En partenariat avec l'ADEME

Qu’est-ce que le tourisme durable ? Peut-on vraiment imaginer un tourisme plus responsable ? Et si oui, comment pratiquer ce tourisme durable ? Tentons de répondre à ces questions, dans ce 5ème article de notre dossier spécial “Sobriété” en partenariat avec l’ADEME (Agence de la Transition écologique).

En 2019, le tourisme représentait environ 11% du PIB mondial et employait plus de 300 millions de personnes. C’est donc un secteur économique considérable. Mais en même temps, le tourisme génère des impacts environnementaux et sociaux significatifs. Transport, activités sur place, hébergements, consommations et achats sont autant d’occasions de générer des pollutions, parfois invisibles mais bien réelles. Le tourisme pose aussi des questions sociales, qui vont de la problématique du partage de la valeur créée par le secteur au respect des communautés locales.

Ces dernières décennies, le tourisme a donc été l’objet de critiques de plus en plus vives, notamment en lien avec les enjeux environnementaux et sociaux. Il semble clair désormais que le tourisme va être amené à se transformer pour répondre à des exigences de durabilité de plus en plus fortes. Mais d’abord, est-ce seulement possible ? Le tourisme peut-il être durable ? Quelles sont les pistes pour envisager vraiment un tourisme plus écologique ? Et comment les consommateurs peuvent-ils, dès aujourd’hui, adopter une démarche plus écologique dans leur façon de faire du tourisme ? Ces questions sont complexes, alors, tentons d’y voir plus clair.

Les impacts sociaux et environnementaux du tourisme

Il faut avant tout bien comprendre que le tourisme génère de nombreux impacts environnementaux. Par exemple, le tourisme contribue au réchauffement climatique. Selon les estimations, le tourisme serait responsable d’environ 8% des émissions de gaz à effet de serre sur la planète, notamment à cause du transport, en particulier par avion. En France, le secteur émet 11% des gaz à effet de serre.

8%, 11%, cela peut paraître peu, mais c’est en réalité considérable si on replace ces chiffres dans leur contexte, qui est celui d’une pratique encore réservée à une partie restreinte de la population. En effet, la grande majorité des habitants de la planète ne voyagent pas, ou en tout cas très peu. C’est notamment le cas des populations précaires ou isolées. Le tourisme international en particulier concerne à peine 1.5 milliard de voyages par an (avant la Covid-19), soit moins de 20% de la population mondiale. Pour un individu, le tourisme est aussi un loisir limité dans le temps : on ne voyage que quelques jours dans l’année.

L’industrie du tourisme émet donc 8% des gaz à effet de serre mondiaux, alors qu’elle ne concerne qu’une petite partie de la population, généralement les citoyens les plus aisés, et ce, sur une petite partie du temps seulement. Relativement, c’est donc beaucoup.

Mais le tourisme n’émet pas seulement du CO2, il est également lié à une série de problèmes écologiques et sociaux. Par exemple, c’est souvent le tourisme qui pousse à l’artificialisation de nombreuses zones naturelles. Pour accueillir un flot toujours plus grand de touristes, il faut construire hébergements, infrastructures, routes… Autant de constructions humaines qui dégradent les écosystèmes, les sols et la biodiversité. Symptomatiques de cette tendance : des zones côtières très largement bétonnées, qu’on observe partout, du Sud de la France à la Thaïlande en passant par l’Afrique.

Le tourisme de masse est également parfois associé à des comportements de consommation très polluants. Usage de véhicules polluants, achats, déchets jetés en pleine nature, dégradation des zones sauvages…. 

Sur le plan social, le tourisme pose également de nombreux défis : dans les centre-villes touristiques, la demande d’hébergement touristiques crée une pression sur les prix immobiliers et produit des phénomènes de gentrification. Dans certaines villes, les locations touristiques dépasseront peut-être bientôt les logements d’habitation. Si certaines communautés vivent grâce au tourisme, les retombées financières du tourisme ne bénéficient pas toujours de façon équitable aux populations locales et le tourisme de masse accentue parfois les inégalités

Malgré tout, actuellement, le tourisme est en croissance rapide. 6 à 8% par an (hors crise sanitaire), poussé notamment par l’accès d’un nombre croissant de citoyens à un niveau de vie permettant de pratiquer le tourisme. Cela signifie que cette industrie qui pollue déjà beaucoup, sera vraisemblablement de plus en plus polluante à mesure que de plus en plus d’individus pourront et souhaiteront voyager.

