Industrialisation : définition, histoire et enjeux

Dernière modification le 4 Mai 2023

Quelle est la définition de l’industrialisation ? Quelle est l’histoire de l’industrialisation ? Ses causes et ses conséquences ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’industrialisation.

Définition de l’industrialisation

L’industrialisation est un processus historique qui a vu le passage d’une économie principalement agricole et artisanale à une économie dominée par l’industrie, avec l’émergence de la production en série et de la mécanisation dans de nombreux domaines économiques, allant de l’agriculture à la production de biens manufacturés. Ce processus a commencé en Europe au 18ème siècle et s’est rapidement répandu dans le monde entier, contribuant à des transformations significatives des sociétés et des économies humaines, mais aussi de son environnement.

L’industrialisation est caractérisée par l’adoption de machines et de technologies avancées pour la production de biens de consommation en masse, et par le développement de processus techniques de plus en plus complexes et productifs dans tous les domaines. L’industrialisation a également eu un impact important sur les modes de travail, la culture et les relations sociales.

Histoire de l’industrialisation et dates

L’industrialisation est généralement décrite comme un phénomène débutant au XVIIIe siècle, notamment en Angleterre. Mais la réalité est un peu plus complexe. En fait, l’industrialisation et l’aboutissement d’un processus de transformation progressif des sociétés européennes entre le XVe siècle et le XVIIIe siècle, marqué par l’émergence de nouvelles structures sociales et économiques.

La proto-industrialisation

Cette phase, que l’on appelle la « proto-industrialisation » est caractérisée par le déclin du féodalisme et des structures politiques et économiques issues du Moyen-Âge. À cette période, les monarchies traditionnelles en Europe sont de plus en plus remises en cause, fragilisées, et les hiérarchies socio-politiques et économique qui entourent ces monarchies sont elles-aussi remises en cause.

Les seigneuries, le servage, les systèmes de vassalité, la paysannerie traditionnelle évoluent au grès des agitations politiques, intellectuelles et culturelles de la Renaissance. À partir de la fin du XVIIe siècle, se développent de nouvelles structures socio-économiques : les manufactures rurales, les corporations familiales, les marchands-artisans…

Ces nouvelles formes économiques permettent le développement de filières proto-industrielles, souvent régionales : régions de tisserands, horlogerie, ferronnerie… Ce sont sur ces bases que va se développer l’industrialisation.

La première phase d’industrialisation

L’industrialisation proprement dite a commencé en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle, où la révolution agricole et la proto-industrialisation avait déjà commencé à améliorer la productivité agricole et permis le développement de filières de production manufacturières. Au cours de cette période, souvent appelée « Révolution industrielle », la Grande-Bretagne a connu une croissance économique rapide grâce à l’utilisation de nouvelles technologies, telles que la machine à vapeur, qui ont permis de produire des biens à un rythme sans précédent. Les industries du textile, de la métallurgie et des transports ont été les premières à adopter ces technologies, ce qui a permis une production de masse et une baisse des coûts.

L’industrialisation a progressivement transformé la structure de l’économie et de la société britannique. Par exemple, les populations ont migré de la campagne vers les villes afin de trouver des emplois mieux rémunérés, dans une industrie en plein essor. Cela a permis d’accélérer le développement des villes (l’urbanisation et même la métropolisation) et a considérablement transformé le monde du travail. De plus en plus d’emplois salariés, notamment ouvriers, se sont créés, avec des conditions de travail souvent difficiles : horaires de travail de 12 à 16 heures par jour et salaires faibles.

Au XIXe siècle, l’industrialisation s’est étendue à d’autres pays, notamment la France, l’Allemagne et les États-Unis. Les États-Unis notamment ont connu une croissance économique très rapide grâce à l’industrialisation, qui a permis la production en série de biens tels que les automobiles et les appareils électroménagers. Tout cela a contribué à faire des Etats-Unis une puissance économique majeure à partir du début du XXe siècle.

La deuxième phase d’industrialisation

De la fin du XIXe siècle aux débuts du XXe siècle, l’industrialisation s’est encore accélérée grâce à l’utilisation de l’électricité, de la chimie et des technologies de l’information. Les industries de l’automobile, de la chimie et de la haute technologie ont connu une croissance rapide et ont permis un développement économique de nombreux pays.

Cette deuxième phase d’industrialisation a ainsi permis aux pays les plus avancés dans leur transformation industrielle de produire des biens à plus haute valeur ajoutée. Dans le même temps, les industries traditionnelles comme le textile ont connu un déclin relatif, où ont été délocalisées dans des pays où le coût de la main d’oeuvre était plus faible, notamment dans les colonies ou les pays en développement.

