Alors que le mois d’octobre fait la part belle aux évènements dédiés à la lutte contre le cancer du sein, avec la campagne annuelle « Octobre rose » destinée à récolter des fonds pour financer la recherche, un sondage paru le 25 septembre 2019 fait état des évolutions de la générosité des français. En effet, selon l’Observatoire national et régional des générosités, sondage réalisé par Odoxa pour Leetchi, France Bleue et Le Parisien, les français donnent moins, de façon plus ciblée mais surtout favorisent de nouvelles causes en particulier la défense de l’environnement. Décryptage.

Une tendance générale des dons à la baisse

Le tragique incendie de Notre-Dame a donné lieu à un élan de générosité national en faveur de la reconstruction de ce monument hautement symbolique du patrimoine architectural français, laissant présager une augmentation globale des dons des particuliers sur l’année.

Et pourtant, selon les chiffres du sondage réalisé par Odoxa sur la générosité des français, nous nous sommes montrés moins généreux cette année que l’année passée. En effet, le montant moyen des dons par personne s’élève à 221€ en 2019 contre 246€ en 2018, soit une baisse de 21€ par personne. Cette tendance à la baisse s’inscrit dans une tendance générale de diminution des dons accordés aux associations et fondations, ces dernières notant déjà une baisse de 4% en 2018.

Mais les fondations et les associations ne sont pas les seules touchées par ce phénomène, bien qu’elles soient les premières bénéficiaires de la générosité des français. L’entourage, deuxième grand bénéficiaire des dons, est également touché, tout comme les personnes en difficulté, même si un français sur quatre déclare encore donner régulièrement à des personnes qui lui sont inconnues.

Ce sondage dresse donc un état des lieux peu optimiste. Les dons ont diminué pour l’ensemble des bénéficiaires, associations, entourage et personnes en difficulté, ce qui touche tant les dons d’argent que les dons en nature, qui  sont également en recul. L’étude révèle ainsi qu’en 2018, 84% des français déclaraient avoir fait au moins un don en nature, contre seulement 77% en 2019, avec une baisse record pour les dons de nourriture, qui enregistrent une baisse de 12 points, devant les jouets, les meubles et les vêtements.

La baisse du pouvoir d’achat et le désir de transparence : principaux facteurs explicatifs de la diminution des dons

Cette baisse des dons, globale quelle que soit la région étudiée, s’explique aux dires des sondés par une diminution générale de leur pouvoir d’achat, même si les réformes fiscales sont régulièrement pointées du doigt. 74% des français interrogés qui ont moins donnés affirment avoir moins eu les possibilités de le faire cette année, ce qui est particulièrement invoqué par les ouvriers, les employés et les retraités.

Le deuxième facteur majeur expliquant la diminution des dons invoqué par les sondés est la transparence et l’utilité concrète de l’argent donné. 42% des sondés considèrent qu’il est difficile de savoir comment sont utilisés les fonds versés et 33% souhaiteraient savoir quel sera l’impact concret de leur don.

La question de la transparence des associations et ONG, particulièrement pour les plus grandes d’entre elles dont les frais de fonctionnement peuvent être subséquents, est donc une préoccupation particulièrement prégnante dans la société française, qui traduit le manque de confiance générale des français dans les institutions.

Une évolution des causes soutenues et de la manière de donner

Le sondage sur la générosité des français met aussi en lumière une évolution des causes philanthropiques jugées importantes au sein de la population.

Les premières causes soutenues restent la recherche médicale et la lutte contre les maladies (cause préférée par 41% des personnes interrogées), la lutte contre la pauvreté et la protection de l’enfance. Toutefois, ces trois causes sont moins populaires que l’année dernière et enregistrent des baisses respectives de 2 points pour la recherche médicale, 4 pour la lutte contre la pauvreté et 6 points pour la protection de l’enfance.

A l’inverse, les français sont de plus en plus soucieux de la cause environnementale : la protection des animaux est le quatrième domaine qui touche le plus les français. Pour 30% des sondés, c’est une des causes à défendre les plus importantes, alors qu’elle n’était jugée importante que pour 26% des français en 2018. De même, la protection de l’environnement est jugée particulièrement importante pour 26% des français, soit une hausse de 6 points par rapport à l’année précédente.

Alors que l’intérêt pour la plupart des causes traditionnellement défendues est en baisse, l’intérêt pour les associations de défense de l’environnement et des animaux est véritablement à la hausse, preuve que la crise environnementale et les canicules qui ont frappés le territoire cet été ont véritablement marqué les esprits.

Mais ce sondage témoigne aussi d’une évolution des comportements des français par rapport aux dons. Ils privilégient les dons plus directs et plus ciblés notamment auprès des associations locales, les actions ciblées et les personnes en difficulté dans leur entourage plutôt que les grandes associations, ce qui fait écho au désir de transparence exprimé. Au final, sur l’ensemble des 3000 personnes interrogées, 87% ont changé au moins un de leur comportement de donateur.

Ce sondage réaffirme donc certaines tendances sociales de fond qui agitent la société française, comme le manque de confiance à l’égard des grandes organisations, le sentiment de baisse du pouvoir d’achat et une volonté de transparence manifeste des institutions. Si l’éclairage sur la générosité des français est dans l’ensemble peu optimiste, en particulier dans les secteurs traditionnellement soutenus, on peut au moins se réjouir de voir que l’environnement et la protection de la faune sont des causes qui s’imposent et ne sont plus considérés comme des intérêts de seconde zone.

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