Or, face au défi écologique, force est de constater que l’équation semble difficile à résoudre. Si plusieurs milliards d’individus veulent pouvoir voyager comme le fait un européen moyen aujourd’hui, on ne risque pas de parvenir à diviser par 5 les émissions de CO2 globales ou de préserver ce qu’il reste de biodiversité intacte sur la planète.

Le tourisme peut-il être durable ?

Alors, peut-on sauver le soldat tourisme ? Certains défendent des solutions potentielles : l’avion « propre », à hydrogène pourquoi pas ? Ou les trains ultra rapides et longue distance, ou encore les biocarburants ? Les énergies renouvelables pour les hébergements ? Ou encore les bioplastiques pour régler le problème des déchets liés à l’activité touristique ? Pourtant, les choses ne sont pas si simples. L’hydrogène n’est pas si écologique que ça, par exemple. Même si l’on parvenait à développer des avions à hydrogène performants (ce qui est loin d’être techniquement abouti aujourd’hui), il y aurait toujours des conséquences environnementales fortes. Les énergies renouvelables aussi ont des impacts environnementaux : elles sont certes nettement moins polluantes que le charbon ou les autres énergies fossiles si l’on parle de gaz à effet de serre ou de particules fines, mais pourraient générer des problèmes liés à la dépendance au matériaux par exemple. Quant aux bioplastiques, ils sont loin d’être une solution écologique miracle.

Si le tourisme conserve sa dynamique actuelle, celle d’un tourisme de masse, empiétant massivement sur la nature, il restera extrêmement polluant même en mettant en œuvre tous les efforts possibles de transition vers des énergies ou des matériaux plus durables. À titre d’exemple, même si l’aviation parvenait à diviser par trois les émissions de CO2 de ses vols, un Paris-Bangkok aller-retour émettrait encore autour d’une tonne de CO2. Soit plus de la moitié du « budget » carbone annuel individuel qu’il faudrait respecter pour préserver les équilibres climatiques de la planète.

En résumé : on ne pourra pas faire voyager des milliards d’individus régulièrement à l’autre bout du monde pour leur faire découvrir toujours plus d’activités sans dépasser les limites planétaires. Et ce, même avec des technologies plus durables, si elles existent un jour.

Écologie : faut-il renoncer au tourisme ?

On peut alors légitimement se poser la question : faut-il tout simplement renoncer au tourisme ? Après tout, dans un contexte où nous sommes contraints par les limites planétaires, il faut bien faire des choix : à quoi décidons-nous de consacrer notre énergie, nos ressources, notre espace ? S’il faut limiter nos émissions de CO2, il faudra éviter certaines activités polluantes, il faut alors s’interroger : qu’est-ce qui est utile, indispensable, permet de répondre à nos justes besoins ? Et qu’est-ce qui au contraire est considéré trop polluant par rapport à son utilité ?

À ce titre, le tourisme constitue une problématique assez complexe. En effet, à première vue, partir à Bali ou ailleurs, une ou plusieurs fois par an ne semble pas vraiment indispensable. D’ailleurs, une grande majorité de l’Humanité a vécu et vit toujours aujourd’hui sans ce privilège, qui concerne aujourd’hui encore majoritairement les populations plutôt aisées.

Toutefois, le tourisme répond aussi à un besoin naturel d’évasion du quotidien, de découverte, de rencontre de l’autre. Sans être un besoin physiologique impérieux, le voyage et ce qui lui est lié participe au bien-être global, à l’épanouissement, et aussi aux échanges culturels qui sont un aspect important à la fois de notre société et de notre économie. De plus, il serait difficile de défendre, sur le plan symbolique, que dans une économie entièrement mondialisée, seuls les humains ne puissent plus régulièrement traverser les frontières. Et à moins de mettre en œuvre des mesures extrêmement liberticides, il semble difficile de prétendre vouloir tout simplement interdire le tourisme.

