Qu’est-ce que l’innovation durable en entreprise ? Comment la gérer en particulier dans les PME ? Comment utiliser l’outil « émotion » pour gérer cette innovation durable ? Décryptage.

L’innovation durable est une stratégie opportune pour les PME qui souhaitent s’insérer sur le marché et assurer leur compétitivité face aux grandes entreprises. C’est une innovation intéressante pour répondre aux objectifs commerciaux tout en s’engageant dans une démarche en développement durable. Pour autant, opter pour une telle stratégie est un défi organisationnel pour les PME.

L’innovation durable : c’est quoi ?

L’innovation, c’est l’ensemble des processus permettant de renouveler la demande de besoins et de services, et dont la finalité est de transformer les modèles économiques. Elle est par nature perturbatrice et va ainsi bouleverser un secteur d’activité.

On entend par innovation durable, une stratégie d’innovation de l’entreprise prenant en compte les concepts du développement durable. Ce qui va différencier une innovation classique d’une innovation durable, n’est pas son utilité mais l’impact, qu’elle tente d’améliorer au niveau social et environnemental.

objet-emotion-gestion-innovation-durableLes résultats de l’innovation durable

L’innovation durable s’inscrit dans plusieurs domaines notamment celui de la recherche responsable, de l’économie circulaire, de l’innovation sociale, etc.

Elle peut ainsi aboutir sur :

  • des produits ou des services éco-conçus, car elle est source d’amélioration des produits existants. Pour exemple, dans le cadre d’une offre éco-socio-conçue, Picard a créé une glacière écologique composée de jute et de coton biologique équitable (99% de composés naturels) ;
  • des nouveaux processus qui prennent en compte le respect de l’environnement comme l’amélioration de son bilan carbone ;
  • des nouveaux modèles qui s’inscrivent dans une dimension sociale ou sociétale.

Les facteurs influençants l’innovation durable

Plusieurs facteurs sont aussi susceptibles d’influencer l’innovation durable.

  • La réglementation

La réglementation est un facteur déterminant pour les entreprises qui s’engagent dans un démarche en développement durable. Dans le domaine du développement durable, la règlementation européenne mène une politique « Europe 2020 » qui vise à intensifier les efforts dans l’innovation et surtout dans l’innovation durable.

  • Les parties prenantes

Les parties prenantes peuvent influer de manière positive ou négative l’organisation de l’innovation durable. Les clients et les consommateurs sont source de motivation pour les entreprises, au contraire des fournisseurs ou des actionnaires qui peuvent être des obstacles à cette création innovante. Les parties prenantes peuvent être des acteurs clés dans la réalisation de l’innovation durable. Les PME doivent saisir cette occasion. 

L’innovation durable, un tremplin pour les PME avec l’objet émotion

Pour les PME, l’innovation durable est une voie permettant d’atteindre leurs objectifs économiques tout en prenant en compte les valeurs sociales et environnementales du développement durable.

Les étapes d’une stratégie en innovation durable

Cependant, le succès de l’innovation durable n’est pas immédiat pour l’entreprise et le processus permettant à une innovation durable d’avoir lieu dans l’entreprise peut-être complexe. Pour un dirigeant de PME, mener à bien une innovation durable nécessite de savoir jongler avec à la fois des ressources naturelles renouvelables, des ressources financières, une expertise technologique. Il faut aussi posséder un certain nombre de capacités organisationnelles, savoir mener à bien des dialogues et des collaborations entre les différentes parties prenantes de l’entreprise, savoir gérer le temps et l’investissement dans le processus d’innovation durable… Tous ces ingrédients sont facteurs à succès d’un résultat prometteur et innovant en matière durable.

Les chercheurs Kadia Georges AKA, Françoise LABELLE et Michel TRÉPANIER ont cherché à savoir comment faciliter le déploiement de l’innovation durable en étudiant comment les dirigeants de PME qui l’avaient réussi avait procédé. Ils ont constaté que la capacité à développer l’innovation durable dans une entreprise est toujours un processus interactif et progressif, un construit entre les différents acteurs de l’entreprise. C’est un apprentissage, qui se fait généralement en deux phases :

  • La première est appelée la phase Objet valise. C’est le moment où le dirigeant d’entreprise et tous les acteurs clés de la démarche commencent à définir leur processus d’innovation durable. Chacun fait alors part de sa vision de l’innovation durable, de ses attentes, de ses idées. Les volontés divergent et un dialogue commence à s’instaurer sur la question de l’innovation durable.
  • Lors de la deuxième phase, appelée Objet frontière, le rôle du dirigeant est de procéder à des négociations et faire part de compromis pour parvenir à une forme précise. L’idée est qu’il faut réussir à concilier les volontés de chacun : manageurs, chercheurs, concepteurs, financeurs, actionnaires…., afin de parvenir à concrétiser l’innovation durable autour d’enjeux communs et acceptés par toutes les parties prenantes. L’objectif de cette phase est de répondre aux exigences de chacun et parvenir à un résultat (produit ou modèle) fini et structuré.

 

Le rôle de l’émotion dans la gestion de l’innovation durable

Les chercheurs se sont donc intéressés à la nature interactive de l’innovation durable et à la manière dont les dirigeants de PME parviennent à gérer les ressources et les parties prenantes au moment du passage entre les deux phases. Concrètement, ils ont donc voulu savoir comment les dirigeants parvenaient à créer le compromis entre les différents acteurs de l’entreprise afin de concrétiser la démarche d’innovation duarble.

Ce que les chercheurs ont découvert, c’est que les dirigeants qui parviennent à passer de la phase « objet valise » à la phase « objet frontière », ont utilisé « l’objet émotion ». En résumé, ils se sont rendu compte que les dirigeants ayant concrétisé leur démarche d’innovation durable avaient un point commun : ils avaient joué sur l’émotion pour créer le consensus. Ils ont évoqué des sujets partagés ou des événement connus « chargés d’émotion et liés à des enjeux de développement durable». Cet objet émotion stimule les réactions chez chaque acteur, favorables à la création d’innovation durable permettant de mieux gérer le passage de la phase « objet valise » à celle « objet frontière ».

À ce titre l’émotion peut devenir un outil de gestion pour le dirigeant d’une PME. Il aide à mieux structurer l’information, à s’accorder sur des orientations communes et à interconnecter les acteurs clés tout en redéfinissant leur rôle.

 

Organiser l’innovation durable suppose de repenser et de choisir des stratégies en intégrant de nouvelles compétences et de faire évoluer les critères d’appréciation de projets d’innovation. Mais l’innovation durable, comme tous les processus qui ont lieu dans l’entreprise, sont aussi des construits sociaux avec une forte dimension humaine. L’émotion peut-elle permettre de fédérer les acteurs autour de tels projets ? Peut-elle faciliter le déploiement de ces stratégies en aidant à créer des consensus chez les parties prenantes ? C’est en tout cas ce que suggère la recherche.

 

Et si les entreprises prenaient plus en compte l’émotion dans leurs gestions stratégiques ?