La pollution de l’air est l’un des dangers sanitaires les plus importants du XXIème siècle : dégradation des capacités respiratoires, morts prématurées, cancers… Les études récentes sont de plus en plus alarmantes sur le sujet. Retour sur ce problème d’envergure.

Quelques jours seulement après la diffusion du reportage de Cash Investigation mettant en cause l’effet des polluants et pesticides sur notre santé, d’autres études, sur la pollution de l’air cette fois, viennent encore inquiéter.

Pollution de l’air : des risques alarmants pour la santé

Durant près de 38 ans, une équipe de chercheurs de l’Imperial College London a étudié les effets de la pollution de l’air sur la santé. Ils ont ainsi comparé sur le long terme l’état de santé de près de 368 000 britanniques. Résultat ? Ceux ayant vécu dans des zones plus polluées ont 14% de risques supplémentaires de mourrir de mort prématurée. Les pathologies les plus fréquentes : problèmes respiratoires, pneumonies, emphysème ou bronchites, mais aussi des problèmes cardiovasculaires. L’étude estime que près de 29 000 morts par an en Grande Bretagne sont liées à la pollution de l’air.

Autre enseignement de cette étude ? Malgré la réduction de la pollution, les risques pour la santé restent élevés. L’étude constate en effet que les niveaux de pollution aux particules fines ont été réduits en moyenne de 80% entre 1971 et 2001. Pourtant, ce sont les personnes exposées à la pollution entre 2002 et 2009 qui voient leur santé la plus à risque, avec une hausse de 24% du risque de mort prématurée. Difficile de dire si cela est dû à un effet cumulatif, ou à l’augmentation de certains polluants comme le dioxide d’azote, mais le résultat est inquiétant.

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Le coût sanitaire et économique de la pollution de l’air dans le monde

D’après Maria Neira, responsable Santé Publique à l’OMS, les niveaux de pollutions actuels sont très alarmants. Près de 70% de la population urbaine dans le monde serait exposée à des niveaux de pollutions supérieurs aux limites sanitaires recommandées. Selon une autre étude publiée dans la revue Nature, sous la direction du Max Planck Institute for Chemistry en Allemagne, la pollution de l’air tue plus chaque année que le paludisme et le SIDA combinés. Cela représente plus de 2 millions de personnes en Asie, où le problème est particulièrement fort, mais près de 200 000 morts par an en Europe. L’Agence Européenne de l’Environnement parle même de 430 000 décès annuels liés à la pollution de l’air.

D’après l’OMS, le coût économique de cette pollution en Europe serait de 1 600 milliard de dollars, soit 1 400 milliard d’euros. Dans certains pays comme la Bulgarie le coût des morts prématurées, maladies et autres problèmes liés à la pollution représenterait près de 29% du PIB national. 90% des citoyens européens seraient exposés à des niveaux supérieurs aux recommandations sanitaires de l’OMS. Et si le problème persiste à ses niveaux de croissance actuels, le nombre de morts prématurées liées à la pollution pourrait atteindre 6 millions en 2050.

La pollution de l’air en France : quelles conséquences sur la santé et l’économie ?

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En France, le problème existe évidemment. On estime que chaque année, la pollution de l’air coûterait à la France plus de 100 milliards d’euros et entraînerait la mort de plus de 45 000 personnes. D’après le bilan annuel de la qualité de l’air publié sur le site du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, près de 6% des stations de mesure en France affichaient des seuils de pollution au dioxide d’azote supérieurs à la réglementation. Ces stations se situaient dans des zones urbaines densément peuplées (plus de 250 000 habitants), soit potentiellement 9 millions de personnes touchées. 4% des stations de mesure affichaient des seuils d’ozone supérieurs à la limite sanitaire. Concernant les particules fines, seules 5 stations avaient des niveaux inquiétants, signe que le problème s’améliore.

Reste que les conséquences sanitaires à long terme risquent d’être très importantes. 10 ans de pollution aux niveaux actuels exposerait toute une génération d’enfants à des risques sanitaires inédits d’après le Guardian.

Reste à savoir si nous aurons la capacité de réduire ces seuils de pollution collectivement, afin de respirer (un peu) mieux.