Chaque semaine, retrouvez l’actualité de la RSE en brefCette semaine on parle des fleuristes victimes des pesticides, des entreprises qui n’ont pas publié leur plan de vigilance, du greenwashing des banques sur le charbon ou des attributions de la ministre de la transition écologique…

Le fil de l’actu

🌀Kirk, Milton ou Hélène…« La saison des ouragans extrêmes est arrivée et elle est alimentée par le dérèglement climatique », titre New Scientist qui pointe notamment le rôle du réchauffement des océans. Selon ClimaMeter, le changement climatique a ainsi amplifié les précipitations de l’ouragan Milton jusqu’à 20 %, augmentant l’intensité des inondations dans le Golfe du Mexique.🦁En 50 ans, les populations d’animaux sauvages ont chuté de 73% alerte le rapport planète vivante du WWF 👩Inégalités de genre, inégalités climatiques, même combat ! Les femmes représentent 85 % des personnes qui meurent des conséquences d’une catastrophe climatique et 75 % des réfugiés environnementaux. Une vulnérabilité qui s’explique notamment par la plus grande proportion de femmes parmi les populations pauvres.♻️ La France va devoir payer 1,5 milliard d’euros à l’UE pour ses déchets plastiques non recyclés selon la Cour des comptes. Et ce n’est qu’un début tant les données manquent encore de fiabilité. 🛒78 % des Français voient dans le prix un obstacle majeur à l’adoption plus large de comportements de consommation responsables, selon une étude Discurv pour la banque en ligne Helios. 💶

Fleuriste, une profession victime méconnue des pesticides

C’est un voile qui se lève sur les risques sanitaires d’une profession jusque-là passée sous le radar : les fleuristes seraient en effet victimes des pesticides selon une enquête du Monde et de la cellule investigation de Radio France. Le décès d’une enfant de 11 ans atteinte d’un cancer a ainsi été reconnu par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) qui admet « le lien de causalité entre la pathologie et son exposition aux pesticides durant la période prénatale ». A ce jour, la réglementation n’impose en effet pas de limites de résidus de produits chimiques pour les fleurs coupées non comestibles et les fleurs étant rarement produites en France, elles bénéficient de réglementations sanitaires parfois plus souples que dans l’Hexagone. En 2017 déjà, 60 millions de consommateurs informait sur ces dangers…

 Le lien entre les pesticides et le cancer d’enfants de la plaine d’Aunis (Charente maritime) est aussi interrogé par l’association Avenir Santé Environnement. Celle-ci a été créée en 2018 à la suite de plusieurs cancers d’enfants dans cette région. Elle a fait analyser des prélèvements de cheveux et d’urine par le laboratoire de toxicologie et de pharmacovigilance d’un CHU. 14 substances nocives ont été retrouvées dans les urines des enfants et 45 dans les cheveux. Parmi celles-ci, des fongicides et pesticides classés cancérogène, mutagène, et reprotoxique. A lire sur Le Monde et France Info.

Devoir de vigilance : 57 entreprises encore sous le radar

57 entreprises françaises sur les 279 visées par la réglementation nationale sur le devoir de vigilance n’auraient toujours pas publié leur plan de vigilance. Sept ans après l’adoption de la loi et alors que la directive européenne sur le devoir de vigilance doit être transposée dans le droit français, ça fait beaucoup. Parmi ces mauvais élèves :  Buffalo Grill, Euro Disney, Bigard, Primark France, ou encore Picard. C’est en tous cas ce que recensent Sherpa et le CCFD-Terre Solidaire dans la dernière édition de leur Radar sur le devoir de vigilance. L’exercice, mené par Datactivist est « extrêmement complexe », soulignent les ONG qui rappellent « qu’aucune base de données publique ne donne d’informations sur la structuration des groupes français et sur leurs effectifs salariés en France et dans le monde ». Or c’est ce qui détermine les entreprises concernées…Par ailleurs, il ne suffit pas de publier un plan de vigilance pour être tranquille souligne les ONG : il faut surtout qu’il soit pertinent au regard des enjeux de l’entreprise. Or c’est loin d’être toujours le cas. Résultat : les actions en justice se développent. On en compte 7 nouvelles en 2024 (actes de tortures au Yemen pour TotalEnergies, approvisionnement en thon violent les droits humains pour Carrefour). Depuis l’adoption de la loi, 30 mises en demeure ont été adressées et 13 actions ont été menées en justice. Celle-ci s’est organisée en conséquence avec la création de chambres dédiées aux questions RSE (lire ici et ici). 

