La durée du jour baisse, l’intensité lumineuse aussi. L’automne nous invite à nous adapter à ce changement d’éclairage naturel, une modification temporaire de nos conditions de vie quotidienne à ne pas négliger.
La lumière : un besoin vital
Le rayonnement solaire est la principale condition de la vie sur terre : végétaux et animaux en dépendent. Sur nos organismes humains, il agit directement par 2 voies : les yeux et la peau.
Notre vie quotidienne est cadencée par l’alternance jour/nuit, sur laquelle nous calquons plus ou moins notre rythme activité/repos. Physiologiquement, la lumière du jour permet de réguler notre rythme circadien : lorsque la rétine est exposée au rayonnement solaire, elle bloque la production de mélatonine par la glande pinéale. Lorsque la nuit tombe, l’information est envoyée à la glande pinéale de libérer cette hormone du sommeil afin d’induire l’endormissement et la récupération nocturne. Le manque de lumière dans la journée peut ainsi entraîner simultanément somnolence diurne et insomnie nocturne.
Cet impact lumineux sur le sommeil et le rythme circadien régule plus largement notre activité hormonale. A titre d’exemple, l’exposition à lumière matinale réduirait même le risque d’obésité et « pèserait » pour 20% dans l’indice de masse corporelle !
Au niveau de la peau, le rayonnement solaire permet la synthèse de la vitamine D à partir du cholestérol. On n’en finit pas de découvrir les fonctions de cette « supervitamine » sur notre organisme : sur le système ostéo-articulaire d’une part, elle favorise l’absorption du calcium et intervient dans la croissance osseuse ; sur le système immunitaire d’autre part, elle lutte contre la grippe mais elle inhibe également les tumeurs et prévient le risque de maladies auto-immunes ; sur le système nerveux, la carence de vitamine D fait le lit des maladies neurodégénératives.
Enfin, last but not least, mélatonine comme vitamine D, par des mécanismes distincts, réduisent les risques de dépression, notamment saisonnière.
Lumière et travail ? Comment la lumière affecte notre travail
D’une manière générale, les scientifiques confirment que la lumière du jour influence l’état de santé et de bien-être des actifs. Les salariés qui travaillent dans un espace équipé d’ouvertures sur l’extérieur bénéficient d’une plus grande vitalité et d’un meilleur sommeil que ceux privés de fenêtres. Le spectre lumineux de la lumière artificielle est différent de celui de la lumière du jour.
D’ailleurs, le Code du Travail prévoit deux obligations en matière de lumière naturelle (art. R 4213 – 2):
- la conception des bâtiments doit prévoir l’utilisation de la lumière naturelle pour éclairer les zones de travail, sauf dans les cas où la nature technique de l’activité s’y oppose
- Le Code du Travail va même plus loin en définissant également une exigence en matière de vue sur l’extérieur : les locaux destinés au travail doivent comporter à hauteur des yeux des baies ouvrant sur l’extérieur, sauf en cas d’incompatibilité avec la nature des activités là encore.
Et comme souvent, lorsque des effets vertueux sur la santé sont enregistrés, le même facteur améliore aussi les performances au travail : ainsi, de hauts niveaux de luminosité diurne augmentent plus particulièrement la capacité d’attention et la mémoire court terme[1].
Dans la pratique, de nombreuses activités professionnelles ne permettent pas de répondre à ces besoins fondamentaux, du fait de leur localisation particulière : centres commerciaux, locaux industriels, parkings et transports souterrains… Et plus généralement, il n’est pas simple d’assurer un éclairage naturel identique pour tous dans les immeubles de bureaux, notamment lorsqu’ils sont organisés en open space.
Des solutions éclairantes pour être mieux grâce à la lumière
De novembre à mars, départ matinal et retour nocturne nous plongent dans une obscurité permanente. L’humeur, la qualité du sommeil peuvent en être perturbés, la régulation hormonale comme le système immunitaire également.
Avez-vous songé à déménager vers des latitudes équatoriales, aux rythmes jour / nuit équilibrés toute l’année !? En dehors de cette idée lumineuse mais quelque peu radicale, comment compenser la diminution de la durée du jour ou l’absence de lumière naturelle au travail ?
Premier réflexe à adopter : sortir autant que possible même si la température est fraîche ou que le ciel est gris. Associez une pause lumière à votre pause déjeuner. Optez pour un sport qui se pratique dehors. Choisissez les places proches des fenêtres dans les salles de réunion, restaurants… Préférez le bus au métro.
A votre domicile, éclaircissez la couleur des murs, placez des miroirs aux endroits stratégiques pour réfléchir les rayons du soleil.
Si vous êtes très sensible à la baisse de luminosité saisonnière ou que vous travaillez dans un local sans fenêtre, la luminothérapie peut vous être particulièrement bénéfique, grâce à des séances de 15 à 30 mns par jour.
En ce qui concerne la vitamine D, le rayonnement solaire est bien trop faible sous nos latitudes de novembre à avril, les stocks constitués pendant l’été sont épuisés 3 mois après la saison chaude et les sources alimentaires sont pratiquement inexistantes. Une seule chose à faire alors pour éviter de faire partie des 8 Français sur 10 en déficit : se supplémenter par des gouttes quotidiennes de vitamine D3 ou programmer ses vacances au soleil !
En somme, comme nous fonctionnons à l’énergie solaire, profitons de chaque rayon de cette énergie renouvelable quand elle se fait plus rare, pour faire le plein de vitalité tout l’hiver.
[1] Etude Daylight, A study of office worker performance and the indoor environment – Lisa Heschong, Heschong Mahone Group, Californie – 2003