De plus en plus, l’évolution des réglementations et des modes de consommation pousse l’industrie de la mode à se transformer. Quels sont les défis pour une mode plus durable ? Que peuvent faire les marques ? Décryptage avec Julie Coulot, fondatrice de « Commitment” qui accompagne les acteurs de la mode dans leurs stratégies d’économie circulaire, de valorisation et de transformation.

Rendre la mode plus durable n’est pas simple. Comment appliquer la loi anti-gaspillage à l’industrie de la mode et du textile ? Comment gérer des stocks d’invendus, de produits défectueux ou de prototypes ? Comment s’approprier et rendre désirable la thématique du recyclage quand on est un acteur de la mode ? Comment aller vers une mode plus locale ? Des matières plus éco-responsables ? Voilà les nombreuses questions qui se posent.

Et il n’est pas toujours simple de savoir par quel bout prendre cette transition, comment agir et se structurer. Alors, pour y voir plus clair, dans le cadre du podcast Trajectoire, Caroline Renoux est partie à la rencontre de Julie Coulot, membre de la communauté People4Impact et co-fondatrice de l’entreprise “Commitment” qui accompagne les acteurs de la mode dans des stratégies d’économie circulaire, de valorisation et de transformation.

Retrouvez ce nouvel épisode du podcast Trajectoire, lancé par Youmatter, Birdeo et People4Impact ici.

Transformer la fast fashion

Depuis plusieurs années maintenant, la pression sur l’industrie de la mode s’accroît. Les modes de consommation commencent doucement à changer. L’émergence d’une prise de conscience sur les impacts écologiques et sociaux de la mode font émerger de nouvelles façons d’acheter ses vêtements. Les consommateurs ne veulent plus de ces jeans qui parcourent plus de 60 000 km avant d’être vendus. Ils ne veulent plus de ces évènements liés à la fast fashion, qui émettent jusqu’à 250 000 tonnes de CO2, pour quelques défilés.

Face à ces constats, la seconde main est en plein boom. Parallèlement, les réglementations évoluent : la loi AGEC notamment, pousse les marques à se tourner vers de nouveaux modes de production, et notamment vers l’économie circulaire.

Face à ces transformations, l’industrie semble un peu à la croisée des chemins. Bousculées par des tendances qui remettent en question leurs modèles, les marques doivent se réinventer, et surmonter de nouveaux défis. Quels textiles techniques utiliser dans un monde qui ne veut plus des dérivés du pétrole ? Comment repenser l’expérience du luxe à l’heure de la sobriété ? Transports, matières, recyclage sont sur la table.

Économie circulaire et recyclage dans la mode durable

Notamment, l’économie circulaire et en particulier la gestion des stocks deviennent des enjeux pour les marques de mode. Gérer les stocks, surtout pour les marques de luxe qui jouent souvent sur la rareté, devient une question fondamentale, notamment depuis que la loi AGEC interdit leur destruction.

Mais cela implique de transformer entièrement des filières, de trouver des débouchés, d’inventer de nouveaux matériaux upcyclés, recyclés. Les cahiers des charges doivent alors aussi évoluer, pour s’adapter à ces nouveaux modèles de production. Pour les marques, cela implique d’ouvrir le dialogue avec de nouveaux partenaires, parfois dans de nouvelles industries.

Il faut alors ouvrir des logistiques nouvelles et souvent, se faire accompagner par des experts.

Se réinventer pour une mode plus écologique

En bref, la mode est désormais face à la nécessité de se réinventer radicalement. La conception même des produits est en passe d’évoluer face à cette nécessité de l’économie circulaire. Il faut désormais penser « éco-conception », mais là encore, c’est un défi immense pour les marques. Par exemple, un produit comme une paire de sneakers peut compter plusieurs dizaines de composantes différentes : semelle, tiges, empiècements, rivets… Les matières se mélangent, les assemblages diffèrent, et cela rend bien entendu toujours plus difficile le désassemblage des produits en vue de leur recyclage.

La filière dans son ensemble doit donc se réorganiser, et pour les marques cela demande une vraie démarche personnalisée pour analyser leurs risques, leurs enjeux et leurs opportunités. Dans cette démarche complexe, de nombreux acteurs sont en train d’émerger. Aujourd’hui plus que jamais, le défi de ces acteurs est de taille : réinventer une industrie qui émet aujourd’hui autant de CO2 que l’aviation mondiale.