Puisqu’on ne peut vraisemblablement pas se contenter de penser un futur « sans tourisme », reste à voir comment faire pour qu’une forme de tourisme compatible avec les limites écologiques puisse exister. Et si la seule manière de rendre le secteur du tourisme durable était d’adopter à son égard une démarche de sobriété ? Mais un tourisme sobre, qu’est-ce que ça veut dire au juste ?

Qu’est-ce qu’un tourisme durable : vers la sobriété du voyage

Adopter une démarche de sobriété, dans le tourisme ou ailleurs, implique d’abord de se poser la question du besoin et de l’utilité. De quoi avons-nous vraiment besoin, et comment y répondre d’une manière durable ? De quel type de tourisme avons-nous vraiment besoin ? Pourquoi certains ressentent-ils le besoin de partir s’évader très loin durant leurs vacances ? Pourquoi a-t-on tendance à se tourner vers des activités plus polluantes pendant nos séjours touristiques ? Et surtout, ne pourrait-on pas répondre à ces besoins autrement, en inventant un tourisme moins polluant, compatible avec les limites physiques de notre planète ?

La réponse à ces questions n’est pas évidente : il n’existe pas une définition simple, unanime, ou « biologique » de nos besoins d’évasion, de loisir ou de découverte. Aucune règle simple ne permet de dire à quel point nous avons besoin de voyager, et comment. Toutefois, la recherche en sciences sociales démontre régulièrement que nos consommations touristiques sont le fruit de dynamiques sociales peut-être plus encore que de cheminements individuels. Très souvent, nos choix en matière de tourisme sont autant le résultat comportements mimétiques que de processus de distinction ou d’affichage social. Parfois, nous choisissons nos destinations car nous les voyons sur les réseaux sociaux, car elles font le buzz. Nos envies de voyage miment souvent celles de nos contacts sur Instagram ou sur Facebook. Nous allons bien souvent tous dans les mêmes lieux, parce que nous achetons les mêmes guides touristiques et lisons les mêmes listes de choses « à voir » et « à faire » ou suivons les mêmes “influenceurs” qui y passent leurs vacances.

D’une certaine façon, le tourisme est une mode comme une autre, et donc, nos besoins en la matière résultent de dynamiques sur lesquelles nous avons, au moins en partie, le contrôle. On peut alors raisonnablement penser que ce qui est désirable aujourd’hui (partir à l’autre bout du monde, dans une consommation touristique ostentatoire) pourrait très bien, demain, ne plus l’être. Un peu comme certains vêtements du passé ont disparu de nos étagères.

Imaginer le tourisme autrement

Des études sociologiques expliquent d’ailleurs qu’en réalité, ce que nous cherchons dans le voyage se résume à quelques motivations assez spécifiques : s’évader de la routine, déstresser, connaître de nouveaux endroits et s’amuser. Et ce qui nous fait choisir une destination plutôt qu’une autre tient majoritairement à quelques critères seulement : la beauté des paysages, l’environnement, et le contact avec d’autres façons de vivre.

Dans l’absolu, rien de tout cela ne nous oblige à partir tous les ans à l’autre bout du monde, ni à nous lancer dans des modes de consommation extrêmement polluants. On peut en théorie se relaxer dans de nombreux endroits (proches ou pas), et partout on trouve des paysages qui valent le détour. Il ne semble pas nécessaire d’aller tous, toujours, dans les mêmes endroits (au point parfois de les détruire) pour déstresser, ou s’évader du quotidien. À la limite, seul le contact avec d’autres façons de vivre ou des endroits emblématiques pourrait nous pousser à aller dans des endroits spécifiques ou lointains, et encore, seulement si l’on part du principe que la différence est souvent proportionnelle à la distance.

Imaginer un tourisme plus sobre, soutenable, c’est donc peut-être commencer par faire le deuil de l’idée qu’il existerait une liste de choses qu’il faut absolument voir ou faire dans sa vie, une liste de destinations à voir, si possible les plus loin possible. En vérité, on peut voyager, découvrir, faire du tourisme sans s’imposer d’aller chaque année à l’autre bout du monde, sans s’imposer des activités très polluantes. Une fois ce deuil fait, on peut commencer à penser une forme de tourisme qui aurait des chances d’être durable, sans sacrifier pour autant aux rêves. Car d’autres formes de tourisme existent, et répondent peut-être mieux que le tourisme contemporain à nos besoins de découverte et de voyage.

