L’analyse de cycle de vie d’un téléphone portable montre que les émissions de gaz à effet de serre proviennent principalement de la fabrication du téléphone. Une étude de l’Ademe en 2008 révèle que la fabrication compte pour près de 80%, l’utilisation du mobile compte pour moins de 20%, et le transport pour quelques pour cents. Une autre étude de Nokia en 2009 révèle que le bilan carbone de leurs mobiles vient pour plus de 50% de la fabrication, plus de 30% de l’usage des mobiles et de leur fin de vie, et environ 20% pour le transport.
Déjà en 2008, il était souligné par l’Ademe que l’ajout de fonctionnalités (GPS, 3G, grand écran), l’intensité de l’usage ainsi que le renouvellement prématuré du mobile avaient des conséquences majeures sur l’analyse du cycle de vie du produit.
Aujourd’hui, selon Comscore (février 2011), 50% des ventes de mobiles vendus en France cette année seront des smartphones, représentant 12 millions d’unités, pour un parc total de smartphones d’environ 24 millions d’unités. D’ici quelques années, presque tous les utilisateurs seront équipés de smartphones à grand écran, connectés à Internet en haut débit, localisés par satellite…
Cette course à la technologie n’est pas sans conséquence sur l’environnement… et le consommateur commence à le percevoir. Toujours à cheval entre l’envie de bien faire et l’envie d’obtenir la dernière technologie, le consommateur choisit le choix de la technologie, faute d’offre en matière de choix « vert » en téléphonie.
Certes, des mobiles plus « verts » ont été lancés ces dernières années, alliant panneaux solaires et matières recyclées. Cependant, faute de proposition alléchante en terme de fonctionnalités ou technologie, ces mobiles n’ont jamais atteint de volumes de ventes suffisants et sont restés des coups de pub « verte » pour les constructeurs.
Et si les attributs verts pouvaient être à l’origine d’un avantage concurrentiel vis à vis d’un téléphone conventionnel ?
C’est le pari qu’a pris la compagnie de téléphonie mobile Sprint aux USA ces derniers temps en lançant plusieurs « green phones ». Cette fois ci, ils innovent en matière de prix et de fonctionnalité pour adresser un marché de masse en lançant le Samsung Replenish.
Un effort sur le plan environnemental…
Ce téléphone est composé de 82% de matière recyclable, pour 34% de plastique recyclé, sans PVC, phtalates ou retardeurs de flamme.
…sans compromettre la fonctionnalité…
A la différence des « green phones » précédents, ce téléphone propose des fonctionnalités dans l’air du temps, pour un design attrayant. Le téléphone tourne sur la plateforme Android, un écran tactile et un clavier, pour un prix agressif de 50$ pour l’acquisition du téléphone, et un forfait mensuel 10$ inférieur aux autres forfaits de Sprint. En option, le client pourra acheter un chargeur solaire pour 30$, à intégrer à l’arrière du téléphone.
…au service du client.
Le téléphone est livré avec le Sprint Green ID Pack, un pack de logiciels « green » préinstallés sur le téléphone pour sensibiliser les consommateurs au développement durable. Parmi ces logiciels nous retrouvons :
- Treehugger et GreenBiz : de l’information liée au développement durable
- iRecycle : une application pour mieux trier ses déchets
- Live Green et Seasonal Harvest Lite : un guide d’ecogestes et une information géolocalisée pour consommer des fruits et légumes de saison
- eBay Green et Light Bulb Finder : un guide sur la consommation responsable, la mise en avant de « green deals » ou la recherche de lampes à économies d’énergie
Quels bénéfices pour l’entreprise ?
Cette prise de risque paie. Selon le PDG de Sprint, les mobiles ont bien été vendu, malgré des oppositions internes à l’idée de lancer des green phones aux marchés de masse. En effet, les études attestaient que les consommateurs ne souhaitaient pas de green phones.
Les green phones, actuellement présents sur les moyennes gammes de téléphones, pourraient rapidement arriver sur le haut de gamme. L’objectif de Sprint est aujourd’hui d’élargir sa gamme pour obtenir des green phones à la pointe de la technologie, pour rivaliser face aux iPhone. Pour cela, la compagnie va rapidement rédiger des cahiers des charges plus stricts à l’égard des constructeurs.
A quand l’arrivée des green phones en France pour adresser le marché de masse ?
A voir aussi :
- Le téléphone mobile, une monnaie alternative ?
- Samsung vers une disparition des câbles électriques ?
- Les citoyens consommateurs souhaitent changer leur comportement
- De l’écologie… mais surtout du fun ! Le cas des green games
Source : Article initial de GreenBiz
Image : Screenshots site Sprint