Réussira-t-on à mener la transition écologique en faisant la promotion d’une écologie simple, positive et sexy ? Pas sûr. Si l’on était sérieux, il faudrait peut-être commencer à promettre du sang et des larmes.

Si l’on écoute les citoyens, le personnel politique et les responsables corporate, l’écologie est désormais une priorité. La lutte contre le réchauffement climatique, la protection de la biodiversité, la préservation des écosystèmes : tout le monde en parle. Chaque jour, on se rappelle des chiffres alarmants des émissions de CO2, des espèces qui disparaissent, de l’urgence d’agir.

Mais en même temps, paradoxalement, personne ne semble réellement paniquer. On nous répète que pour régler le problème écologique, au fond, c’est simple : il suffit juste qu’on se mobilise, individuellement et collectivement, qu’il suffit juste que chacun soit convaincu, et agisse à son échelle, par de petits gestes, qu’il suffit que l’on invente des alternatives, que l’on innove et que l’on trouve des solutions positives. Et d’ailleurs, il paraît même que ça y est, le mouvement est lancé et que l’économie est en train de prendre un virage vert, que les solutions émergent.

Pourtant, dans les faits, les études scientifiques confirment qu’année après année, tous les problèmes écologiques empirent. Les émissions de CO2 augmentent, la consommation de ressources aussi, les écosystèmes se dégradent toujours plus vite et toujours plus profondément.

Et si c’était le signe qu’il est temps de changer de discours ? D’arrêter de penser que l’écologie peut attendre que chacun soit convaincu et se décide à agir ? Et si, au lieu d’essayer de mobiliser tous les acteurs en promettant une écologie « incitative », « positive » ou même « sexy », on se rendait à l’évidence ? Prenons le temps de nous interroger.

Histoire de l’écologie positive

Écologie : chacun doit faire sa part ?

D’abord, prenons le temps de comprendre l’origine du discours moderne sur l’écologie. Cela fera 50 ans en 2022 que l’ONU a pour la première fois organisé son Sommet de la Terre. 50 ans, donc, que la plus haute instance de la coopération internationale juge la situation écologique assez préoccupante pour s’investir sur la question. Et à cette époque, on retrouve déjà les éléments qui constituent le discours contemporain sur l’écologie. Dans son préambule, la déclaration finale du Sommet de la Terre de Stockholm de 1972 indique : « il faudra que tous, citoyens et collectivités, entreprises et institutions, à quelque niveau que ce soit, assument leurs responsabilités et se partagent équitablement les tâches. » Dans les recommandations adressées aux gouvernements, on retrouve même la nécessité de « prévoir les moyens de susciter, […] la participation active des citoyens »

Dès le départ, l’écologie est donc envisagée comme une problématique liée à la responsabilité individuelle des acteurs sociaux. Pas question d’imposer ou de contraindre : on envisage même qu’il faudra « susciter » l’action, convaincre en quelque sorte. Et cette conception a structuré l’écologie depuis lors : chacun est responsable, il faut donc que chacun soit sensibilisé, que chacun se mobilise et prenne sa responsabilité en agissant pour le bien commun.

C’est ainsi que l’action écologique s’est traduite par des actions de sensibilisation, des incitatifs, des outils pour encourager, motiver, mobiliser.

Les petits gestes comptent ?

D’abord, les acteurs de l’écologie ont beaucoup insisté sur l’idée que c’étaient les « petits gestes » qui comptaient. Chaque geste compte, les petits gestes font la différence, paraît-il.

C’est ce qui est au coeur de la légende du Colibri, reprise en coeur par les tenants de l’écologie citoyenne. Si chacun éteignait les lumières en sortant d’une pièce, baissait un peu son chauffage, et recyclait ses déchets, les effets cumulés seraient gigantesques !