Comment voyager mieux : des pistes à suivre

Faire du lointain une exception

Alors concrètement, comment imaginer ce tourisme durable ? Le premier enjeu, c’est de garder le lointain exceptionnel. On le sait, le premier impact du tourisme, c’est le transport. Les voyages à l’autre bout du monde sont donc ceux qui génèrent le plus d’impacts environnementaux. Dès lors que l’on voyage loin, et en particulier lorsqu’il faut prendre l’avion, les émissions de gaz à effet de serre s’emballent. Si le désir de partir loin est bien-sûr compréhensible, il n’est clairement pas soutenable s’il est fréquent et généralisé.

La solution est donc peut-être de réapprendre à voyager près de chez soi, à découvrir ce qui est à portée de train, à reconsidérer des destinations oubliées car perçues comme trop proches. Face à un récit du tourisme international qui a depuis des années romancé et mystifié le lointain, il s’agit donc de réenchanter la proximité. Et la crise de la Covid-19 a montré que c’était possible : en 2020, contraints par les mesures sanitaires, beaucoup de Français ont voyagé plus près de chez eux, et ont redécouvert leurs régions, leurs patrimoines, avec une sensation d’authenticité retrouvée. Voyager dans sa région, dans son pays ou dans les pays voisins, accessibles en train, voire à vélo : voilà donc une manière de repenser un tourisme plus durable. Mais attention, le choix du mode de transport se pose aussi pour les déplacements une fois sur place. Privilégier le train, les transports en commun, ou les mobilités douces, comme le vélo, est fondamental, pour éviter les pollutions liées à un autre véhicule très polluant : la voiture thermique.

Penser un tourisme de proximité, cela implique aussi de penser la préservation du patrimoine, qu’il soit naturel, culturel, social ou historique. Si l’on voyage plus près de chez soi, cela veut dire qu’il faut plus que jamais protéger les richesses des territoires, et cela incite donc à investir plus dans ces capitaux : plus de commerces et d’activités de proximité et de qualité, valorisant les savoir-faire locaux, des paysages mis en valeur, le patrimoine mieux développé.

Changer les temps du voyage

Voyager de façon plus durable, c’est peut-être aussi changer la temporalité du voyage. Aujourd’hui, le voyage est une cassure dans le quotidien. On part un week-end, une semaine, ou trois semaines, une à quelques fois par an, intensément, pour rompre avec la monotonie du travail et de l’espace urbain, et se donner quelque part le sentiment de la récompense.

Mais peut-être pourrions nous, demain, voyager moins souvent, mais plus longtemps ? Par exemple, si partir loin doit rester exceptionnel, ne pourrait-on pas faire de ces voyages à l’autre bout du monde l’occasion d’une vraie coupure, plus longue, peut-être de quelques mois, le temps de vivre autrement ? Un voyage plus long, c’est aussi une manière de découvrir plus en profondeur d’autres façons de vivre, de mieux appréhender la différence. Quitte à être loin, pourquoi ne passer que trois semaines à sauter de site en site, d’attraction en attraction ? Pourquoi ne pas prendre le temps de vivre son voyage à un autre rythme, ou de découvrir plusieurs pays, en train, une fois sur place ? Cette expérience pourrait être celle du voyage initiatique de la jeunesse, ou celle d’une année sabbatique au milieu de la vie. En réduisant la fréquence des trajets longs, on réduirait d’autant l’impact environnemental du tourisme.

Il s’agirait alors de passer du tourisme considéré comme une consommation de masse (on part vite, beaucoup, mais sans profondeur) à un tourisme vécu comme une expérience réalisée en conscience. Mais derrière une telle transition, il ne faudrait pas qu’un changement des mentalités, mais aussi une évolution de nos systèmes sociaux et économiques : la durée de nos congés, la gestion de notre parcours professionnel (ou étudiant), l’articulation des temps scolaires et la parentalité, tout cela devrait sans doute être adapté.

