La ville durable a le vent en poupe : de plus en plus d’acteurs s’y investissent pour en faire un marché très durable avec un énorme potentiel écologique.

Pour ceux qui en doutaient encore, il semble désormais certain que l’avenir du monde se jouera dans les villes. Ces coeurs battants de la mondialisation accueillent désormais près de 55% de la population mondiale, et bientôt plus de 65% d’après les estimations de l’ONU pour 2050. Les villes c’est aussi l’endroit où se créent les richesses : les 600 centres urbains les plus dynamiques produisent déjà 60% du PIB mondial. Evidemment, c’est aussi dans les villes que se réalisent 65 à 70% des émissions de CO2 mondiales. C’est donc dans les villes que se cristallisent le plus et le mieux les enjeux que nos sociétés vont devoir affronter dans les décennies à venir.

Rien d’étonnant alors que les réflexions sur l’avenir des villes soient florissantes et qu’elles mobilisent chercheurs, politiques et acteurs sociaux. Parmi ces réflexions, celles portant sur les villes durables, l’urbanisme écologique ou la ville résiliente sont celles qui suscitent le plus d’enthousiasme. Et si l’on en croit les études récentes, ce thème des villes durables devrait se transformer en gigantesques opportunités business pour les entreprises.

Le boom des villes durables se prépare

En effet, un rapport publié par le Business Sustainable Development Commission et intitulé “Valuing the SDG Prize in Cities” démontre que dans les années à venir, un certain nombre de marchés liés à la durabilité des villes vont s’ouvrir pour les entreprises. Et mis bout à bout, ces marchés pourraient représenter près de 3 700 milliards de dollars de nouvelles opportunités de business.

On voit déjà le mouvement s’enclencher : les réglementations sur l’urbanisme durable se multiplient, des Réglementations Thermiques aux labels de la construction durable. La mobilité urbaine est aussi en pleine révolution avec les réflexions autour de la voiture électrique, de la voiture autonome ou des nouveaux modes de transport en commun. Les problématiques énergétiques, sanitaires et sociales vont aussi faire partie intégrante de l’urbanisme de demain. Et tout cela veut bien sûr dire que de nouveaux marchés vont s’ouvrir, marchés que les entreprises vont devoir remporter.

Ce boom des villes durables semble inévitable quand on sait les enjeux auxquels font face les villes : saturation routière, pollution de l’air, gestion des déchets, chaleur, étalement urbain etc… Bien sûr, ce seront les entreprises qui se seront positionnées le plus tôt sur toutes ces questions qui seront les mieux placées pour tirer leur épingle du jeu lorsque le mouvement sera véritablement enclenché.

eco quartier exemple modèleÉnergie, mobilité, logement : les problématiques de la ville durable

Le rapport détaille ainsi un certain nombre de secteurs qui vont subir des croissances très élevées dans les prochaines années.

  • La révolution de la mobilité urbaine. Qu’il s’agisse des mobilités écologiques, de la refonte des systèmes de transport en commun, des réflexions sur les smart mobility, la mobilité connectée ou autonome, il y a effectivement un énorme travail à faire sur les questions de mobilités urbaine. En effet, face aux contraintes écologiques mais aussi sociales, et face aux nuisances du transport, il semble évident que le transport individuel va devoir être re-dessiné sur de bases plus sobres. Le rapport estime que c’est un secteur qui pourrait débloquer près de 900 milliards chaque année à partir de 2030.
  • La construction durable. Les études estiment que l’on pourrait grandement limiter notre impact écologique en renvoyant nos normes de construction et en adoptant des pratiques d’isolation plus efficaces. D’après le rapport, ce sont près de 770 milliards de dollars d’économies qui seraient permises par ce type de pratiques. Il y a également un boom à prévoir du côté des constructions en bois et en matériaux renouvelables.
  • La construction abordable. Elle représente peut-être la plus importante opportunité de business : il s’agit de nouveaux types de constructions moins chers et plus accessibles permettant de répondre aux besoins de la croissance urbaine, notamment dans les pays en développement. Elle pourrait générer jusqu’à 1 000 milliards par an à partir de 2030.
  • Les smart grids et smart cities : dans ces nouvelles villes, pour optimiser les usages (dans la gestion de l’eau, des températures, de la qualité de l’air, de la mobilité ou des déchets par exemple) il faudra aussi miser sur des systèmes de mesure et de gestion intelligents. On sait d’ores et déjà qu’il existe des systèmes d’intelligence artificielle capables de prévoir (et donc de réguler) la pollution de l’air, d’autres capables d’analyser en temps réel les consommations électriques pour adapter la production en amont… Tous ces systèmes connectés sont aussi des niches à investir.

 

Tous ces secteurs, qui seront fondamentaux dans l’urbanisme de demain, sont encore en friche et en pleine évolution. Il ne tient donc qu’aux acteurs économiques de s’y investir pour les développer et prendre les places qui vont s’y ouvrir. Le problème, c’est qu’il existe encore de nombreux freins au développement de tels marchés. Le premier de ces freins, c’est bien sûr la capacité des acteurs publics à débloquer les financements nécessaires pour ces projets aux retours sur investissement de long terme. En effet, dans un monde où beaucoup de collectivités sont bloquées par les réductions budgétaires, il semble difficile d’envisager de tels investissements. Il va donc falloir effectuer une réallocation de ces ressources et le rôle du secteur privé dans ce domaine est fondamental, notamment à travers les partenariats publics privés et les différents dispositifs d’économie mixte.

En tout cas, il n’y a plus de raison d’attendre ! Il faut s’y mettre ! Investir dans la ville durable, ce sera bon pour les villes, bon pour les entreprises, et bon pour la planète.