Chaque jeudi, l’actualité environnementale et sociale en chiffres ! Cette semaine on se penche sur le coût financier et humain des sécheresses, à l’occasion de la COP16 sur la désertification qui se déroule à Riyad (Arabie Saoudite).
Alors que la COP16 sur la désertification se déroule à Riyad jusqu’au 13 décembre, les Nations Unies publient un rapport en forme d’alerte sur les risques que font peser les sécheresses sur notre santé, notre planète et notre économie. Celles-ci ont déjà augmenté de près de 30% depuis 2000, à la fois en raison du changement climatique mais aussi de notre gestion non durable des terres et de la ressource en eau, qui est source d’aggravation de ses conséquences.
3 personnes sur 4 affectées par les sécheresses d’ici 2050
Aujourd’hui déjà, la sécheresse affecte près de 2 milliards de personnes par an, dont 85% vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Et les zones arides, en expansion, représentent plus de 40% des terres émergées. Mais d’ici 2050, ce sont trois personnes sur quatre dans le monde qui seront affectées par la sécheresse, alerte la CNULCD dans son Atlas mondial des sécheresses. Les sécheresses sont l’un des risques les plus coûteux et les plus mortels du monde, conclut la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Elles coûtent près de 300 milliards d’euros par an, au niveau mondial selon l’ONU.
Aucun pays, quel que soit sa taille, son PIB ou sa latitude n’est à l’abri, rappelle l’ONU. Une menace que semble enfin prendre au sérieux des pays qui jusque-là se considéraient non concernés. A Riyad, la France s’est ainsi déclarée « partie affectée » par la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse et va donc à ce titre devoir livrer à la Convention de l’ONU sur la désertification un diagnostic climatique en amont ainsi qu’un reporting sur les mesures prises tous les quatre ans,. Selon les données du comité scientifique français de la désertification, « environ 1 % du territoire » est affecté, notamment le pourtour méditerranéen, la Corse-du-Sud ainsi que la Réunion, la Guadeloupe et Mayotte.
L’effet domino des sécheresses sur l’économie
Plus largement, c’est toute l’Europe qui se voit affectée par les sécheresses. En 2018, celles-ci ont conduit à des pertes de récoltes allant jusqu’à 50% pour des céréales comme le blé ou le maïs. Et la production d’énergie en a également pâti. En 2022, l’Italie et le Portugal ont enregistré une baisse record de stockage d’énergie. Début 2024, la Catalogne touchée par une sécheresse historique amorcée à l’automne 2020, avait dû imposer des restrictions d’eau drastique en déclarant l’état d’urgence sécheresse pour 6 millions de personnes à Barcelone et sa ceinture métropolitaine…
L’effet domino des sécheresses sur notre économie est d’ailleurs l’un des points que souligne l’Atlas à travers ses multiples graphiques et cartes. Les sécheresses peuvent ainsi réduire la production d’hydroélectricité, provoquant une hausse des prix de l’énergie ou des pannes d’électricité. Elles peuvent aussi perturber le commerce international en raison des faibles niveaux d’eau qui rendent difficile le transport sur les voies navigables intérieures, comme on l’a vu avec le canal de Panama encore cette année.
La COP16 sur la désertification, une occasion historique pour notre résilience
Pourtant, de nombreux pays et secteurs ne sont pas préparés à faire face à la multiplication des sécheresses à venir et à leur intensification, notamment avec des « sécheresses éclairs ». A travers son atlas, la CNULD met ainsi « les gouvernements, les chefs d’entreprise et les décideurs politiques à tous les niveaux au défi de repenser radicalement la façon dont ils prennent des décisions et gèrent les risques de sécheresse ».
Nous avons désormais les connaissances et outils nécessaires (comme l’augmentation de la biodiversité mais aussi une meilleure gouvernance et gestion des terres et de la ressources en eau), « il est désormais de notre responsabilité collective et de notre intérêt de prendre des mesures pour un avenir résilient à la sécheresse », a résumé le secrétaire d’État espagnol à l’Environnement, qui co-préside l’Alliance internationale pour la résilience à la sécheresse (IDRA) avec Sénégal. Il faudra notamment pour cela enfin lier les différents enjeux, climat, biodiversité et eau jusqu’à présent traités en silo par les différentes COP.
Trois pistes d’action pour augmenter notre résilience aux sécheresses selon la CNULCD :
-Améliorer la gouvernance par exemple avec un systèmes d’alerte précoce; un régime de micro-assurance pour les petits agriculteurs, ou des systèmes de tarification différenciés de l’utilisation de l’eau
– Mieux gérer l’utilisation des terres par exemple avec la restauration des terres et l’agroforesterie
– Améliorer la gestion de l’approvisionnement et de l’utilisation de l’eau, par exemple,avec la réutilisation des eaux usées, la gestion de la recharge et la conservation des eaux souterraines.
Illustration : Canva