Et si l’augmentation des températures devenait si gênante qu’elle nous empêche de travailler ? Quel est l’effet du réchauffement climatique sur notre productivité au travail ? Quand la chaleur nous rend inapte au travail…

On sait déjà que le changement climatique a des conséquences graves sur les entreprises. L’augmentation des risques climatiques et des évènements météorologiques extrêmes risque de poser problème à de nombreux acteurs privés, en pesant à la fois sur les supply chains, les infrastructures et dont, les profits. Mais le seul fait de voir les températures augmenter pourrait bien affecter directement la productivité des entreprises. C’est en tout cas ce que révèle une étude publiée au sein d’un corpus de recherche mené par les Universités des Nations Unies, qui a analysé l’effet de l’augmentation des températures sur la productivité dans 43 pays.

Quand la température affecte la productivité des entreprises et de leurs salariés

D’après cette étude, l’augmentation de la température rendrait le travail plus difficile. Le stress physique lié à la chaleur ferait baisser la productivité des salariés, et donc la productivité des entreprises. Résultats, avec une augmentation des températures terrestres moyennes de 1.5 à 3 degrés d’ici 50 à 100 ans, il se peut que les entreprises soient moins efficaces.

Bien-sûr, tous les pays ne devraient pas être touchés de la même manière par cette nouvelle réalité climatique. Ce sont les régions où il fait déjà le plus chaud qui seront le plus affectées : en tête, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique ou encore l’Amérique du Sud. Dans tous ces pays, des conditions de chaleur exacerbées couplées parfois avec de l’humidité devraient rendre le travail plus difficile et donc faire baisser la productivité des salariés. En Inde par exemple, on estime que d’ici à 2030, il y aura environ 195 jours de chaleur caniculaire par an. Dans ces conditions, difficile de travailler à pleine capacité, notamment pour les travailleurs ne pouvant pas bénéficier de locaux climatisés ou de conditions de travail plus favorables. Les chercheurs s’attendent donc à des réductions de PIB pour les pays les plus touchés.

Jusqu’à 6% de PIB perdus pour les Tigres Asiatiques comme la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie ou les Philippines sont prévus d’ici 2030 à cause de la perte de productivité liée au changement climatique. Ces pays qui sont aujourd’hui parmi les plus dynamiques économiquement seront donc aussi les plus touchés par le phénomène.

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Les géants économique chinois et indiens devraient à eux sels perdre l’équivalent de 450 milliards de dollars de revenus à cause de la chaleur liée au réchauffement climatique.

Les entreprises européennes et américaines également touchées ?

D’après les résultats de l’étude, les pays européens et américains devraient subir assez peu les conséquences du réchauffement climatique sur la productivité. En effet, dans les climats tempérés comme le climat français, une augmentation des températures devrait avoir relativement peu de conséquences sur la capacité de production des salariés. Les chercheurs prévoient néanmoins une perte de 0.2% du PIB des Etats-Unis directement liée à la chaleur d’ici à 2030. La France, l’Allemagne et la majorité des pays d’Europe de l’Ouest en revanche ne devraient pas subir de pertes.

Mais cela ne veut pas dire que les entreprises européennes ou américaines ne sont pas touchées. En effet, si ces entreprises ont leur siège social en France, la majorité de leurs activités ont désormais lieu à l’étranger. On sait par exemple que les géants de la téléphonie mobile comme Apple (entreprise américaine) ou Nokia (entreprise finlandaise) ont une grande partie de leur supply chain et de leurs usines à l’étranger. Or, c’est précisément dans les pays où la température aura le plus d’impact que sont localisées ces moyens de production. Si la productivité des salariés baisse dans les usines de ces entreprises en Asie du Sud-Est, cela devrait à terme avoir de lourdes conséquences sur la production globale de l’entreprise.

De plus, dans un système économique globalisé, le ralentissement de la croissance du PIB dans les pays en développement comme la Chine ou l’Inde, qui constituent des marchés extrêmement importants pour les entreprises européennes, aura forcément un impact sur le dynamisme économique occidental.

productivite chaleur caniculeLes grands gagnants du réchauffement climatique : les pays froids

Au contraire, certains pays devraient bénéficier de l’augmentation des températures. Logiquement, les pays les plus froids devraient bénéficier d’un climat plus favorable et de conditions de travail plus adaptées. Leur productivité augmentera donc légèrement. Mais cela ne concerne que quelques pays comme la Russie, qui devrait voir son PIB augmenter de 0.2% grâce à la hausse de la productivité (soit l’équivalent de 15 milliards de dollars de revenus supplémentaires). La Suède ou la Norvège devraient également bénéficier d’un léger effet positif : autour de 950 et 650 millions d’euros de revenus supplémentaires générés grâce à la hausse de la productivité des salariés.

Au final, le réchauffement climatique devrait donc malgré tout avoir des conséquences très négatives sur la capacité des entreprises à produire des bénéfices économiques. On estime qu’au total, 2 000 milliards d’euros devraient être perdus d’ici à 2030 uniquement à cause de la perte de productivité liée à l’augmentation des températures. C’est l’équivalent d’une année entière de la production économique globale de la France. Et il faudrait encore ajouter à cela les multiples conséquences du changement climatique sur les entreprises : dommages collatéraux liés à la multiplication des évènements météorologiques extrême, coût de l’adaptation au changement climatique, hausse des consommations électriques, raréfaction de certaines ressources…

 

Une raison de plus pour les entreprises de se préoccuper d’un problème qui devrait les toucher assez durement.