Dans le cadre de leur démarche en développement durable, les dirigeants d’entreprise se voient généralement confrontés à la problématique suivante : faut-il prendre des mesures à court ou à long terme ? La réponse se trouve dans le guide du Conseil des Leaders du Réseau entreprise et développement durable.
Faut-il agir à court ou à long terme en matière de développement durable et de RSE ?
La tendance des entreprises est de prendre des mesures rapides afin de prioriser les investissements quantifiables. Et pourtant, en conciliant ces mesures avec des mesures pensées à plus long terme, on peut optimiser la valeur d’une entreprise. C’est ce que les chercheurs Ravia Souder, Greg Reilly et Rebecca Ranucci de l’Université du Connecticut, démontrent à travers une revue universitaire.
Le conseil des Leaders du Réseau entreprise et développement durable de Montréal, qui regroupe des organisations canadiennes exemplaires dans le développement durable, s’est appuyé sur cette recherche universitaire afin d’établir un guide pour les entreprises.
[box] Pour en savoir plus sur la RSE :
- Définition de la RSE [/box]
Focus sur le guide «Une réflexion à long terme dans un monde à court terme »
En 2015, le Conseil des Leader a publié un guide intitulé « Une réflexion à long terme dans un monde à court terme ». Cet outil s’adresse à toutes les entreprises qui s’interrogent sur les décisions à prendre à moyen et long terme dans une démarche en développement durable.
La première section qui éclaire sur la nature des mesures à court et à long terme. Puis la seconde section est consacrée à une méthodologie afin d’aider l’entreprise à opter pour les deux types de mesures. Le tout illustré par des retours d’expérience. Une manière donc de savoir comment concilier long terme et court terme dans une démarche de RSE et de développement durable.
RSE : mesures à court terme vs mesures à long terme
- Les mesures à court terme ont des retombées, économiques, sociales et environnementales immédiates. Elles sont prises dans des situations d’urgence, de crise ou de nécessité. Elles sont peu coûteuses et leur avantage est facilement quantifiable.
- Les mesures à long terme sont prises lorsque l’entreprise souhaite résoudre un changement de fond imprévu, ou investir dans l’innovation par exemple. Elles requièrent de la recherche, une planification et des ressources humaines et financières conséquentes. Leurs coûts élevés freinent donc les organisations dans leurs investissements. Les résultats attendus prendront plus de temps à se matérialiser. Néanmoins, elles garantissent une stabilité et le succès pour l’entreprise qui veut s’engager de manière durable.
La tendance actuelle
D’après les chercheurs du Connecticut, les entreprises actuellement optent plus pour des mesures à court termes pour les raisons suivantes :
- Assurer un rendement permanent au sein de la structure : les projets à long terme sont plus difficiles à évaluer financièrement.
- La pression des investisseurs qui souhaitent des rendements à court terme.
- Il est dans la nature humaine de vouloir des résultats immédiats.
Alors, que faire ?
L’analyse du Conseil des Leaders, c’est qu’en fait, les mesures à long terme importent autant que les mesures à court terme, et qu’il faut savoir concilier les deux. En tant que dirigeant d’entreprise, lorsque l’on met en place une démarche RSE, il n’est pas conseillé de prioriser un seul type de mesures. En matière d’économie d’énergie ou de gestion des déchets, des mesures simples seront plus appropriées aux enjeux. Mais si vous souhaiter réaliser des investissements dans la protection de l’environnement, l’innovation ou préserver ses relations avec les parties prenantes, optez pour des mesures à long terme.
Agir à court ou long terme en matière de développement durable : par où commencer ?
Comment choisir quels types d’investissements et de mesures doivent-être prises dans le cadre d’une stratégie RSE ? Voici les 3 étapes.
Etape 1 : Etablir un bilan des besoins de votre entreprise
En premier lieu, vous devez identifier les besoins de l’entreprise et ceux de vos parties prenantes. Les relations entretenues avec ces dernières peuvent être d’ordre partenarial comme conflictuel. La plupart du temps, les pressions exercées par ces parties font prendre des mesures à court terme. En développant une relation mutuelle vous établissez un lien de confiance et vous pouvez aisément partager leur souhait de se projeter sur du long terme.
Il est donc dans l’intérêt d’entreprendre un dialogue avec elles. Divers outils sont à la disposition des entreprises pour encourager ce dialogue, telles que les normes ISO 26000 ou BNQ 2100.
Après avoir identifié les besoins, vous devez évaluer son investissement en adoptant une mesure adaptée.
Etape 2 : Choisir des mesures appropriés aux besoins de votre entreprise
Afin de quantifier le rendement des mesures, le Conseil des Leader propose une matrice sous la forme d’un axe vertical qui représente le degré d’évaluation de la valeur de mesure et un axe horizontal qui correspond à la période de récupération des gains de court à long terme.
Illustration en matière environnementale : pollution, énergie et productivité.
Dans contexte environnemental par exemple, les mesures à court à terme peuvent être des mesures prises pour respecter les exigences réglementaires et éviter d’être sanctionné.
Quant aux mesures à long terme, elles peuvent être de nature préventive, améliorer l’utilisation de ses ressources pour réduire le risque de pollution et améliorer l’image de son entreprise. Avant de placer les mesures sur la matrice il est nécessaire d’évaluer les initiatives.
Etape 3 : La mise en œuvre des mesures
La mise en œuvre des mesures soulève la difficulté d’agir à long terme. Les mesures à long terme sont difficilement quantifiables et souvent sous-évaluées. Il est donc parfois difficile de faire valoir ce type de mesures auprès des investisseurs et des parties prenantes.
Pour assurer la mise en valeur de ces mesures, le Conseil des Leader préconisent l’utilisation d’outils comme The Clear Advantage (un outil de management international en environnement) ou encore The Sustainability Advantage de Bob Wiliard. Ces outils fournissent aux gestionnaires de la RSE dans les entreprises un vrai guide méthodologique afin d’identifier et de développer un plaidoyer efficace sur les mesures RSE de long terme.
Toutefois, pour les PME qui n’ont pas les ressources nécessaires pour utiliser ces outils, il est possible de construire sa propre analyse en incluant des indicateurs d’évaluation du progrès. Par exemple, la Commission Européenne a émis un guide pour la mise en place d’une vision RSE de long terme dans les PME, donnant un cadre méthodologique pour évaluer leurs activités et leurs décisions en matière de développement durable.
Au final, l’essentiel est de savoir choisir la mesure la plus appropriée à la situation à laquelle l’organisation fait face. En outre, il faut encourager les entreprises à se projeter sur du long terme et à assurer un engagement soutenable en plus des mesures de court terme.
Alors, prêts pour penser long terme ?