Sauf que les faits sont têtus : les petits gestes écologiques n’ont pas d’impact, ou presque. Éteindre les lumières, c’est agir marginalement, sur quelque chose qui ne représente à peine que quelques pourcents de la consommation électrique. Même si tout le monde le faisait, on ne diminuerait notre consommation électrique que de quelques TWh, et nos émissions annuelles baisseraient probablement de manière à peine visible. La vérité, c’est que les gestes qui comptent, ceux qui ont un impact, sont aussi ceux qui sont les plus difficiles à mettre en oeuvre : se passer de sa voiture (30% des émissions de CO2 d’un Français), faire la rénovation thermique des logements (30% des émissions sont liées à la consommation énergétique des bâtiments, chauffage en tête), changer radicalement sa façon de consommer.

Si l’on regarde attentivement les rapports scientifiques portant sur l’écologie, cela saute aux yeux : c’est ce qui constitue le coeur de notre société qui pose problème. L’énergie, la voiture, l’avion, l’agriculture de masse… C’est tout notre mode de vie qu’il faudrait remettre en question !

L’écologie positive, l’écologie sexy

Sauf que remettre en cause son mode de vie, ce n’est pas simple. Il faut de bonnes raisons pour le faire, et l’écologie, problématique distante et difficile à évaluer, est de ces causes pour lesquelles il est difficile se mobiliser.

Alors, pour susciter l’engagement, comme le préconisait la Conférence de Stockholm et tous les autres Sommets qui ont suivi, il a fallu trouver l’alternative. Et c’est là que l’écologie « positive » entre en scène. Des mouvements politiques aux entrepreneurs, tous ont essayé de rendre leur écologie plus sexy, plus attirante.

Désormais, l’idée dominante c’est que l’écologie peut (et doit) être une transition positive, qui donne envie. On parle même de futurs écologiques désirables, de réenchanter la transition écologique. Traduction : vous ne pourrez certes plus consommer comme avant, mais ça sera mieux, et plus écolo ! Vous ne vous déplacerez plus pareil, mais les nouveaux modes de transport seront tout aussi efficaces, sans aucun compromis à faire, en plus d’avoir un impact positif sur la planète. Vous allez changer votre façon de manger, mais vous verrez, ça sera facile, plaisant, vous découvrirez même de nouvelles saveurs. Grâce à l’innovation, vous aurez de nouveaux gadgets pour vous accompagner, vous motiver. En fait, vous ne sentirez même pas la différence.

Et le mieux, c’est que dans ce processus, vous allez découvrir votre nouveau « vous ». Une nouvelle vie, plus saine, pleine de sens. Un retour aux sources salutaire. C’est un appel à reprendre le contrôle sur votre vie, à être le héros de votre propre histoire, comme le vendent les professionnels du développement personnel. C’est le genre de discours que l’on retrouve notamment dans la rhétorique des « acteurs du changement » et des « entrepreneurs à impact positif », qui sont aujourd’hui le coeur de l’écosystème de l’écologie positive. Tout le monde semble d’accord là-dessus, d’Al Gore à Yannick Jadot en passant par Cyril Dion : l’écologie doit se vendre et pour ça, elle doit envoyer du rêve, être optimiste, positive, désirable. Et on l’admet, ici aussi, sur Youmatter, on a parfois tendance à relayer ce discours.

Mais dans les faits, ça marche ?

Quels résultats pour l’écologie positive ?

Prenons un peu le temps de faire les comptes. Quels sont les résultats concrets de ces éléments de langage ? Est-ce que l’écologie positive a réussi à convaincre et à faire ses preuves ? Eh bien… Malheureusement, là encore les faits sont têtus. Après plus de vingt ans d’écologie des petits gestes et d’écologie positive, rien ne progresse.

Les émissions de CO2 continuent d’augmenter, et tous les autres indicateurs écologiques continuent de se dégrader. Les petits gestes que les citoyens se sont appropriés sont ceux qui n’ont pas grand impact : personne n’est aujourd’hui prêt à se contraindre à prendre moins la voiture par exemple. Ni à renoncer à l’avion : malgré le « flygskam » qui promettait un changement radical, les Français (comme tout le monde) n’ont jamais autant pris l’avion.

