Comme vu précédemment, les citoyens consommateurs souhaitent modifier leurs comportements pour adopter des habitudes plus en valeur avec les principes du développement durable. Cependant, sans accompagnement des institutions et des marques, les consommateurs se sentent démunis et confus dans la jungle des marques, logos, labels et allégations sociales ou environnementales. Chaque acteur du développement durable a son rôle à jouer dans le changement.
Quelles voies se dessinent pour aider les individus dans leurs choix de citoyen et consommateur ?

Nous avons vu précédemment que les nudges verts peuvent influencer le citoyen pour l’amener vers un comportement vertueux. Les green games vont plus loin en faisant de l’écologie et des comportements citoyens un terrain de jeu ludique et pédagogique.

Définition d’un green game

Les green games sont des jeux sur le thème de l’environnement et de l’écologie. Par typologie, ils font partie des « jeux sérieux« , ou « serious games », ces jeux ayant une intention sérieuse, par exemple :

  • la pédagogie
  • l’information
  • la communication
  • le marketing
  • l’idéologie
  • l’entrainement

A ces intentions sont ajoutés des mécanismes ludiques issus du jeu vidéo tels que :

  • l’utilisation de mises en scènes graphiques (social game, jeu vidéo 3D, etc.)
  • l’utilisation de mécanismes d’intérêt ou d’attachement (gain, classement, reconnaissance sociale, récompense, etc.)
  • la présence de règles du jeu

Dans le cas d’un green game, j’ajouterais le besoin de garder un ton « not so serious » dans le gameplay (scénario du jeu). Les citoyens consommateurs sont saturés d’information et d’incitations au passage à l’action sur les sujets environnementaux. L’information ou l’entrainement véhiculés dans le jeu seront plus efficaces si la finalité première du joueur est de jouer ou de gagner, non d’apprendre ou de devenir meilleur. L’aspect ludique doit alors l’emporter sur l’aspect « sérieux ». Le vocabulaire et les mécanismes à mettre en place sont à adapter au segment de population visée. Parler « d’analyse de cycle de vie » ou de « réduction du taux d’émissions de CO2 » à des enfants sera en décalage avec leur niveau de compréhension, tout comme véhiculer à des citoyens conscients que « recycler ses emballages est une nécessité » sera hors sujet. Une réflexion initiale doit par conséquent être menée pour identifier les leviers d’intérêt du joueur, ce qui l’amènera à revenir et à rejouer, si tel est l’objectif.

Quels domaines d’application pour des green games ?

Presque tous les domaines d’application peuvent être abordés avec les green games. Cependant, plus la finalité du jeu sera proche du quotidien du joueur, plus les informations ou gestes seront compris et répliqués dans la vie « réelle ».
On peut alors imaginer des green games pour :

  • réduire l’empreinte écologique des citoyens au quotidien (ex : défis quotidiens simples mais répétés)
  • fédérer des consommateurs autour d’une marque ou d’un produit respectueux de l’environnement (ex : jeu vidéo de la chaîne de vie d’un produit cosmétique, de la production à la fin de vie)
  • permettre aux citoyens de réduire leur facture énergétique (ex : avec les smart-grids, classement des citoyens dans leur quartier)
  • améliorer la stratégie environnementale d’une société (ex : jeu étudiant ou intra-entreprise de proposition de best practices)
  • réduire l’empreinte carbone d’une société (ex : concours de l’étage qui photocopie le moins)

Quelles opportunités pour les green games ?

Les réseaux sociaux et les smartphones ont profondément changé la manière de jouer, au bénéfice de jeux à visée sociale ou environnementale, par définition à finalité positive et fédératrice.
Les réseaux sociaux, du type Facebook ou Twitter, permettent aux joueurs de jouer « socialement ». En quelques clics, tous les amis du joueur peuvent être ajoutés au jeu, ce qui permet au joueur de mieux s’approprier le jeu et de jouer en communauté. Le positionnement du joueur dans un classement peut être relatif à ses propres amis, à son quartier ou aux villes alentours… La réalisation d’une tâche ou épreuve dans le jeu peuvent être réalisés avec l’aide de ses amis… A la différence des jeux vidéos « web 1.0 », ces aspects rendent les jeux sociaux… voire viraux !
En plus de ces aspects sociaux, le téléphone mobile permet de développer de nouveaux usages de jeux. Le joueur pourvu d’un smartphone peur être amené à se géolocaliser pour obtenir un point, à prendre une photo, à mettre un commentaire dans la rue, à taguer un code 2D ou un produit… les usages sont presque infinis et permettent de territorialiser un jeu. L’avantage est alors de mieux fédérer les joueurs que dans un jeu lancé « dans la nature », au niveau national ou international. Je suis joueur, je joue avec mes voisins de pallier, de quartier, et réalise de actions tangibles dans ma ville ou mon super-marché.

Prêt pour le fun ?

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Image : Go Greengo, le green game de Facebook