Le 19 février est la Journée Internationale de la baleine. A cette occasion, nous revenons sur une problématique qui anime régulièrement l’actualité environnementale, celle de la chasse à la baleine et de la préservation de ces espèces menacées.
La chasse à la baleine est une pratique ancienne : elle était une coutume chez les basques il y a au moins 1000 ans, mais aussi chez les peuples scandinaves. Au Japon c’est également une pratique ancienne puisqu’on en fait mention dès le 8ème siècle. Enfin, chez les Inuits ou les peuples autochtones d’Amérique du Nord, elle faisait partie intégrante de la subsistance de la vie quotidienne puisqu’une grande partie des activités quotidiennes tournaient autour du commerce des peaux, de l’utilisation des graisses, et de la consommation de la viande.
La régulation de la chasse à la baleine
Pour la première fois en 1937, étant donné la surpêche et les difficultés des espèces de baleines à se reproduire, quelques pays vont signer à Londres l’International Agreement for the Regulation of Whaling afin d’encadrer les pêches commerciales. Quelques années plus tard, 15 pays signent la Convention Internationale sur la Régulation de la Chasse à la Baleine. En créant une « Commission Baleinière Internationale », cet accord marque le début de la régulation internationale de la chasse à la baleine. Des quotas sont progressivement mis en place, jusqu’en 1982 où un moratoire sur la chasse commerciale est adopté. Il entre en vigueur en 1986.
Certains types de chasses ont toutefois été autorisés par la Commission, notamment la chasse traditionnelle, qui sert de moyen de subsistance aux populations aborigènes (comme les Inuits), et la chasse scientifique.
La chasse à la baleine aujourd’hui : bientôt interdite ?
Quelques pays continuent aujourd’hui de chasser la baleine. C’est le cas notamment du Japon, de l’Islande, et de la Norvège, qui ont longtemps été culturellement attachés à ce type de chasse. Le Japon par exemple, bien qu’ayant accepté le moratoire en 1987, a continué à chasser sous le motif d’une chasse « scientifique ». En effet, la Convention de 1946 autorise la chasse aux cétacés lorsqu’elle sert des fins de recherche et d’étude scientifiques. Toutefois, la Commission n’ayant pas de pouvoir coercitif sur ses Etats membres, elle laisse aux Etats eux-mêmes le rôle de définir leurs quotas de pêche scientifique. Résultat, la pêche scientifique se transforme en pêche commerciale. C’est en tout cas ce qu’a estimé la Cour Internationale de Justice le 31 mars 2014, en condamnant le programme de chasse scientifique JARPA du Japon.
Néanmoins, les autres programmes de chasse du Japon sont toujours d’actualité, et le 30 novembre dernier, le pays annonçait la reprise de la chasse et l’envoi de navire baleiniers de recherche dans les eaux de l’océan austral notamment.
En Norvège et en Islande, pays qui n’ont pas ratifié le moratoire de 1986, les instances ministérielles nationales fixent elles-mêmes leurs quotas de chasse et continuent de pratiquer cette chasse en vertu de traditions culturelles. Ainsi, la Norvège annonçait en 2014 des quotas de 1286 baleines, bien que moins de la moitié aient été effectivement chassées.
Pourtant, aujourd’hui, ni les Norvégiens ni les Islandais ne mangent réellement de viande de baleine. De plus, la viande de baleine serait l’une des plus riches en métaux lourds, donc sa consommation présenterait des risques sanitaires pour l’homme… Leur chasse ne sert pratiquement qu’à alimenter les zones touristiques où ce sont des étrangers qui consomment. Le reste de la viande est envoyée au Japon où elle est plus consommée. Mais le marché est tellement peu lucratif, que les entreprises de ce secteur ont tenté de l’intégrer dans des nourritures pour chien de luxe…
Les baleines encore en danger ?
Jusqu’à aujourd’hui, le moratoire a permis de rétablir certaines espèces de baleines et de maintenir leur population. Par exemple, les baleines à bosse ne sont aujourd’hui plus sur la liste rouge de l’UICN des espèces en danger d’extinction, mais c’est toujours le cas de la baleine bleue d’Atlantique. En revanche, le rorqual commun et le rorqual boréal, qui constituent encore une partie substantielle des animaux chassés dans le monde, sont toujours considérés en danger.
De plus, le réchauffement climatique aurait des conséquences très néfastes sur la reproduction et la capacité de survie de ces mammifères marins. C’est notamment à cause de la prolifération des virus et des algues dans des océans aux températures et aux pH modifiés que les baleines seraient menacées.
Très récemment, plus de 300 baleines se sont échouées, mortes, sur les plages de la Patagonie chilienne (difficile de savoir exactement les causes de ce phénomène).
Si les baleines sont encore aujourd’hui menacées, la situation s’améliore, et les années à venir pourraient voir les efforts internationaux payer et la pêche se réduire et disparaître progressivement. Aujourd’hui, un consensus assez large au niveau mondial s’oppose à la chasse de ce mammifère : les ports européens en bloquent le commerce, l’Australie mène des actions juridiques internationales contre les pays qui chassent dans l’Océan Austral et des ONG, comme Sea Shepherd, se mobilisent quotidiennement pour empêcher les navires « scientifiques » de chasser.