Quant aux innovations positives, aux modèles écolo disruptifs, aux nouvelles tendance de l’écologie sexy, on ne peut que constater leur échec à réduire nos impacts sur l’environnement. Les trottinettes électriques augmentent la pollution globale au lieu de la réduire, les nouvelles technologies entraînent effets rebond sur effets de bord… Les nouveaux modèles de consommation alternatifs de leur côté (de la mode éthique en passant par l’agro-écologie), peinent à sortir de leur niche et ne concernent en fait que la minorité disposant des moyens de se payer le luxe de « consommer responsable », sans qu’on sache vraiment si cela réduit concrètement les émissions de CO2 ou l’empreinte écologique.

Adopter un discours réaliste face à la menace écologique ?

L’un des problèmes de ce discours, c’est qu’il travestit les attentes citoyennes. À force de répéter à qui veut l’entendre (c’est-à-dire tout le monde) que l’écologie doit être sexy, on laisse imaginer des futurs possibles où tout se passera bien, où l’on aura jamais à se contraindre, à se restreindre (il faut dire que l’on considère nos vies comme déjà bien assez contraignantes comme ça).

C’est ainsi qu’à force de dire que la transition doit être désirable, on a fini par délaisser des vraies solutions. Des solutions dont l’impact est réel, mais qui, jugées trop contraignantes, pas assez innovantes, pas assez sexy, restent au placard. Par exemple, la voiture électrique, dont l’impact environnemental est nettement meilleur que celui d’une voiture thermique et constitue une vraie alternative pour les usages quotidiens, peine à convaincre. On lui reproche son manque d’autonomie, la contrainte de la recharge… On lui préfère les fantasmes du moteur à hydrogène (qui, lui, permettrait de tout faire comme avec le pétrole), même si les études disponibles aujourd’hui montrent qu’il pollue plus que les moteurs thermiques. Quand l’ADEME recommande de valoriser les logements collectifs, plus petits, au lieu de grandes maisons individuelles avec jardin, ou quand les ingénieurs proposent des petites voitures peu consommatrices, personne n’écoute. Logique : il faut que ça brille et que ça donne envie, on vous dit ! Il faut faire la transition écologique en douceur, sans que ça dérange.

Pourtant, les projections scientifiques actuelles admettent de façon consensuelle qu’il n’y aura pas de transition douce. Il faudra réduire brutalement nos consommations énergétiques, réduire fortement nos besoins en mobilité thermique, restreindre certaines consommations, bref avoir un mode de vie très différent de celui que nous avons aujourd’hui. Et le pire, c’est que nous avons une date limite pour ce changement : il doit intervenir très vite, au risque de devoir faire face à des conditions écologiques très, très difficiles à gérer. Des conditions qui, elles, seront par la force des choses contraignantes.

Si l’on veut une approche réaliste face à cette menace écologique, il faut admettre que nous n’avons plus vraiment le temps d’attendre que chacun se sensibilise à son rythme et fasse ses changements à son échelle. Nous n’avons pas non plus le temps d’attendre que tout le monde y trouve son compte, des actionnaires aux petits épargnants. Les projections du GIEC appellent à faire décroitre d’au moins 5 à 10% par an nos émissions de CO2 à partir d’aujourd’hui. Pas dans 10 ans ou 30 ans, quand nous aurons trouvé le modèle qui ne contrariera personne. Le problème écologique impose que nous prenions des décisions maintenant, même si ce n’est ni rentable ni agréable dans l’immédiat. Et pour prendre ces décisions, il faut que les citoyens soient informés du chantier, sincèrement, sans que cette vérité soit noyée au milieu des fake news, des solutions miracles et des chimères d’une écologie sans effort.

Du sang et des larmes face à l’effort de guerre écologique

Historiquement, lorsque des sociétés ont du faire face à ce type de problématiques, d’un ordre « vital », elles n’ont pas attendu que les planètes s’alignent et que chacun veuille bien s’engager. Elles n’ont pas attendu qu’une solution « en douceur » se présente par les miracles de l’innovation ou de l’entrepreneuriat.

