La Nouvelle-Zélande est en train de créer le premier statut officiel de réfugié climatique pour faire face à la crise migratoire en Océanie. Un exemple à suivre pour bien des pays…

S’il y a bien une région du monde qui subit déjà les effets du réchauffement climatique, c’est l’Océanie. La plupart des pays insulaires actuellement touchés par la montée des eaux se situent en Océanie. Les écosystèmes les plus fragilisés comme les barrières de corail sont aussi dans cette région si particulière du globe.

Ce n’est donc peut-être pas un hasard si les pays les plus avancés sur les questions de lutte contre le réchauffement climatique, d’adaptation au réchauffement climatique sont des pays de cette région. C’est encore une fois ce que prouve la Nouvelle-Zélande, en réfléchissant à la création du premier programme officiel de visa reconnaissant le statut de réfugié climatique : une première historique.

Les réfugiés climatiques : vers une catastrophe humanitaire en Océanie et en Nouvelle Zélande

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Face à la montée des eaux et aux conséquences de plus en plus graves du changement climatique, ce sont en effet des centaines de milliers de personnes qui pourraient être forcées à émigrer dans les prochaines décennies dans cette zone. Des îles comme Kiribati, Tuvalu, mais aussi certaines zones des Îles Fidji et plusieurs dizaines d’autres îles habitées du Pacifique sont menacées par l’érosion du littoral, la montée des eaux, et la disparition des terres émergées.

Dans ce contexte, la Nouvelle-Zélande se prépare à accueillir les réfugiés venant de toutes les îles de la région dans les prochaines années. La nouvelle coalition Verts-Travaillistes, qui a mené au pouvoir la Première Ministre Jacinda Ardern veut se positionner comme un leader dans la gestion des problématiques environnementales de la région. La dirigeante du pays a ainsi déclaré « Nous sommes ancrés dans le Pacifique, il est de notre devoir, à la fois sur le plan personnel et sur le plan national, de faire notre part ».

C’est dans cette optique que le pays a décidé de réfléchir, sous l’égide de son Ministère de l’Environnement James Shaw, le premier programme de visa officiels reconnaissant le statut de réfugié climatique, afin de pouvoir accueillir dans un cadre légal les réfugiés qui afflueront certainement vers les côtes néo-zélandaises dans les années à venir.

La question des réfugiés au coeur des problématiques humanitaires dans les années à venir

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Ce faisant, la Nouvelle-Zélande ouvre une autre voie sur la question des réfugiés. Alors que partout dans le monde, y compris en Europe, la question de l’immigration est surtout traitée sous l’angle de la fermeture, le gouvernement néo-zélandais montre qu’il ouvre ses portes et anticipe pour trouver un moyen de gérer une crise humanitaire qui s’annonce.

La crise des réfugiés (qu’ils soient économiques, politiques ou climatiques) sera en effet au coeur des grandes questions politiques, sociales et morales dans les prochaines années. Le Global Risk Report du World Economic Forum a en effet identifié la crise migratoire comme l’un des principaux facteurs de risque pour la stabilité mondiale cette année et dans les années à venir ce phénomène devrait encore s’amplifier compte tenu de l’ensemble des problèmes environnementaux qui menacent certaines régions du monde. Il est donc intéressant de voir un pays se poser de vraies questions sur ce sujet.

Le statut du réfugié climatique : impasse du droit international actuel ?

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Cette question est d’autant plus difficile que le statut de réfugié climatique constitue aujourd’hui une zone très floue du droit international humanitaire. Si le statut de réfugié est bien reconnu par le droit international (notamment via la Convention de Genève de 1951), ces conventions ne reconnaissent pas le statut de « réfugié climatique », puisqu’elles n’entérinent réellement le statut de réfugié qu’en cas de « persécution » avérée (c’est en tout cas ce que dispose l’article 14 de la Convention de 1951).

Il est donc aujourd’hui de la seule responsabilité législative des Etats de définir comment ils encadrent cette notion de réfugié et ce qu’ils y intègrent. La Nouvelle-Zélande, en créant ce programme officiel, ouvrirait la voie à une nouvelle acception du statut de réfugié.

Il reste à espérer que d’autres Etats suivent cette logique : en effet, selon les estimations de l’ONU, 650 millions de personnes (soit près de 10% de la population) risquent de devoir émigrer à cause de problématiques énergétiques, auxquelles il faut ajouter 250 millions de personnes forcées de quitter leur territoire à cause des conséquences induites par le réchauffement climatique. Il est donc urgent de commencer à construire des mécanismes officiels et légaux pour anticiper et gérer ce phénomène, que nous ne pourrons pas, éternellement, confiner hors de nos frontières.

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