Edito

Trump is back et ce n’est pas une bonne nouvelle pour la planète ni pour la transformation écologique et sociale de l’économie…D’autant que sa victoire est large et les garde fous encore moins nombreux que lors de son mandat précédent. Or le nouveau président des Etats Unis a été clair : si son programme fait l’impasse sur le climat, ses discours sont très explicites quant à son intention de supprimer toute contrainte environnementale pour l’économie et les citoyens américains. 

Le Républicain, notoirement climatosceptique, prévoit de sortir de nouveau de l’Accord de Paris; de supprimer le plus de législations environnementales et ESG possible dont l’IRA (Inflation Reduction Act) qui favorise les industries vertes américaines ; et de démanteler des institutions majeures pour l’environnement comme l’EPA, l’agence de protection de l’environnement et la NOAA, un observatoire de renommée mondiale sur les océans et l’atmosphère. Lors de son précédent mandat, Donald Trump avait déjà supprimé plus de 200 réglementations environnementales dont seulement un tiers ont été réactivées par la présidence Biden. En parallèle, son slogan « Drill baby Drill » est tout aussi limpide : les énergies fossiles seront à la fête au détriment des renouvelables et notamment des éoliennes. Autant de mesures qui devraient faire grimper les émissions de gaz à effet de serre de 4 milliards de tonnes supplémentaires d’ici à 2030, selon le site spécialisé Carbon Brief. 

La victoire de Donald Trump est aussi la victoire des entreprises de l’ancien monde. Celle des producteurs d’énergie fossiles qui ont financé la campagne mais pas seulement. Plus inquiétant, à l’image de ce qui s’est passé lors des élections françaises et contrairement à ce qui s’était passé en 2016, les entreprises ont globalement fait profil bas, y compris du côté des entreprises engagées dans la transition écologique et sociale et de la Silicon Valley qui a l’époque avaient défendu haut et fort l’Accord de Paris. Il faut dire que les investisseurs américains ont entre temps revu à la baisse leurs engagements en la matière et qu’un grand détricotage des réglementations et politiques ESG et Diversité/inclusion (DEI) est désormais attendu. Le tout sur fond de contexte économique, géopolitique et social plus que tendu.

La victoire de Trump est aussi une victoire plus large d’une société conservatrice, qui ne souhaite pas remettre en question le way of life américain. « On ne peut pas totalement comprendre l’élection de Trump sans saisir le rôle joué par les mécontents de la transition écologique », souligne ainsi le chercheur en sciences politiques Théodore Tallent dans un post LinkedIn. Si l’écologie n’a pas été au centre des débats en tant que telle, « la question écologique, parce qu’elle pose la question des modes de vie et notamment de l’avenir de nombreuses communautés encore dépendantes des énergies fossiles aux Etats-Unis, est probablement l’un des éléments explicatifs de la victoire de Trump ». 

Et cela doit nous interpeller jusqu’en France. Car selon une étude de Parlons Climat, cette « posture de défense face à une transition écologique qui menace les modes de vie, les valeurs, les croyances, l’identité, les croyances politiques de certains individus » est un des socles du climatoscepticisme. 30% des Français y sont sensibles, et particulièrement chez les votants à droite et à l’extrême droite.