En mai 1940, lorsque Winston Churchill, s’adresse aux britanniques à son arrivée au pouvoir en pleine Seconde Guerre Mondiale, c’est bien du sang, du labeur, des larmes et de la sueur qu’il leur offre, pas une guerre positive, disruptive et sexy. De la brutale honnêteté de ces déclarations, on peut retenir que des sociétés sont capables de se mobiliser, de se contraindre et de se sacrifier lorsque nécessité fait loi, et lorsque l’on ne tente pas de substituer naïvement les aléas des choix individuels à une vraie volonté politique collective.

Et s’il est toujours délicat de mener la métaphore guerrière, on peut au moins noter que les nécessités de la situation écologique actuelle présentent tout de même des points commun avec la notion d’effort de guerre. D’abord, il y a déjà les pertes, civiles et matérielles, que l’on constate déjà chaque année : inondations, évènements météorologiques extrêmes, incendies monstrueux… Il y a aussi le vocabulaire de l’action : « urgence » écologique, mobilisation, effort, sacrifice… En fait, il y a déjà du sang, des larmes, du labeur et de la sueur, comme en témoignent l’Amazonie, l’Australie et bien d’autres régions du monde.

L’écologie est tout sauf sexy et positive

En vérité, une vraie transition écologique, ce n’est ni sexy ni positif en soi. Au départ, c’est surtout une contrainte, un effort. C’est prendre conscience que certains comportements vont devoir changer, qu’on le veuille ou non. C’est savoir faire le deuil de certains aspects de nos habitudes de vie. Et à ceux qui répondent que ce n’est pas vendeur, il faut peut-être répondre que l’on a, en fait, pas trop le choix : le réchauffement climatique et la crise de la biodiversité ne sont pas des réalités que l’on peut décider ou non d’acheter, elles s’imposent à nous.

Bien-sûr, rien n’interdit de mener ces changements et d’en profiter pour inventer des modèles différents : plus égalitaires, plus apaisés, plus solidaires. Rien n’interdit non plus (au contraire, même) de mettre au service de cet effort des notions que nous assimilons aujourd’hui au progrès et au positif : l’innovation, la science. Mais avant toute chose, il faut être d’accord sur le constat : la réduction de notre impact environnemental ne peut pas attendre que l’on ait trouvé le bon modèle, celui qui permettrait de s’en tirer sans effort.

Pour filer l’analogie de la bataille : lorsqu’on est bombardé, on attend pas de voir si quelqu’un parviendra à intercepter les bombes avant qu’elles ne touchent le sol. D’abord on évacue, par précaution. Ici c’est la même chose : d’abord faisons en sorte de ne pas faire exploser l’écosystème, quitte à ce que ça ne soit pas très agréable, et ensuite on pourra sans doute réfléchir aux façons les plus positives de continuer à progresser en tant que société.

Écologie : arrêtons de nous mentir

Aujourd’hui, il y a des choses que nous savons faire pour réduire vraiment et rapidement notre impact écologique, dès maintenant. Simplement, ces solutions ne font en effet pas très envie. Dire qu’il faut renoncer au maximum à nos vacances en avion, qu’il faut accepter les galères des transports en commun, des voitures électriques ou du vélo pour éviter la voiture thermique, dire qu’il faut vivre en habitat collectif, rénover nos logements et avoir des attentes plus humbles en termes de surface, ça ne vend pas du rêve, c’est vrai. Dire qu’il faut accepter d’avoir moins de diversités de produits dans nos supermarchés, que l’on devra sans doute se passer de certaines innovations high-tech (pensons aux débats actuels sur la 5G), ça ne fait pas envie. Dire que l’on doit renoncer à certaines industries (et donc à leurs emplois, à la croissance qu’elles créent) et que tout ça fera sans doute baisser la compétitivité, et par extension, sans doute, le pouvoir d’achat, ce n’est pas très sexy.