Finance : le greenwashing des banques sur le charbon a la vie dure

Sur le charbon, les 4 grandes banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE/ Natixis – font encore du greenwashing estime Reclaim finance. Malgré une baisse des financements au secteur du charbon depuis 2019, notre analyse montre que de nombreuses transactions problématiques persistent. Entre 2021 et 2023, celles-ci ont soutenu 9 groupes développeurs de charbon, 11 groupes sans date de sortie du secteur, et 12 groupes avec des dates de sortie non alignées avec la science climatique. Parmi les failles identifiées par l’ONG : le périmètre de la politique sectorielle (filiale), le seuil d’actionnariat de l’entreprise qui développe les projets (< à 50%), les sources utilisées (documents confidentiels), les technologies exclues (les centrales captant le CO2). En juin, l’AMF avait déjà été interpellée par une vingtaine de chercheurs, économistes et ONG dans une lettre ouverte. 

Réseaux sociaux : les patrons mettent en avant l’écologie dans leur storytelling

Écologie, féminisme, politique ou encore intelligence artificielle…Sur les réseaux sociaux, « les dirigeants mettent de plus en plus en avant les enjeux sociétaux et dévoilent leurs valeurs en s’engageant personnellement », constate une étude Visibrain. Celle-ci souligne l’importance prise par LinkedIn dans la prise de parole des dirigeants, comme Alexandre Bompard, qui cartonne sur LinkedIn avec près de 180 000 followers ou Estelle Brachlianoff, la PDG de Veolia (plus de 28 000 followers), qui mettent tous les deux en avant les politiques environnementales de leur société et les enjeux écologiques auxquels ils sont confrontés. « La transparence est un maître-mot dans les stratégies LinkedIn de ces acteurs du monde de l’entreprise », souligne encore Visibrain. Bien. Mais on attend la même transparence sur les impacts sociaux et environnementaux négatifs de ces entreprises sur ces mêmes réseaux ! 

Nouveau scandale lié à la compensation carbone

L’un des pionniers du secteur, l’ex PDG de C-Quest Capital, Kenneth Newcombe, vient d’être mis en examen et risque 20 ans de prison. Le gendarme américain des marchés de matières premières, (Commodity Futures Trading Commission)  le soupçonne d’avoir falsifié des données pour exagérer l’efficacité de projets environnementaux (comme des fourneaux de cuisine plus écologiques que ceux fonctionnant au bois, en Afrique et en Asie), lui permettant ainsi de vendre des millions de crédits carbone de manière frauduleuse à de grandes entreprises comme BP ou Shell. Ce sont des centaines de millions de dollars qui sont en jeu. L’ex PDG était aussi un membre du board de Verra, le leader de la certification des crédits carbone, dont la fiabilité a été remise en question par de nombreuses enquêtes. En juin, celui-ci avait décidé de suspendre la certification des projets C-Quest Capital après avoir été alerté par la nouvelle direction de l’entreprise. 

Explosion des GES ou sobriété : le numérique va devoir choisir (et vite)

Si rien n’est fait, les émissions de gaz à effet de serre des usages audiovisuels grimperont de 30% d’ici 2030. C’est ce que prévoit une étude de l’Arcom et de l’Ademe qui s’est penchée pour la première fois sur l’empreinte carbone du streaming audio et vidéo sur téléviseur, ordinateur et smartphone. Nous avons toutefois le pouvoir d’inverser la tendance en fonction de nos choix : si nous travaillons sur l’éco-conception, les émissions pourraient être réduite de 6% d’ici 2030 et même de 33% si nous mettons en place des mesures de sobriété. Et en alliant éco-conception et sobriété des usages, la consommation d’énergie et de ressources diminuerait de moitié. En 2022, ces usages représentaient 5,6 MtCO2 eq, soit un tiers de l’empreinte carbone du numérique. 

