Les entreprises se mettent en mouvement avec la Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) : retour d’expérience d’HEINEKEN France

Isabelle Sucra - Head of CSR HEINEKEN et France Boissons

HEINEKEN France

Responsable de la RSE chez HEINEKEN et France Boissons, Isabelle Sucra s’appuie sur son expérience variée de 23 ans au sein des directions Achats et Supply chain avant de rejoindre la direction RSE en 2021. Elle œuvre au quotidien pour la stratégie Développement durable du Groupe « Brassons un monde meilleur ».

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Toute entreprise est aujourd’hui confrontée à une dissonance cognitive entre l’urgence de se transformer et les impératifs économiques. La Convention des Entreprises pour le Climat (CEC) s’inscrit dans ce contexte et a pour objectif de “rendre irrésistible la bascule de l’économie extractive vers l’économie régénérative avant 2030”. Pour cela, elle a réuni entre septembre 2021 et juillet 2022 les dirigeantes et dirigeants de plus de 150 entreprises de toutes les régions de France, de tous secteurs et toutes tailles, afin de repenser ensemble les modèles d’affaires. 

Découvrons l’expérience d’HEINEKEN France dans cette interview croisée avec Isabelle Sucra, Head of CSR de HEINEKEN France, et Mélanie Jeanneret, co-pilote de la première CEC et de la CEC Provence-Corse.

  • Mélanie, comment s’est déroulée concrètement le premier parcours de la CEC ?

La Convention des Entreprises pour le Climat avait pour objectif de réunir 150 entreprises et de les engager dans une transition vers un nouveau modèle d’affaires. Nous nous sommes inspirés de la Convention Citoyenne pour le Climat afin de placer entreprises et dirigeants au cœur de cette transition et de ses enjeux. 

Chaque entreprise participante était ainsi représentée par un duo : le dirigeant et son responsable / directeur RSE. Durant 10 mois, ces duos ont participé à six sessions thématiques : de la prise de conscience en première session à la remise d’une feuille de route à la sixième session, en passant par des sessions sur les modèles régénératifs, les nouveaux outils de mesure, la coopération, etc. Les échanges se sont articulés autour d’un dispositif fort, comprenant notamment des groupes de travail réguliers, des interventions d’experts, des ateliers ou encore des témoignages d’entreprises. Les différentes étapes ont permis aux participants d’avancer dans leur réflexion et de partager leurs freins et leurs bonnes pratiques. 

Chaque groupe de travail était composé de 10 entreprises de toutes tailles, de tous secteurs et de toutes maturités. C’est cette diversité qui amène l’ouverture, qui permet de se faire challenger, se faire bousculer par ses pairs, de créer des déclics, mais aussi de se remettre en confiance et de créer un cadre de sécurité. 

Enfin, l’objectif était de parvenir à ce que chaque entreprise dresse une feuille de route ambitieuse de redirection écologique, c’est-à-dire une feuille de route qui vienne repenser le modèle afin d’aligner les activités de l’entreprises sur les limites planétaires. 

  • Isabelle, pourquoi avoir choisi de rejoindre la Convention des Entreprises pour le Climat avec HEINEKEN France ? Comment s’est déroulée l’expérience ? 

J’estime qu’il est de notre responsabilité, en tant qu’entreprise, d’incarner une certaine dynamique, de lancer un mouvement, et d’apporter des solutions face aux enjeux de transition climatique. 

Ainsi, j’ai rejoint la Convention des Entreprises pour le Climat dans une démarche d’humilité. HEINEKEN France avait déjà une feuille de route RSE « brassons un monde meilleur », mais nous voulions aller plus loin et nous engager collectivement. Je suis convaincue que, pour avancer d’autant plus, il est indispensable d’innover, de remettre en question nos pratiques, de rencontrer un ensemble d’acteurs, d’experts, de pairs et d’agir ensemble, de questionner le modèle à l’échelle globale et pas seulement à l’échelle de notre propre entreprise. Le fait de participer aux six sessions avec Loïc Latour, qui était alors Président France Boissons (filiale de HEINEKEN France), a constitué un signal fort, représentatif de notre engagement. 

  • Mélanie, quels étaient les défis à relever lors de la Convention des Entreprises pour le Climat ?

Le premier pari était de réussir à recruter 150 entreprises qui devaient s’engager à ce que leur dirigeant soit présent, et nous avons réussi. Puis il s’agissait de tenir sur toute la durée du parcours et de récolter l’ensemble des 150 feuilles de route qui soient ambitieuses : défi accompli également. Les propositions ont couvert tous les domaines, de la réduction des émissions à la génération d’impacts positifs, avec des ambitions contributives et régénératives, elles contenaient toutes un sursaut pour sortir du business as usual. Mais il ne s’agit que du début du chemin. Désormais, le plus gros défi réside dans la mise en œuvre pour chaque entreprise de leur feuille de route.

  • Isabelle, qu’est ce que la CEC a apporté à HEINEKEN France ?

La CEC a marqué une accélération de la transition menée par HEINEKEN France. Cette expérience a été très enrichissante. Elle a débuté par une prise de conscience individuelle du dirigeant, puis s’est transformée en une dynamique collective d’engagement dans toute l’entreprise. Durant les sessions, nous avons abordé de nombreux sujets liés aux parties prenantes et à la transition vers une entreprise régénérative. J’ai pu saisir et m’approprier différents leviers de transformation. Envisager le passage de l’entreprise contributive à l’entreprise régénérative est un travail conséquent et la CEC nous a permis de nous projeter vers des engagements tangibles, de faire rayonner un impact positif sur les dimensions sociale, environnementale, économique, territorial, etc. et d’intégrer l’ensemble de notre écosystème dans cette aventure.

Si je ne devais retenir qu’une chose de cette expérience, ce serait l’inspiration : la CEC m’a permis d’ouvrir le champ des possibles, d’aller au-delà du périmètre d’action classique. Grâce à la Convention des Entreprises pour le Climat nous avons clarifié et formalisé notre « sursaut », un terme clé pour la CEC qui fait référence à son ambition première. Cela rend notre feuille de route plus lisible pour nos parties prenantes, internes comme externes.

  • Mélanie, quelle est la suite pour la CEC ? 

La première Convention des Entreprises pour le Climat fut magique, avec ses échanges, ses relations, ses déclics, et restera à jamais unique. 

Mais aujourd’hui, il s’agit de pérenniser l’initiative et de maintenir sa dynamique, de démultiplier sa force de frappe en s’appuyant sur les ingrédients du succès de cette première expérience. Après le premier parcours, certains participants ont souhaité développer des initiatives régionales qui se sont vite avérées très pertinentes car elles ont naturellement diffusé le mouvement dans les écosystèmes locaux. La démultiplication a commencé avec des régions comme la Provence-Corse, l’Ouest, les Alpes et le bassin lyonnais, portées par des alumni de la CEC. De nouvelles régions, telles que la Bourgogne, la Nouvelle-Aquitaine et le Massif Central, se sont également engagées pour 2024. Cette approche permet de s’adapter aux spécificités des territoires et de mobiliser les acteurs locaux. L’échelle territoriale offre la possibilité d’installer un ancrage bien plus fort encore pour le mouvement. C’est notamment de cette façon que l’on parviendra à créer une nouvelle norme culturelle, économique et politique. À noter qu’il y a également une démultiplication avec les CEC thématiques : le secteur du Consulting a lancé sa CEC cette année, il sera suivi par celui du Monde Financier d’ici la fin de l’année et celui de l’Industrie l’an prochain.

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