Mais c’est ce que nous devrions faire, très rapidement, pour avoir une chance d’éviter un vrai effondrement écologique. Et si on ne le dit pas, si l’on continue à prétendre qu’il faut d’abord trouver des solutions positives disruptives, attirantes, gagnantes-gagnantes, on ne fait que remettre à demain ce qu’il était déjà très urgent de faire hier. L’enjeu ici est donc avant tout d’arrêter de se mentir. Arrêter de se bercer d’illusions en pensant que l’on pourra courir tous les objectifs à la fois : protéger la planète, réduire nos émissions de CO2, éviter l’effondrement de la biodiversité, et en même temps continuer à améliorer chacun des indicateurs de notre vie, la croissance, le niveau de vie, le confort, la high-tech, la consommation de masse… Arrêter de vendre en permanence l’écologie « chacun à son échelle », l’écologie « désirable », l’écologie où tout va bien.

Et pour arrêter de se mentir, il faut construire un discours plus réaliste.

Trouver un discours écologiste réaliste

Evidemment, trouver ce discours n’a rien d’aisé. On reprochera sans aucun doute aux discours catastrophistes leur incapacité à mobiliser les citoyens. Qui voterait pour quelqu’un qui proposerait un programme aboutissant in fine à une baisse du pouvoir d’achat ? Qui voterait pour quelqu’un qui préconiserait la diminution de notre confort de mobilité ou d’habitat ? Pas grand monde, en théorie.

Pourtant, depuis près de 50 ans, nos sociétés sont régulièrement parvenues à s’imposer des limites et des sacrifices, quand elles arrivaient à se mettre d’accord sur certains objectifs. La lutte contre le tabagisme est un exemple, certes un peu trivial, de ce type de sacrifices : au nom d’une question de santé publique, on a collectivement accepté d’augmenter le prix du tabac, de limiter les libertés des fumeurs, de réguler la vente et la distribution (avec le paquet neutre par exemple). De façon plus significative peut-être, on a collectivement accepté (ou au moins implicitement consenti), au nom de l’idée qu’il fallait « préserver les finances publiques » de réduire les budgets de nombreux services publics : la santé, les transport publics, l’éducation… Sans dire qu’il s’agissait de bonnes décisions, cela prouve que si l’on se met d’accord sur un objectif, ou si un objectif s’impose dans l’agenda politique, les sociétés démocratiques savent prendre certaines décisions « difficiles ».

Mais pour ça, encore faut-il qu’il soit clair cet objectif. Dans le cas du tabac, c’était clair : pour limiter le tabagisme, il faut à la fois accompagner les fumeurs vers une sortie de la dépendance, et rendre l’acte de fumer de plus en plus contraignant et difficile. Dans le cas de l’écologie, malheureusement, tout est flou, car peu osent dire la vérité : qu’on ne fera pas d’écologie sans contrainte sur notre mode de vie. Et c’est logique, vu l’énergie, le temps et l’espace médiatique que les marketeurs (qu’ils soient politiques ou corporate) dépensent à essayer de faire de l’écologie un marché « win-win ».

Il y aurait de nombreuses pistes à explorer pour construire ce nouveau discours réaliste sur l’écologie : commencer par arrêter avec la grande sémantique du greenwashing (des projets « à impact positif », aux « acteurs du changement »), se concentrer sur la bonne définition des problèmes avant de chercher à élaborer des « solutions », admettre la complexité, la réalité et l’ampleur des changements à mener, accepter nos pertes… Et ensuite, réfléchir à la meilleure manière de gérer ces pertes, en construisant éventuellement des propositions politiques nouvelles.

Certains acteurs commencent à entrer dans cette démarche : le Conseil Constitutionnel déclarait dans une décision récente que l’urgence écologique légitimait dans certains cas la limitation de la liberté d’entreprendre. Ce sont ces réflexions qu’il faut pousser, pour déterminer ce que nous devons changer sans que l’écologie devienne liberticide. On entrerait là dans une nouvelle dimension de notre discours écologique : il ne s’agirait plus simplement de chercher à préserver un modèle socio-économique en le saupoudrant vainement d’écologie, mais de fonder un nouveau modèle fondé sur l’écologie. Et il ne serait peut-être pas sexy ou vendeur, il serait peut-être un peu moins confortable, un peu moins opulent, mais au moins, il serait durable.