Qui sont ces consommateurs responsables qui font tout pour améliorer l’impact de leur vie ? Ces personnes qui refusent la consommation de masse et promeuvent une nouvelle façon de voir la consommation (et la vie) ? Plongée parmi ces consommateurs un peu particuliers…

De plus en plus, on observe chez les consommateurs la volonté de changer un peu leurs modes de vie. Croissance des ventes de produits bio, renaissance des produits du terroir, essor de la consommation responsable, circuits courts ou encore do it yourself… les signes montrent qu’un changement est en train de s’opérer dans la façon dont les citoyens consomment.

Mais certains consommateurs sont déjà plus avancés que d’autres dans cette démarche. Ils se nomment les minimalistes, les consomm’Acteurs, les consommateurs responsables, écolo, bio ou zéro déchets. Ils ont choisi de refuser les modes de consommation classiques, la consommation de masse, les grandes surfaces, les produits industriels et / ou chimiques. Ils ont choisi de privilégier des produits différents, souvent bio, souvent plus tournés vers « la nature ». Mais à leur sujet, beaucoup d’idées reçues circulent : ils seraient des marginaux, vivant en dehors de leur époque, en dehors de la société, dans l’inconfort. Ils vivraient une réalité tantôt de bobo, tantôt d’exclus. Vraiment ? Pas si sûr ! En tout cas, ils sont de plus en plus nombreux et montrent par leur vie quotidienne qu’une autre consommation plus responsable est possible.

Pour mieux comprendre ce mouvement, nous avons interrogé certains de ces individus et consommateurs engagés pour mieux comprendre leur vie et leur engagement. Ils n’ont pas tous le même parcours, ils ne sont pas tous aussi loin dans leur démarche, mais ils ont un point commun : ils ont voulu changer de vie en changeant de consommation. Qui sont-ils ? Découvrez-le !

Les consommateurs alternatifs : des gens comme les autres… et une prise de conscience

Sur les réseaux sociaux, ils sont des dizaines de milliers à échanger des astuces, des bonnes pratiques, des conseils pour vivre une vie plus sobre, plus écolo, plus heureuse. Beaucoup voudraient participer à changer la société, la rendre plus respectueuse de son environnement, moins stressante, plus apaisée, plus tournée vers l’humain. Mais ce ne sont pas tous des activistes, ils ne sont pas des marginaux ou des illuminés. Ils sont des gens comme les autres. Il y a Sylvie, 55 ans, restauratrice, Sonia, 37 ans, éducatrice pour enfant, Christophe, 42 ans, ingénieur… Il y a aussi des étudiants, des mères ou des pères au foyer, des employés… La seule différence avec Mr Tout Le Monde, c’est qu’ils ont eu une prise de conscience, à un moment donné de leur vie : l’idée que leur consommation devait changer, pour leur bien mais aussi celui de la planète et de la société.

Parfois, cette prise de conscience fut un pur hasard. Amandine par exemple, pratique le « Zéro Déchet ». Le principe de cette tendance est de réduire au maximum ses déchets, que ce soient les emballages, les déchets alimentaires et tous les gaspillages. Elle était une consommatrice « classique » jusqu’au jour où elle est tombée sur ce mouvement un peu par hasard : « Une collègue m’a prêté le livre de Bea Johnson (une française exilée aux Etats-Unis et qui a popularisé le Zéro Déchet, NDLR). Ça a pris tout son sens et j’ai commencé à faire le vide dans ma maison, puis à réduire mes déchets. » explique-t-elle.

Pour d’autres, c’est une rencontre qui a changé les choses. Françoise, 43 ans, vivant à Toulouse, explique que c’est un déménagement qui a lui a fait changer de regard sur le monde : « Tout a démarré il y a 10 ans avec une rencontre décisive : nous achetons un nouvel appartement et faisons la connaissance de notre voisin du rez-de-chaussée qui a un mode de vie minimaliste et met à disposition deux composteurs dans son jardin. Nous avons alors commencé à faire attention à nos déchets. » Et puis les choses s’enchaînent : Françoise « décide d’abandonner l’usage de la voiture et de prendre le vélo pour aller travailler (trop de bouchons, de pollution). Dans ces conditions les courses en supermarché pour une famille ne sont plus possible. » Aujourd’hui elle est encore plus avancée dans sa démarche : « Nous produisons nos propres fruits et légumes (dans un jardin partagé) que nous cuisinons nous mêmes (confitures, conserves…). Un véritablement engagement tourné vers un mode de consommation respectueux de notre santé et de notre nature. » 

D’autres évoquent des changements de vie : une rupture, et la nécessité de retourner vers des logements plus petits, la nécessité de faire de la place, de faire attention à ses dépenses… Beaucoup parlent d’une prise de conscience face aux informations qui circulent ces dernières années sur la crise écologique. Tiphaine explique ainsi « J’ai eu une soudaine prise de conscience de la dangerosité des produits que l’on utilise au quotidien », alors que Justine, 29 ans, dit elle avoir voulu « vivre plus en adéquation avec cette planète qui nous donne tant et que nous maltraitons. » Parmi ces consommateurs, beaucoup sont également devenus végétariens ou végan, notamment après avoir vu des films comme Cowspiracy ou après avoir pris conscience de la difficile réalité des abattages industriels.

