Deux ans après l’entrée en vigueur de la DPEF, où en sont les entreprises françaises ? C’est le sujet du rapport publié en septembre 2020 par le MEDEF.

Depuis des années, le contexte réglementaire oblige un certain nombre d’entreprises à réaliser un rapport RSE, à faire du reporting, et depuis deux ans, à réaliser une DPEF (Déclaration de Performance Extra-Financière). C’est notamment le cas des grandes entreprises. La Loi PACTE encourage aussi les entreprises à clarifier leur mission, leur raison d’être, au-delà des indicateurs de performance classique.

Alors, concernant la DPEF, où en sont les entreprises françaises, en particulier dans le contexte de la Loi PACTE et de la raison d’être ? Comment les entreprises ont-elles pris en compte cette nouvelle forme de reporting ? C’est le sujet du rapport réalisé par le MEDEF en partenariat avec EY et Deloitte, portant sur une centaine d’entreprises membres du SBF120.

L’avènement en demi-teinte de la raison d’être

D’abord, le rapport constate que de plus en plus d’entreprises se sont penchés sur le sujet de la raison d’être. 35% des entreprises examinées y font référence dans leurs communications officielles ou leurs publications concernant la performance extra-financière.

Mais cette progression se fait en demi-teinte. En effet, seules 9% des entreprises sont réellement allées au bout de la démarche en inscrivant cette raison d’être dans leurs statuts. Il y a donc quatre fois plus d’entreprises communiquant sur leur raison d’être que d’entreprise l’ayant réellement structurée. Or rappelons le : la raison d’être n’est pas destinée à être un outil de communication et de marketing mais un moyen d’institutionnaliser la place de l’entreprise dans la société.

Autre chiffre parlant : une seule entreprise a pris le statut d’entreprise à mission créé par la Loi PACTE. Les entreprises prennent donc le chemin de la raison d’être, mais lentement et sans y aller à fond.

La RSE plus répandue, un besoin de structuration

Dans les déclarations des entreprises, on trouve en revanche une référence généralisée à la RSE. 75% des entreprises font ainsi référence à des démarches ou feuilles de route RSE pluri-annuelles et multi-dimensionnelles assorties d’objectifs quantitatifs avec une échéance bien définie. Ce chiffre n’était que de 41% en 2016 (sur un panel comparable).

C’est donc un signe encourageant : la RSE s’institutionnalise, et contrairement à la raison d’être elle n’est plus seulement un outil de communication mais bien un levier de transformation corporate, puisque des objectifs quantitatifs précis sont mentionnés.

Mais d’une part, cette réalité ne concerne pas encore toutes les grandes entreprises. Et d’autre part, la RSE demande encore des efforts de structuration : seules 26 entreprises sur le panel présentent leur stratégie RSE comme partie intégrante des plans stratégiques à moyen-long terme. Trop souvent, la RSE se contente d’objectifs sectoriels à des échéances relativement proches (3 à 5 ans), sans plan de transformation globale de long terme.

DPEF : des indicateurs variables

Concernant les thématiques abordées par les entreprises, elles sont variables. 77% des entreprises ont ainsi des objectifs quantitatifs concernant le climat et 99% reportent sur les émissions de GES scopes 1 et 2. Mais toutes les entreprises ne comptabilisent pas toujours leurs émissions complètement : 75% seulement des entreprises font un bilan GES scope 3, et bien souvent limité à certains postes seulement. Quant aux autres indicateurs environnementaux, comme la biodiversité, l’éco-conception, ou l’économie circulaire, ils sont peu abordés. 27% seulement on des objectifs relatifs à l’impact environnemental des produits et services.

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Dans le domaine social, les indicateurs et objectifs sont aussi hétérogènes. Seules 47% des entreprises ont des objectifs quantitatifs précis en matière d’égalité femmes-hommes (ex. pourcentage de femmes managers ou de
femmes en position de senior/top management). La plupart se contente des obligations réglementaires. D’autre part, 87% publient un taux de fréquence des accidents du travail et 58% des entreprises des secteurs industriels ont des objectifs liés à la sécurité au travail. Quant aux droits humains ou aux relations fournisseurs : ils sont plutôt absents.

Les référentiels internationaux du reporting

Dernier constat : les reportings s’alignent progressivement sur les standards internationaux. Plus de 80% des entreprises font clairement référence aux Objectifs du Développement Durable. 63% des entreprises s’inscrivent dans le cadre proposé par la Task force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) en matière d’informations sur le climat. Et près d’une entreprise sur deux (46%) se cale sur les lignes directrices de la Global Reporting Initiative.

C’est le signe que la RSE et la déclaration de la performance extra-financière se normalisent au niveau international. Au niveau Européen, ce sera le rôle de la CSRD, qui se veut plus ambitieuse… Mais le secteur privé suivra-t-il ? L’avenir le dira.

Plus d’informations sur l’évolution de la DPEF et de la raison d’être dans le rapport MEDEF / EY / Deloitte.

Photo par Bernd Klutsch sur Unsplash

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