Outil diversité : des ressources sur l’emploi des seniors

Alors que l’âge de départ légal à la retraite ne cesse d’être repoussé, le taux d’emploi des seniors en France (en hausse) reste inférieur à la moyenne européenne. La communauté « les entreprises s’engagent » (90 000 membres) a donc regroupé conseils et outils pour recruter des « profils expérimentés » ou maintenir des seniors en emploi sur sa plateforme. On y trouve des guides pratiques, des ateliers qui se tiennent dans chaque département ou des webinars thématiques.

Outil climat : une nouvelle plateforme pour aider les entreprises à s’adapter au changement climatique

AXA Climate lance une nouvelle plateforme pour aider les entreprises et industries à mieux s’adapter au changement climatique. Baptisée Altitude, celle-ci a été élaborée avec des responsables RSE et des Risques Managers. Elle doit permettre de quantifier le risque climatique pesant sur les sites et les activités des entreprises à moyen et long terme en tenant compte des spécificités locales de chaque entreprise, des secteurs d’activité (agriculture, finance, industrie) et de la biodiversité. De quoi alimenter votre reporting CSRD mais aussi identifier de nouvelles opportunités et sécuriser vos investissements. 

Nouveau gouvernement : quelles attributions pour Agnès Pannier Runacher ? 

Alors que la répartition des rôles entre les différents ministères pose questions sur la mise en œuvre de la transition écologique, la nouvelle ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques s’est vu préciser ses attributions par décret. Celle-ci récupère l’ensemble de ce qui était parti à Bercy sur les questions énergétiques (développement du nucléaire, des énergies renouvelables, de la planification, de la sobriété et de l’efficacité énergétique), tous les sujets de décarbonation de l’économie (en partage toutefois avec les ministres des transports et du logement comme la rénovation des logements et l’électrification des véhicules; ou de Bercy pour la décarbonation de l’industrie), le ZAN (zéro artificialisation nette),  les négociations internationales (climat, biodiversité, plastique), la prévention des risques (naturels et technologiques, incluant le plan national d’adaptation au changement climatique qui devrait être soumis à consultation fin octobre). La question des pesticides sera traité conjointement avec l’Agriculture. Nouveauté qui peut avoir son intérêt pour les arbitrages interministériels : la ministre aura la possibilité de s’appuyer sur des administrations qui ne sont pas dans son périmètre directe comme la direction générale des entreprises et des participations de l’Etat, la direction générale du trésor (pour l’assurance des catastrophes naturelles) et la directions immobilier de l’Etat (décarbonation bâtiments). Pas sûr toutefois que cela soit suffisant pour lui redonner les pouvoirs d’un grand ministère de la Transition écologique. Les attributions des ministres délégués seront précisées plus tard. 

Conditions de travail : le Conseil européen adopte la directive sur les plateformes

Le Conseil européen a adopté la directive sur les plateformes numériques de travail type Uber. Celle-ci doit permettre aux Etats de déterminer correctement le statut d’emploi de ces plus de 28 millions de travailleurs (43 millions prévus en 2025), actuellement en zone grise, et donc d’obtenir les droits du travail auxquels elles ont droit (ce sera à l’entreprise de démontrer que les conditions du salariat ne sont pas remplies). La directive doit aussi rendre plus transparente l’utilisation d’algorithmes dans la gestion des ressources humaines et rendre leur contestation possible par les travailleurs. Pour entrer en vigueur, la directive doit maintenant être signée par le Conseil et le Parlement européen. Les États membres disposeront de deux ans pour intégrer les dispositions de la directive dans leur législation nationale.

Illustration : Canva

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