Au final, sur la quarantaine de personnes interrogées, près de 40% disent avoir changé de vie pour promouvoir une société différente, plus juste et plus éthique. 36% l’ont fait pour protéger leur santé et 25% pour des considérations écologiques. Certains ont commencé il y a à peine quelques mois, d’autres il y a plus de 10 ans.

À quoi ressemble la vie d’un consommateur responsable aujourd’hui ?

produits terroir local ecologieDans tous les cas, ces consommateurs d’un nouveau genre ont adopté de nouveaux modes de vie suite à cette prise de conscience. Parmi les interrogés, 80% consomment essentiellement bio, 78% disent préférer au maximum le « Fait-maison », 64% évitent au maximum les supermarchés et grandes surfaces. Plus de 50% se qualifient de minimalistes (ils ne consomment que ce dont ils ont vraiment besoin) et 45% locavores ! Bien loin de la vie « normale » d’un consommateur accroc à la consommation de masse.

Mais concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ? À quoi ressemble la vie de ces consommateurs pas comme les autres ? Il s’agit de petits gestes quotidiens qui font la différence. D’abord, ils respectent tous scrupuleusement les règles du tri et du recyclage. Mais ils vont plus loin, ils font de la récup dès qu’ils le peuvent. Beaucoup disent avoir un composteur pour les déchets de cuisine par exemple. D’autres se fabriquent des meubles ou des objets avec des matériaux de récupération. Beaucoup sont aussi investis dans une démarche de réduction de leurs déchets, cela signifie qu’ils achètent souvent dans des magasins de vrac ou sans emballage, comme Françoise, 43 ans, qui explique : « Je vais faire mes courses avec mes propres contenants (sacs en coton pour les légumes, boîtes en verre pour le vrac). » Ces consommateurs évitent aussi les grandes surfaces et préfèrent les AMAP, les magasins bio, les épiceries solidaires et / ou proposant du commerce équitable.

Concernant l’alimentation, la majorité disent aujourd’hui « consommer des fruits et légumes bio de l’AMAP du coin » ou « du bio et de saison uniquement, avec le moins d’emballage possible.« . Ils évitent les plats préparés ou les produits issus de l’industrie agro-alimentaire, qui sont jugés moins bons, moins sains et plus polluants. Aurlam résume en une phrase « Il faut apprendre à cuisiner mais après c’est trop cool. »

Au niveau des autres achats, beaucoup ont renoncé à certains types de consommation. Nolwen, 19 ans, explique ainsi qu’elle « n’achète plus de vêtements neufs dans les grandes chaînes« . Plusieurs ont renoncé à l’achats de produits sanitaires industriels et préfèrent fabriquer leurs produits d’entretien grâce à des produits naturels (vinaigre blanc, savon de Marseille et autres). Même chose pour les produits cosmétiques et d’hygiène, que beaucoup fabriquent désormais eux-mêmes à base de produits naturels.

Ils sont aussi nombreux à avoir décidé de renoncer à la voiture au profit du vélo ou des transports en commun. Nathan, 35 ans et cadre en région lyonnaise, explique ainsi « J’ai renoncé à la voiture pour me déplacer de façon écologique. Au début je pensais que ça allait être difficile, mais au final avec les transports en commun et le vélo, je peux tout faire (alors que j’habite loin de mon travail). Mais je gagne un fric fou à ne plus entretenir une voiture, et j’économise le stress des embouteillages. Ca compense pour les fois où je prends un peu la pluie. »

Être un consommateur responsable : des changements trop difficiles à mettre en place ?

chiffres-consommation-responsable-2016Bien sûr, ces changements ne semblent pas avoir été faciles tous les jours pour ces consommateurs engagés. Le prix est parfois un obstacle : « Manger bio coûte plus cher« , « il faut trouver des producteurs responsables et locaux qui ne soient pas trop chers » nous disent certains. Mais cette différence de prix est un vrai engagement, comme l’explique Camille, 24 ans, habitant dans le Tarn « J’ai fait un choix, je prends cher mais au moins je sais ce que je mange ou mets sur ma peau. » Et surtout, au final, il semble que changer de mode de consommation permette de faire des économies substantielles. Lorsque l’on demande à Françoise quels sont les bénéfices de sa démarche, elle déclare « incontestablement un gros gain économique sur mes dépenses de consommation courante, alimentaires et non alimentaires.« , elle qui mange désormais moins de viande et ne jette plus rien. La majorité des interrogés déclarent avoir fait au final des économies financières en changeant de mode de vie.

