Chaque semaine, Youmatter fait le point sur l’actualité RSE, en chiffres ! Cette semaine, on se penche sur la façon dont les salariés français perçoivent les questions de diversité et d’égalité des chances dans les entreprises.

48% des 1 800 salariés interrogés dans le cadre du baromètre national 2024 RSE & égalité des chances du Medef réalisé par Verian, craignent une discrimination à l’embauche. C’est un peu moins qu’en 2023 (-3 points) mais c’est encore un sentiment trop partagé. C’est notamment la question de l’âge qui les préoccupe (51% en moyenne mais 81% pour les 55-64 ans). Et ce, avant l’apparence physique ou le sexe/genre, même si les femmes sont plus inquiète que la moyenne : 37% contre 24%. Le handicap, la santé ou l’origine arrivent loin derrière aux alentours des 10%. Et ce même si en réalité, le taux d’emploi des seniors de 55 à 64 ans s’améliore depuis deux ans (58,4%, contre 56,9% en 2022, selon le ministère du Travail). 

Cette crainte générale est cependant moins présente quand on leur demande s’ils ressentent cette inquiétude dans leur entreprise actuelle. Les trois quarts des salariés interrogés ont une bonne perception de la diversité dans leur entreprise mais ils attendent plus d’action et d’efficacité des mesures mises en place sur les questions d’égalité des chances. Et c’est là que s’opère un premier décrochage sur les attentes RSE entre les salariés et les engagements des entreprises. 

En effet, si  les entreprises ont des priorités similaires à celles des salariés en termes de SST, QVT, égalité F/H et de RSE au sens large, il existe une « forme de hiatus sur trois sujets clés pour les salariés : l’égalité des chances, l’environnement et l’emploi des plus de 50 ans », note Fabienne Cadenat, directrice conseil à l’institut Verian (ex-Kantar), lors de la présentation de l’étude au Medef. C’est d’autant plus préoccupant qu’ils ont aussi l’impression que les entreprises y accordent moins d’importance qu’il y a trois ans, notamment pour l’environnement et l’égalité des chances. 

Un décrochage généralisé et problématique sur les attentes en matière de diversité et d’environnement 

Ce décrochage entre les aspirations des salariés et les actions des entreprises est mis en évidence par plusieurs études depuis plusieurs mois. Beaucoup d’entre elles concluent à un manque de visibilité des équipes RSE (seuls 30% affirment qu’un service est dédié à la RSE dans le entreprise et 17% qu’il existe des personnes en charge de la transition écologique ou de la diversité) et de communications sur les actions réellement menées par les entreprises. 

Mais il reste que les salariés ont aussi un sentiment de décalage entre les promesses et engagements affichés, leur motivation (enjeu d’image, valeurs d’entreprise ou obligation légale plus qu’un enjeu économique) et la réalité des actions mises en place. Ainsi, si une majorité de 6 salariés sur 10 jugent les actions environnementales ou sociales de leur entreprises efficaces,« il reste de la marge de progression d’autant que l’on constate une baisse de ce ressenti en un an », notamment dans les entreprises de plus de 20 salariés où l’on observe une baisse de 10 points en 3 ans sur les questions d’environnement et d’égalité des chances/diversité, précise l’étude. Seuls 19% pensent par exemple que leur entreprise a un impact positif dans la lutte ou l’adaptation au changement climatique et 16% sur la biodiversité. 
Un hiatus qui peut en partie expliquer la crise de sens du travail chez certains d’entre eux et qui s’ajoute au mal être grandissant liés notamment à une crise de la reconnaissance que l’on peut observer dans d’autres études comme celle d’Empreinte Humaine. Si l’on reprend le baromètre du Medef on voit ainsi que les entreprises doivent faire des progrès sur les questions sociales. Moins de 4 salariés sur 10 estiment que leur entreprise les aide à monter en compétence ou en aptitude, un quart estiment qu’elle représente une opportunité d’ascenseur social et autant qu’elle leur permet de préserver leur situation économique. Et moins d’un quart pensent qu’elle a un impact positif sur le partage de la valeur.

Illustration : Canva