2013. Cet engouement est lié notamment au développement des capacités de stockage des batteries, et au développement d’énergies à potentiel plus local comme l’énergie solaire (dont le prix par watt a baissé de 82% depuis 2010) ou de l’éolien (-61% depuis 6 ans).

Des microgrids se développent partout : dans des villages en Afrique, mais aussi en Californie, où l’Université de San Diego s’alimente essentiellement grâce des microgrids. L’armée américaine développe également les microgrids dans ses bases un peu partout dans le monde. Le marché représente 2000 milliards de dollars et sera probablement une des évolutions futures des acteurs de l’énergie qui sauront se décentraliser.

9 – L’économie collaborative en mode BtoB

On savait que l’économie collaborative était un gros enjeu de l’économie actuelle (voir notre article : L’économie collaborative : prochaine révolution industrielle). Mais la collaboration ne s’arrête pas aux échanges entre consommateurs : les entreprises s’y mettent aussi.

L’économie collaborative en mode BtoB se développe et permet de mettre en relation des entreprises en créant des opportunités de créer de nouveaux revenus. Quelques exemples ? Cargomatic, qui met en relation les entreprises qui souhaitent se faire livrer de gros colis avec des entreprises de camions de transport. L’idée est simple : au lieu de faire circuler des camions de transport à vide (par exemple sur les retours), on peut les utiliser pour transporter du matériel pour les entreprises. Ou encore WeWork, qui permet aux entreprises de louer / partager leurs bureaux quand ils ne sont pas utilisés au maximum de leurs capacités.

Au total, l’économie collaborative entre les entreprises permet de maximiser l’utilité et l’utilisation des infrastructures, des équipements et des espaces. Elle permet donc de faire des économies non négligeables en termes financier mais aussi en termes énergétiques et environnementaux.

Selon Paul Hawken, environnementaliste et spécialiste de la RSE, l’économie collaborative BtoB devrait transformer les entreprises à une échelle encore plus importante qu’Internet ne l’a fait depuis 30 ans.

10 – La blue economy, l’économie de la mer

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Enfin, le green business devrait se tourner de plus en plus vers la mer. L’océan représente 70% de la surface du globe, il absorbe près de 30% du carbone émis sur la planète. Progressivement, on prend conscience que l’océan a un rôle particulièrement décisif dans les changements climatiques à l’oeuvre (voir notre article : Océans et changement climatique : quels liens ?).

La blue economy, c’est toute cette nouvelle économie qui se tourne vers les ressources de la mer. D’après WWF, si le océans étaient un pays, ils représenteraient la 7ème économie mondiale, avec un PIB de 2500 milliards de dollars par an (quand le PIB français équivaut à 2800 milliards de dollars par an). Pêche, énergie offshore, transport maritime, tourisme… autant d’activités qui dépendent du grand bleu. Aujourd’hui, les entreprises se préoccupent de plus en plus de l’océan, et ils cherchent à minimiser les impacts de la pêche, du transport, ou de l’exploitation des ressources marines mais aussi à trouver de nouvelles opportunités business grâce au grand bleu. Ainsi, Orange a mis en place un programme spécial pour réduire l’impact environnemental de la pose des câbles sous-marins.

Mais la blue economy c’est aussi :

Des tendances développement durable à mettre en pratique

Ces 10 tendances ont d’ores et déjà commencé à émerger en 2016, et elles vont à coup sûr vont dessiner l’économie durable de demain. Reste à voir comment les entreprises vont s’en emparer. Sauront-elles devenir des acteurs proactifs de l’économie circulaire, de l’économie collaborative et des micro-grids sans transformer ces questions en simples enjeux de business ? Sauront-elles vraiment prendre la mesure des défis environnementaux qui doivent accompagner ces transformations ?

On sait que l’économie collaborative, dont l’idée de base était de développer une économie plus inclusive, plus équitable et plus efficiente a été largement dévoyée par les grands acteurs comme Uber, en créant une économie de la précarité. La blue economy ou les technologies de la supply chain échapperont-elles à ces dérives ?

Il reste à espérer que la prise de conscience générale qui se développe en ce moment autour des concepts de responsabilité, de soutenabilité et de durabilité permette une transition vers une économie moins destructrice !

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