L’agroforesterie dans les plantations de café : quels bénéfices pour les producteurs et les écosystèmes ?

Juliette Cody - Responsable de Programme, chez PUR Projet

Nespresso

Au sein de PUR Projet, Juliette coordonne plusieurs programmes visant à préserver et régénérer les écosystèmes. Elle travaille avec les entreprises des secteurs du café et du luxe soutenant ces programmes, pour définir les contours de leur engagement et faire le lien avec leurs chaînes de valeur.

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Au cours du XXème siècle, les méthodes des production traditionnelles du café ont été progressivement remplacées dans plusieurs régions du monde par des modèles agricoles intensifs, dans une perspective d’accroissement de la productivité. Ces changements ont contribué à la dégradation des écosystèmes caféiers dans de nombreux pays exportateurs de café (déforestation, dégradation de la qualité des sols et des ressources en eau, érosion, etc). Aujourd’hui, alors que les phénomènes climatiques extrêmes dans les zones de production du café se multiplient (pluies torrentielles, sécheresses), émerge le besoin de protéger et restaurer ces écosystèmes.

 L’agroforesterie, un système de gestion des ressources naturelles qui intègre les arbres dans les exploitations agricoles, est une solution permettant de rétablir l’équilibre au sein des écosystèmes caféiers et de les rendre plus résilients. Les nombreux bénéfices environnementaux et sociaux de cette pratique ont incité le Groupe Nespresso à amplifier en 2014 son programme d’agroforesterie, mené à petite échelle depuis 2003, en collaboration avec l’entreprise sociale PUR Projet.

 Juliette Cody, responsable de ce programme chez PUR Projet, revient sur ce partenariat en faveur de l’agroforesterie.

PUR Projet et Nespresso : un partenariat en faveur du développement durable

PUR Projet accompagne les entreprises dans l’intégration de la problématique du climat au cœur de leur raison d’être et de leurs métiers, principalement via la régénération et la préservation d’écosystèmes (agroforesterie, reforestation, conservation forestière).

En 2014, Nespresso s’est engagé à promouvoir l’agroforesterie à nos côtés, en soutenant le développement de trois projets : en Ethiopie, au Guatemala et en Colombie. Dans les régions sélectionnées pour leur mise en oeuvre, nous travaillons avec les coopératives, associations de producteurs ou organisations communautaires structurant la production de café. Celles-ci ont désigné l’agroforesterie comme une pratique répondant aux défis sociaux et environnementaux rencontrés par les caféiculteurs.

Pour déployer les pratiques agroforestières, nous avons formé les équipes de ces organisations, qui sont devenues ambassadrices des projets. Elles sont chargées d’informer et de former les producteurs de café aux bénéfices de l’agroforesterie. Elles les accompagnent également, avec notre soutien, à choisir les parcelles adéquates pour déployer des modèles agroforestiers, choisir les espèces d’arbres à planter, et leur expliquent comment les planter et en prendre soin.

A la fin de l’année 2019, près de 3 millions d’arbres auront été plantés avec 8 000 producteurs de café.

Les intérêts multiples de l’agroforesterie pour les écosystèmes caféiers

L’agroforesterie a de nombreux effets bénéfiques sur l’environnement, notamment sur les sols agricoles. En effet, l’association de plantes fixatrices d’azote, appelées légumineuses, ainsi que l’enrichissement en matière organique, permettent d’améliorer la teneur des sols en éléments nutritifs, essentiels à la croissance des plantes. La présence d’arbres permet aussi de limiter l’érosion, ce qui est essentiel dans les régions caféières, souvent situées en altitude et sensibles aux glissements de terrain.

Associer arbres et plants de café a aussi des effets positifs sur la biodiversité. Grâce à une étude réalisée en 2017 en partenariat avec l’université d’Oxford, nous avons pu constater sur notre projet en Colombie qu’il y avait deux fois plus d’oiseaux sur les parcelles cultivées en agroforesterie que sur les autres. L’étude montre également un effet positif de l’agroforesterie sur la diversité de ces espèces d’oiseaux.

La présence d’arbres sur les parcelles de café agit aussi sur le cycle de l’eau. Leur système racinaire favorise l’infiltration de l’eau dans les sols et évite le ruissellement lors des grandes pluies. Les racines limitent également la fuite des composés chimiques dans la nappe phréatique, assurant le maintien de la qualité de l’eau douce. Les arbres maintiennent aussi l’humidité au niveau de la parcelle, évitant ainsi l’assèchement des arbustes de café en période sèche et de canicule.

En résumé, les arbres favorisent l’accès à l’eau en période de sécheresse et jouent le rôle de parapluie lors de pluies torrentielles. Les phénomènes climatiques extrêmes (fortes pluies ou sécheresses) étant de plus en plus fréquents et intenses, notamment dans les régions équatoriales et tropicales où pousse le café, l’agroforesterie permet véritablement de rendre les cultures plus résilientes à ces événements.

L’agroforesterie favorise la résilience économique des caféiculteurs

Les producteurs de café prenant part aux projets d’agroforesterie sélectionnent les espèces d’arbres qu’ils souhaitent intégrer à leurs parcelles. Ils plantent notamment des arbres d’ombrage, qui permettent de retrouver le niveau d’ensoleillement nécessaire aux arbustes de café. Les caféiers requièrent en effet un équilibre entre soleil, chaleur, humidité et ombre pour produire des cerises de qualité.

Ils peuvent également choisir de planter des arbres fruitiers (citronniers, orangers, avocatiers), et ainsi en consommer ou commercialiser les récoltes, une fois les arbres arrivés à maturité. Enfin, certaines essences permettront aux producteurs de produire du bois d’ouvrage, dans les dix à quinze ans suivant la plantation. Pour la majorité des producteurs impliqués dans les projets que nous implémentons, le café est la seule source de revenus. Ces perspectives de diversification et sécurisation des revenus sont donc souvent des sources de motivation importantes pour prendre part aux projets agroforestiers.

L’agroforesterie, une pratique à envisager sur le long-terme

 Afin que les bénéfices mentionnés ci-dessus soient atteints, il est essentiel que les communautés au sein desquelles nous implémentons nos projets s’approprient pleinement les pratiques agricoles associées à l’agroforesterie.

A cette fin, nous concevons la mise en œuvre des projets à l’échelle du paysage (un bassin versant par exemple) et travaillons pour engager tous les membres de la communauté. Les réunions de formation que nous proposons sont donc collectives, ouvertes à tous. Elles sont participatives, et s’appuient sur des méthodologies où l’apprentissage met en valeur les connaissances des producteurs et se fait de manière ludique. Par ailleurs, la gouvernance de chaque projet (prise de décision, définition de la stratégie d’implémentation) réside au sein des coopératives, associations de producteurs ou organisations communautaires. Ce point est crucial car il permet au projet de s’inscrire dans le quotidien et la stratégie agricole et commerciale de ces organisations.

Nos méthodologies de suivi de la plantation et de la croissance permettent également un suivi très fin des projets, et ainsi de s’assurer que les arbres plantés pourront délivrer les bénéfices escomptés. Les équipes d’implémentation s’appuient en effet sur plusieurs visites individuelles aux producteurs, avant et après la plantation des arbres, afin de leur fournir un appui technique régulier sur le soin à donner aux arbres. Les projets agroforestiers soutenus par Nespresso France étant certifiés selon des méthodologies carbone, ce qui permet à l’organisation de revendiquer la neutralité carbone, ce suivi doit être réalisé pour une durée de 30 ans.

Agroforesterie

Crédits image : PUR Projet/Christian Lamontagne, 2015

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