Cette phase a donc été caractérisée par une transformation des secteurs industriels, marquée par l’émergence de nouvelles technologies, des délocalisations, un changement des emplois industriels et de leurs compétences, etc.

La troisième phase d’industrialisation

Dans les années 1970, les pays les plus industrialisés ont connu une phase de « crise », caractérisée par une stagnation de la croissance économique et de l’inflation. Dans les années 1980 et 1990, l’émergence de nouvelles technologies, telles que l’automatisation et l’informatique, ont permis de démarrer une nouvelle phase d’industrialisation, parfois appelée « Troisième Révolution Industrielle ». Grâce à ces nouvelles technologies, au développement des industries numériques, des industries de la communication, les pays industrialisés ont connu une nouvelle augmentation de la productivité, et le développement de nouvelles industries de pointe.

Mais cette industrialisation s’est accompagnée d’une diminution des emplois dans les industries plus anciennes, comme lors de la seconde phase d’industrialisation. On a donc parallèlement à l’industrialisation une désindustrialisation : certains secteurs industriels se développent quand d’autres déclinent.

Aujourd’hui, l’industrialisation se poursuit à travers le monde : les pays émergents, puis les pays en développement, investissent dans leur croissance industrielle.

Les causes de l’industrialisation

L’industrialisation est, historiquement, le résultat de la mise en place d’une infrastructure économique adaptée, et notamment d’usines de production et de marchés pour distribuer les produits. Cette infrastructure découle d’évolutions socio-économiques particulières : des propriétaires de capitaux émergent, et investissent, pour mettre en commun des locaux et des outils de production, et faire travailler de la main d’oeuvre, d’abord des artisans, puis des salariés. L’industrialisation est donc indissociable de l’exploitation des capitaux économiques et d’une force de travail, facilitée par des lois.

Cette infrastructure économique est favorisée par le progrès technique : les avancées technologiques ont permis de développer de nouvelles technique de production. La machine à vapeur, inventée par James Watt en 1765, a permis de produire de l’énergie à faible coût et de la rendre accessible plus facilement, ce qui a rendu possible la production à grande échelle. Les machines textiles telles que la métier à tisser mécanique et la machine à filer ont également permis de produire des textiles en grande quantité. L’industrialisation a aussi été facilitée par l’abondance de sources d’énergies utilisées par ces machines (charbon, pétrole…) et par l’abondance de matières premières (métaux par exemple) qui ont été utilisées pour alimenter les usines et les machines industrielles.

Parallèlement l’augmentation de la population a permis une hausse de la main d’oeuvre disponible ainsi qu’une augmentation de la demande de biens de consommation tels que les textiles, la nourriture et les produits manufacturés. L’industrialisation résulte en partie de l’émergence de ce double marché : un marché du travail et un marché de consommation étendu.

L’industrialisation est aussi liée à des changements sociaux profonds : exode rural, urbanisation…

Les conséquences de l’industrialisation

L’industrialisation a des conséquences majeures sur les sociétés qui vivent ce processus, puisqu’elle transforme les structures économiques, sociales et culturelles de manière profonde. Une société industrialisée est une société structurée autour des rapports de classe, avec l’émergence notamment d’une classe ouvrière, employée par une classe d’industriels, propriétaires de capitaux. Le salariat devient le rapport dominant dans le monde du travail, et remplace les structures pré-industrielles, féodales. L’industrialisation a entraîné une transition des modes de travail agricole et artisanal vers les usines, où les travailleurs étaient souvent employés à temps plein.

L’industrialisation a entraîné une forte croissance urbaine, avec l’émergence de villes industrielles, dont Manchester, Birmingham ou Detroit sont de bons exemples historiques. Cela a créé de nouveaux défis tels que la pollution, la congestion et la question du logement, mais aussi des opportunités économiques pour les travailleurs et les entreprises, de nouvelles structures sociales, etc.

Sur le plan économique, l’industrialisation engendre aussi des transformations considérables. L’industrialisation a permis de produire des biens à moindre coût et en plus grande quantité, ce qui a entraîné une augmentation de la production et de la productivité, et donc, de la production de richesse.

L’industrialisation a stimulé la croissance économique et a contribué à la création de nouveaux emplois et de nouveaux secteurs industriels. Elle a également encouragé la mondialisation des échanges commerciaux, avec l’émergence de nouvelles routes commerciales et de nouvelles formes de commerce international.

Sur le plan écologique, l’industrialisation a aussi entraîné de nombreuses dégradations : pollutions, émissions de gaz à effet de serre et réchauffement climatique, destruction des écosystèmes et érosion de la biodiversité, acidification des océans, épuisement des ressources naturelles.

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