Chaque jeudi, Youmatter décrypte l’actualité RSE en chiffres. Cette semaine, on se penche sur le coût du changement climatique pour les entreprises. Et celui-ci risque d’être très élevé dans les années à venir, notent deux études du World Economic Forum réalisées avec les cabinets Accenture et BCG. Explications.
Le coût de l’inaction est bien plus important que le coût de l’adaptation. Au niveau macroéconomique, toutes les études le montrent. La démonstration est désormais faite au niveau des entreprises. Les entreprises qui ne s’adaptent pas aux risques climatiques tels que les chaleurs extrêmes pourraient perdre jusqu’à 7 % de leurs revenus annuels d’ici 2035, soit près de la moitié de l’impact du COVID-19, estime une étude publiée par le Word Economic Forum (WEF) avec Accenture, Business on the Edge: Building Industry Resilience to Climate Hazards. Voire plus de 12% en 2055. Parmi les secteurs les plus exposés : les télécommunications, les services publics et l’énergie. Leurs opérations et/ou approvisionnements sont en effet particulièrement sensibes aux vagues de chaleurouragans, sécheresses, feux de forêts et autres événements extrêmes qui vont se multiplier et s’intensifier avec le changement climatique
Les chiffres mis en avant dans le rapport donnent le tournis : le changement climatique a causé plus de 3,6 milliards de dollars depuis 2000 (rien qu’en 2024, les pertes économiques engendrées par les catastrophes naturelles s’élevent à 310 milliards de dollars selon les premières estimations du réassureur Swiss Re, soit +6% par rapport à 2023). Et encore, l’exposition des réassureurs pourrait être sous-estimée de 30 à 50% selon S&P Global.
Parallèlement, l’impact du changement climatique sur le PIB est de plus en plus revu à la hausse. En mai, un document de travail publié par deux économistes de Harvard et Northwestern, montrait qu’1°C de réchauffement climatique aurait un impact de 12 % sur le PIB mondial au bout de six ans (voir notre newsletter du 21 mai 2024). Soit six fois plus que ce qui était estimé par le rapport Stern de 2006. Si l’on n’agit pas, le PIB mondial pourrait chuter de 22 % en cumulé d’ici à 2100 dans le cas d’une trajectoire de réchauffement de plus de 3°C, avance désormais le BCG.
En savoir + : Les risques climatiques pesant sur les entreprises, en chiffres
19 $ de pertes évitées pour 1$ investi dans l’adaptation ou la décarbonation
Alors que l’augmentation des risques climatiques pourrait entraîner des pertes d’actifs immobilisés (stranded assets) et faire baisser les bénéfices, les entreprises peuvent-elles se permettre d’attendre ?, s’interroge faussement le WEF. Non bien sûr. Et pourtant, les entreprises ont tendance à sous-estimer l’impact financier de l’inaction face aux risques physiques et de transition et à surestimer le coût de l’action, regrette le WEF.
Dommage car celles qui investissent dans l’adaptation, la décarbonation et la résilience, cela paye. « Peu d’entreprises évaluent de manière exhaustive leur risques et réalisent des investissements d’adaptation adéquats d’adaptation » comme des mesures d’irrigation sobres (goutte à goutte) ou de protection contre les inondations, note le WEF et le BCG dans leur étude The Cost of Inaction: A CEO Guide to Navigating Climate Risk. « Mais celles qui le font et qui divulguent les rendements au CDP font état d’un retour sur investissement anticipé très positif ». En fonction des secteurs, elles évitent entre 2 dollars et jusqu’à 19 dollars de pertes pour chaque dollar dépensé.
Ces chiffres devraient inciter les entreprises à « développer une compréhension plus scientifique des risques auxquels elles sont confrontées » et à investir dans l’information et la prevention de ces risques souligne l’étude. De fait, « en abordant de manière holistique et systématique les risques et les opportunités liés au climat, les entreprises peuvent mettre en place des opérations plus solides et plus durables, sauvegarder et restaurer les écosystèmes, et favoriser la résilience économique et sociale à long terme dans un monde de plus en plus complexe et incertain », assure Gim Huay Neo, le directeur général du Forum économique mondial. Y a plus qu’à…
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