Et si le réchauffement climatique rendait certaines espèces d’animaux plus sensibles à la stérilité et menaçait leurs capacités de reproduction ? C’est en tout cas ce que pensent les chercheurs à l’origine d’une étude publiée dans la revue « Trends in Ecology and Evolution ».

Au fur et à mesure que la compréhension du réchauffement climatique s’approfondit, on prend conscience des multiples conséquences de la transformation du climat. Plusieurs études avaient déjà démontré que la modification des températures et les évolutions climatiques avaient un profond impact sur la biodiversité et l’équilibre des écosystèmes, mais une nouvelle découverte vient confirmer ces craintes.

Une équipe de chercheurs de l’Université de Liverpool vient en effet de publier une étude qui démontre que le réchauffement climatique pouvait affecter la fertilité de certaines espèces vivantes, et augmentait significativement les risques de stérilité pour certaines d’entre elles. Décryptage.

Comment le réchauffement climatique affecte la fertilité des espèces

Grâce à l’écologie scientifique, on savait déjà que la plupart des espèces vivantes ont une « limite thermale critique » (LTC). En gros, il s’agit de la température à partir de laquelle les individus d’une espèce ne parviennent plus à survivre correctement, une température à partir de laquelle la mort est plus ou moins rapidement assurée. Les modèles de prédiction sur l’impact du réchauffement climatique sur la biodiversité ont longtemps pris cette LTC pour tenter d’anticiper la façon dont l’augmentation des températures pourrait affecter l’existence de telle ou telle espèce sur un territoire donné.

Mais les chercheurs de l’Université de Liverpool à l’origine de l’étude ont voulu pousser l’étude de ce concept un peu plus loin, en essayant d’évaluer à partir de quelle température certains animaux voyaient leur fertilité décliner. Résultat : l’étude a pu démontrer que pour certains groupes d’êtres vivants, notamment les espèces aquatiques ou les animaux à sang froid, la capacité à se reproduire commence à diminuer bien avant la limite thermale critique. Les chercheurs ont donc proposé d’étudier plutôt la limite thermale de fertilité (LTF), qui correspond à la température à partir de laquelle la fertilité d’une espèce commence à être mise en cause.

On sait que chez la plupart des espèces, la température a un impact direct sur capacité des gonades à produire des gamètes, mais aussi un impact plus indirect sur la fertilité via la libido ou les cycles hormonaux. De ce fait, quand les températures changent, rendant le milieu moins optimal pour les espèces qui l’habitent, la fertilité diminue. Si on dépasse la LTF d’une espèce sur un territoire donné, il est fort probable que l’espèce ne s’y reproduise plus et finisse tout simplement par disparaître du territoire.

Réchauffement climatique : un impact sous-estimé sur la biodiversité

Cette découverte signifie que les modèles utilisés pour prévoir l’impact du réchauffement climatique sur la biodiversité sont très certainement en dessous de la réalité. Selon Tom Price, à l’origine de l’étude, « Il y a un risque que nous ayons jusqu’ici sous-estimé l’impact du réchauffement climatique sur la survie des espèces, car nous nous concentrions sur la limite à partir de laquelle la température devient mortelle pour les organismes, au lieu de considérer la température à partir de laquelle les organismes ne se reproduisent plus ».

Pour bien évaluer et anticiper cet impact, il est donc nécessaire aujourd’hui de mieux connaître cette limite thermale de fertilité, de comprendre comment la hausse des températures va affecter les espèces vivantes et leur fertilité.

Concernant l’Homme, certains chercheurs assurent déjà qu’une exposition trop importante des testicules humains à des températures élevées réduit la quantité de sperme et donc la fertilité. Reste à savoir comment de possibles vagues de chaleur pourraient affecter la fertilité humaine dans certaines régions du monde au fur et à mesure que le réchauffement climatique continue à augmenter…