Le temps peut aussi être un obstacle. La limite à un changement radical de mode de vie, pour Françoise « c’est le temps au démarrage. Il faut apprendre à faire les choses soi-même (faire son pain, ses produits d’hygiènes…) cela demande le temps de se renseigner, d’essayer, de rater, de recommencer ! » Laure, 24 ans confirme « Ca nous prend du temps de faire maison mais c’est plutôt ludique, on apprend plein de choses. » Nathan, cadre conclue « C’est vrai que c’est investissement en temps de changer de modes de transport, de se remettre à cuisiner, à faire soi même. Mais au final, le temps que l’on perd en faisant tout ça, c’est du temps qu’on ne passe plus à glander devant la télé ou parce qu’on est coincés dans la queue des supermarchés et dans les bouchons. […] Je crois que maintenant, je partage plus avec ma fille et avec ma femme car nous faisons toutes ces activités ensemble, et c’est ludique. J’ai aussi redécouvert la vie de quartier en retournant dans les petits commerces et je préfère ce temps-là à celui que je me perdais dans les rayons des hyper. »

Au final, ce qui ressort le plus chez chacun de ces consommateurs parmi les difficultés rencontrées, ce sont les autres et leur regard. Il y a Sonia, qui a du mal à impliquer son mari dans la démarche, Tiphaine ou Delphine qui déplorent « le regard des autres« , ou Noémie qui explique que « l’attitude de l’entourage peut aussi être difficile et décourageante« . Mélina, éducatrice spécialisée en Suisse, explique : « Il est parfois difficile de faire comprendre ma démarche à mon entourage qui m’offre toutes sortes de crèmes, produits de douche ou encore pots de Nutella pour mon anniversaire ou Noël…« . Parmi les autres difficultés, beaucoup citent aussi l’incompréhension des producteurs ou des commerces, qui refusent parfois que l’on utilise ses propres contenants pour acheter du vrac. Ou encore la difficulté à trouver des commerces de proximité qui remplissent les critères d’une consommation responsable.

Consommer autrement : un changement de vie qui vaut le coup

jus legumes sante travailEn tout cas, aucun de ces consommateurs ne semble regretter ce changement de vie. Au contraire, ils semblent en tirer beaucoup de bénéfices. Beaucoup se sentent en meilleure santé, notamment grâce à des changements dans leur alimentation ou leurs produits cosmétiques, d’hygiène et d’entretien. « J’ai une bien meilleure santé autant niveau peau ou que l’état général« , explique Laura, comme Marie, 23 ans qui étudie en Allemagne et qui déclare : « mes cheveux ne tombent plus et poussent mieux, ma peau est en meilleure santé« . Damien, 33 ans et vivant à la Réunion, explique que grâce à son nouveau mode de vie il a « perdu du poids en arrêtant les aliments transformés et industriels. »

En dehors de ça, ce sont des bénéfices éthique que ces personnes tirent de leur nouveau mode de vie. « Je sais que je suis inscrite dans un mouvement plutôt écologiste, et je me sens bien avec ça » déclare Nolwen. Delphine dit s’enrichir de sa démarche, en tirer la « satisfaction de voir et d’utiliser le fruit de son travail. » Elle précise « en se renseignant sur le zéro déchet, l’écologie, le végétarisme, on s’est rendu compte que nous n’étions pas seuls à ne pas se sentir en accord avec ce que cette société nous impose et ça affine la conception que nous avons de notre futur ».

Quand on demande à Justine ce qu’elle retire de sa démarche, elle explique : « Le bien être, me sentir en cohérence avec mes aspirations, dépenser moins d’argent (quand on fabrique, c’est sûr que c’est moins cher !), meilleure santé, et … bien être, bonheur, joie 🙂 ! ». Fèriel explique en retirer « du sens et du bon sens, de la simplicité, c’est très agréable ». Nathan va encore plus loin : « Avant, j’étais un mec comme n’importe qui, plutôt accroc aux supérettes, à ma berline et à ma vie classique de consommateur. Au départ, je pensais que c’était insurmontable de changer de mode de vie, que j’allais perdre en confort, que ça serait pas « pratique », que ça allait être tout le temps galère. Au final j’ai redécouvert plein de choses : faire la cuisine, faire des économies pour les choses importantes comme les loisirs en famille, je fais du sport puisque je vais au taf à vélo, je rencontre des gens… Je peux pas donner une seule réponse car j’en retire beaucoup sur tous les plans. Et j’ai l’impression que ma vie est un peu plus en adéquation avec mes convictions politiques et éthiques, que je défendais sans trop y croire avant de me mettre à agir. »

Bien sûr, il est difficile de généraliser. Chacun de ces consommateurs a une démarche différente. Ils sont chacun à un niveau ou à une étape différente de leur cheminement et n’ont pas les mêmes aspirations, les mêmes difficultés et les mêmes contraintes. Mais globalement, il semble que ces consommateurs qui ont décidé de refuser la consommation de masse ne s’en sortent pas plus mal que les autres, au contraire. Alors pour ceux qui se sont un jour demandé ce qu’ils pourraient faire pour changer un peu de vie, partez rencontrer ces personnes là où nous-même les avons rencontrées, sur Facebook. Rendez-vous sur les groupes Facebook : « Pour une vie plus simple:Expériences Bio/Minimaliste/ZéroDéchet/Recyclage » et « Les écolos bio zéro déchet » pour découvrir la vie de ces consomm’Acteurs !