Voyager avec sobriété

Pratiquer un tourisme durable, c’est aussi apprendre à voyager autrement. Bien-sûr, il s’agit de continuer à respecter les éco-gestes en vacances : faire attention à ses déchets, à sa consommation d’énergie et sa consommation en général. Le faire toute l’année n’est pas une excuse pour arrêter parce que c’est les vacances. Mais plus spécifiquement, on peut aussi contribuer à un tourisme plus durable, par exemple en choisissant de préférence les hébergements qui contribuent à créer de la valeur sociale et environnementale. Choisir des hébergements à taille humaine (voire, chez l’habitant) plutôt que de grands complexes aux impacts environnementaux gigantesques peut être un premier pas. Privilégier les structures intégrées dans les communautés locales et dans les écosystèmes locaux est une manière d’agir pour un tourisme plus durable, mais c’est aussi une manière de profiter plus en profondeur de ce qu’offrent les voyages : la découverte, le contact avec l’autre.

Pour les activités, c’est la même chose. Le tourisme de masse a eu tendance à généraliser l’outrance, les activités standardisées, peu ou pas écologiques, notamment quand elles recourent à des moyens de transport très polluants. Beaucoup de ces activités touristiques se font aussi aux dépens des communautés locales ou des espèces vivantes, notamment dans le secteur du tourisme animalier dont les dérives ont souvent fait parler. Si l’on veut faire émerger un tourisme plus durable, il faut faire un pas de côté et chercher à se débarrasser du superflu, trouver ce qui se pratique dans le respect des cultures, du vivant et de l’environnement. Cela nécessite parfois de sortir un peu des sentiers battus, pour trouver l’activité qui se pratiquera sans recourir à des moyens de transports polluants, en partageant de façon juste la valeur.

Mais ce tourisme « responsable, » que certains appellent aussi « slow tourisme », se développe. De plus en plus d’organisations identifient localement les initiatives vertueuses, les blogs et les guides touristiques les mettent en avant. Il faut donc seulement faire l’effort de se renseigner, et on bénéficie alors d’une expérience plus authentique, souvent plus intéressante, en plus d’être plus écologique et plus juste socialement.

Faire du quotidien un voyage

Enfin, faire émerger un tourisme plus sobre, c’est aussi comprendre de quoi le tourisme est le symptôme. Et bien souvent, notre consommation actuelle de tourisme signe aussi la frustration d’un quotidien qui n’est pas toujours enthousiasmant ou enrichissant. On voyage pour avoir ce que l’on a pas au quotidien : du temps pour soi, pour s’épanouir, pour s’émerveiller. Peut-être notre besoin de voyager, si possible loin, serait-il moins fort si notre quotidien nous donnait plus à vivre. Réformer les temps de travail, mieux équilibrer la vie professionnelle et la vie privée, développer les loisirs de proximité seraient autant de manières de permettre aux citoyens de trouver dans le quotidien ce que l’on cherche dans le voyage… Ou de donner l’occasion de faire de notre quotidien un voyage, par la micro-aventure, l’art, la gastronomie, la rencontre avec d’autres cultures, que l’on peut découvrir chez soi.

Le quotidien peut aussi devenir un voyage, pour ceux qui ont la chance de pouvoir travailler depuis ailleurs. Le télétravail peut transformer certaines périodes de la vie en voyage. Ce qui s’est développé avec la Covid-19 pourrait aussi devenir un modèle permettant à certains de découvrir le monde, plus lentement, via des modes de transport plus doux : vivre et travailler dans un autre pays, par exemple. Le problème, c’est que ce mode de fonctionnement est condamné à rester une exception, un privilège, inaccessible à de nombreux métiers et de nombreuses catégories de populations.

En tout état de cause, répondre au défi complexe du tourisme durable implique une transformation globale de notre société, qui va de l’émergence d’alternatives et de nouvelles façons de produire, à la transformation des pratiques touristiques, en passant par l’évolution de nos structures sociales et nos imaginaires collectifs. Mais dès aujourd’hui, on peut contribuer à cette transformation, en adoptant les réflexes d’un touriste plus responsable.

Photo par Toomas Tartes sur Unsplash