Mise en place de politiques RSE en entreprise : quels sont les chiffres ? Les freins à leur mise en oeuvre ? Comment les Responsables RSE perçoivent-ils ces défis ? On fait le point.

En juin et juillet 2021, 369 répondants, majoritairement des responsables RSE issus de 345 entreprises se sont prêtés à une étude, pour mesurer les pratiques sociales, environnementales, et sociétales des entreprises. Cela dans le but d’analyser les tendances
de l’engagement citoyen des entreprises comme de leurs salariés. Que doit-on retenir du baromètre RSE 2021, réalisé par un consortium d’acteurs engagés (Make.org, Vendredi, B-Lab, France Digitale, 1% for the Planet…) ? On fait le point.

Un passage à l’action massif des entreprises

Des enjeux RSE qui touchent les TPE comme les grands groupes

Premier constat de ce baromètre 2021 : quelle que soit leur taille, les entreprises disent se mobiliser sur les sujets RSE. 83% des grands groupes et 65% des ETI se perçoivent « Actifs » ou « Très actifs » sur tous des sujets RSE, notamment grâce à :

  • une démarche généralement structurée et/ou valorisée, notamment via des labels ou distinctions
  • une grande diversité de causes
  • une représentation de la RSE au sein du COMEX dans 65% des cas

Si la RSE est toujours avant tout un sujet pour les grands groupes (soumis à des obligations de reporting notamment) le mouvement se ressent aussi dans les plus petites entreprises, puisque plus d’une TPE et PME sur trois lance des actions notamment autour de l’environnement, voire débloque une petite équipe et un budget annuel dédié au sujet.

Par ailleurs, dans 65% des entreprises sondées, la RSE est représentée au COMEX, et dans un tiers des cas, elle est même liée Direction Générale, témoignant de la place centrale que prend le sujet dans toutes les entreprises. A l’inverse, une part importante (24%) des départements RSE est autonome : cette émancipation montre aussi que la RSE est considérée comme un sujet à part entière.

La question des thèmes abordés

La RSE recoupe pour les entreprises françaises diverses thématiques et enjeux sociaux, environnementaux ou liés au mécénat.

La cause environnementale, priorité RSE n°1 des entreprises française

Quatre entreprises sur cinq ont déjà mesuré ou prévu de mesurer leur empreinte carbone et la majorité des entreprises interrogées a déjà structuré des actions dans les thématiques environnementales comme la mobilité durable ou l’empreinte numérique par exemple.

Par ailleurs, ce sont pas moins de 86% des entreprises interrogées qui mènent des actions de sensibilisation environnementale, ce qui favorise la mobilisation et la mise en place de mesures plus engageantes.

Des enjeux sociaux internes traités de manière inégale

84% d’entreprises qui s’engagent pour l’égalité femmes-hommes, 78% qui prennent en compte les risques psycho-sociaux dans le cadre de leur politique RSE… Ces chiffres élevés ne doivent pas faire oublier que la loi française pousse grandement les entreprises à agir en ce sens.

A titre d’exemple, elles agissent beaucoup moins pour le lien intergénérationnel ou les cases LGBTI+ qui ne font pas l’objet d’un cadre légal formel.

Un véritable engagement pour l’intérêt général à travers le mécénat

84% des entreprises a déjà ou souhaite mettre en place des actions de contribution sociétale (financière, de compétences…). Si 92% des grands groupes ont déjà mené une action de mécénat, les petites entreprises s’engagent aussi. Par exemple, 57% des TPE ont déjà mis en place une action de mécénat, et 31% souhaitent le faire. Les thèmes de l’environnement, de l’emploi/insertion professionnelle ou encore l’égalité des chances sont privilégiés dans le cadre des politiques de mécénat.

Les principaux freins à la mise en place de politiques RSE en entreprise

Si l’étude souligne un véritable décollage de la RSE, elle souligne également les challenges auxquels les responsables RSE et les entreprises font face. Des challenges qui sont d’ailleurs inégaux selon la taille de l’entreprise.

Le manque de ressources à la fois financières et humaines

Une entreprise sur trois n’a pas encore de budget lié à la RSE. Cela rend inévitablement la mise à l’agenda du sujet plus complexe. Difficile par exemple de former et sensibiliser les collaborateurs sur ce sujet sans moyens financiers à l’appui. Et lorsqu’un budget est débloqué, il est bien souvent trop faible pour pouvoir mener des actions de grande ampleur : 21% des entreprises ont entre 1 et 5 000€ de budget RSE annuel. La taille de l’entreprise impacte directement le montant consacré à la RSE : moins de la moitié des TPE ont un budget consacré à ce titre.

Un manque de ressources humaines freine aussi la mise en place d’une politique RSE. Sans équipe dédiée, cela signifie que des salariés non spécialisés sur le sujet gèrent les actions menées par l’entreprise dans le domaine, et cela parfois en plus de leurs missions « habituelles ». 29% des entreprises n’a aucune équipe dédiée à la RSE, même d’une ou deux personnes, et ce sont majoritairement des TPE. On comprend alors mieux pourquoi le manque de temps est un frein « important » ou « très important » pour 73% des entreprises interrogées. Il y a une réelle nécessité de dédier davantage de ressources humaines à la RSE dans les entreprises.

Le manque d’outils

Comment s’y prendre pour mettre en place une démarche RSE ? C’est notamment la question que se posent un grand nombre de TPE et PME qui ont du mal à structurer leur démarche RSE globale. Cette dernière se caractérise plutôt par des actions ponctuelles plutôt qu’une transformation en profondeur de l’organisation et de ses engagements.

Difficile également d’évaluer l’impact des actions mises en place, d’autant plus lorsque l’entreprise est petite ou de taille intermédiaire. 73% ont des difficultés pour objectiver et mesurer l’impact de leurs actions. Cela requiert un budget encore plus conséquent, mais aussi des outils spécifiques et des compétences pour apprendre à mesurer l’impact et le retour sur investissement (ou ROI pour Return on Investment) des actions RSE.

Des difficultés à embarquer ses équipes

Pour les grands groupes de plusieurs milliers de collaborateurs, la principale difficulté réside en l’implication du « middle management » ou management intermédiaire au projet RSE. Les managers sont souvent des observateurs critiques des projets de développement durable et n’ont la plupart du temps que peu de vision sur ce que fait l’organisation en la matière.

Or, comme le soulignent Vincent Maymo et Geoffroy Murat dans La boîte à outils du développement durable et de la RSE, les managers ont un rôle crucial à jouer dans la diffusion et la communication autour de la démarche RSE.

« Les managers sont les premiers relais de la diffusion des bonnes pratiques en matière de développement durable. Ils doivent donc être la cible prioritaire pour capitaliser sur les bénéfices de la démarche en termes de motivation des salariés, de la baisse du turn-over et de la récupération de feedbacks et d’idées innovantes sur les projets mis en œuvre. « 

Le développement d’outils est une fois de plus très important pour faciliter la prise en compte de cet enjeu par ses équipes.

La RSE occupe de plus en plus de place dans la stratégie des entreprises, petites ou grandes. Les enjeux écologiques principalement suscitent l’intérêt des collaborateurs et des parties prenantes, et les équipes RSE tentent de mettre en place des actions concrètes malgré les difficultés rencontrées – notamment le manque de moyens et d’outils. Mais ces nouvelles orientations stratégiques seront-elles aussi rapides et importantes que nécessaire ?

« Pour être efficace, la RSE doit s’introduire au coeur de chaque métier. Et si des objectifs liés à la RSE étaient intégrés aux objectifs de tous les salariés ? Et si la RSE irriguait transversalement toute la structure de l’entreprise ? » conclut l’étude. Voilà un objectif qui marquerait un vrai tournant dans l’engagement RSE des entreprises.

Photo by Austin Distel on Unsplash

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