Pour intégrer la RSE et en faire un levier de performance dans les entreprises (et en particulier les PME) il faut une comptabilité adaptée, avec des indicateurs permettant de visualiser la « performance globale ».
Les entreprises et en particulier les PME peuvent profiter du développement durable en tant que levier d’innovation.
Pour parvenir à leur performance, les PME ont tout interêt à appréhender leur stratégie en RSE d’une manière globale. C’est ce qu’on appelle la performance globale. Afin d’aider les entreprises dans la quête de cette performance globale, des organismes ont développé des outils axés sur la comptabilité.
Qu’est ce que la performance globale ?
« Une entreprise qui agit d’une façon responsable réalise une performance globale lorsqu’elle atteint les objectifs fixés en concertation avec ses parties prenantes sur les dimensions sociale, environnementale, économique et sociétale de la RSE » (définition donnée dans le rapport de France Stratégie « RSE, performance globale et compétitivité » p. 8).
On parle aussi de « performance élargie, durable, soutenable ou intégrée ».
En optant pour une approche globale, l’entreprise peut prendre en compte les impacts positifs et négatifs de son activité sur l’environnement et sur la société. Néanmoins, la performance globale n’est pas un choix automatique. L’entreprise aura tendance à privilégier la performance économique ou celle de celui qui la dirige.
Performance économique, performance personnelle du dirigeant et performance durable
On peut dresser une typologie de la performance comme suivante :
- La performance économique se consacre avant tout à la croissance et à la santé financière de la structure. Elle s’intéresse à la satisfaction du besoin de la clientèle et à la qualité du produit ou du service rendu.
- La performance personnelle du dirigeant est axée sur la reconnaissance sociale, le patrimoine personnel et la qualité de vie.
- La performance durable repose sur un équilibre entre la santé financière de l’entreprise, la gestion respectueuse de l’activité au regard de l’environnement et l’implication sociale.
France Stratégie a rendu un rapport en mars dernier intitulé « RSE, performance globale et compétitivité ».
L’étude fait un état des lieux de la performance globale auprès des PME, TPE et ETI ( Entreprises de Taille Intermédiaire), et des outils utilisés dans le cadre de la performance globale. Le rapport préconise des pistes de réflexion au regard des travaux menés. Retour sur ce rapport.
Une représentation de la performance globale par la comptabilité
L’étude met en avant l’importance de la comptabilité et de l’expert-comptable dans la stratégie RSE.
- Un langage financier incomplet
L’entreprise a dans un premier temps, tendance à quantifier son activité et donc se diriger vers une approche essentiellement économique. L’étude sur le capital humain a permis de démontrer un lien entre la performance globale et la finance. Mais privilégier le langage financier reste insuffisant. Une des préconisations du rapport est de compléter l’approche financière par une approche monétaire, quantitative et qualitative. Et ce, afin d’établir un dialogue social avec les parties prenantes dans le milieu de la comptabilité.
- Agir à l’échelle de son territoire
Les normes comptables sont modulables d’un territoire à l’autre. L’entreprise a intérêt à prendre en compte son territoire comme échelle d’actions. C’est aussi une échelle qui permet de mieux intégrer ses parties prenantes externes et internes dans le dialogue social de sa performance.
Des outils inadaptés aux moyens des PME
Pour mener à bien leur stratégie territoriale, les entreprises bénéficient de divers outils susceptibles de sensibiliser, former et accompagner avec efficacité les structures. On peut notamment compter sur :
- Le tableau de bord: le Balanced Scorecard est un bon outil de pilotage de la performance globale ;
- l’outil de base carbone
- Des guides pour la vérification externe des différents indicateurs RSE .
Néanmoins, ces outils sont pour la plupart destinés aux entreprises ayant les moyens de financer un accompagnement personnalisé pour une bonne maîtrise du fonctionnement de ces outils.
L’ADEME a mis en place un outil en comptabilité afin d’informer les PME et les TPE sur les aides financières existantes afin de mobiliser les entreprises et les accompagner dans leur démarche RSE.
La performance durable avec le kit enviro-compta
Fin 2012, l’ADEME a mobilisé des experts-comptables de l’Ordre des experts-comptables pour développer un kit enviro-compta à disposition des PME. En mobilisant ces acteurs, l’ADEME souhaite créer un dialogue entre les experts de la finance et les professionnels du développement durable.
- Un outil de sensibilisation facile d’utilisation
Comme la RSE n’est pas une priorité pour les experts-comptables, cet outil a été conçu avec des documents connus de ces experts. C’est un outil de vulgarisation.
Il a pour utilité d’informer et de sensibiliser les experts-comptables des risques environnementaux et des conséquences sociales et sociétales.
En effet, une trentaine de questions fermées permettent d’identifier rapidement les enjeux et risques environnementaux. Ce questionnaire est à faire remplir par l’expert-comptable de l’entreprise.
- Que comprend le kit enviro-compta ?
Plusieurs documents constituent le kit :
- Une note de présentation de l’outil à destination de l’expert-comptable
- Un diaporama que l’expert peut utiliser pour informer sa clientèle et ses collaborateurs
- Une plaquette d’accompagnement du diaporama
- Un dossier de travail sous le format Xcell : un dossier pédagogique construit de façon à intégrer les saisies essentielles, avec des onglets informatifs « en savoir plus » et une feuille de travail. C’est un modèle connu par les experts-comptables. De plus, le kit fait l’objet d’un code de couleurs qui permet de visualiser rapidement les données.
- Comment les experts-comptables vont-ils pouvoirs agir?
Une fois que les experts ont pris connaissance de ce kit, ils vont pouvoir proposer plusieurs missions de tout ordre, allant du conseil à l’accompagnement, ou tout simplement des missions exigées par la législation :
- Attestation vers un éco-organisme.
- Établissement d’un bilan des émissions à gaz à effet de serre.
- Vérification des informations sociales, sociétales et environnementales : norme ISO 14001, droit d’alerte, Plan de déplacement, cartographie des risques, analyse des achats responsables, cycle de vie des produits.
- Établissement d’informations extra-financières dans un objectif d’initiation à une stratégie en RSE : performance énergétique dans le bâtiment, priorisation des charges pour démanteler ou de la pollution des sols.
- Mise en conformité avec la réglementation : réglementation Reach.
- Information et accompagnement dans les demandes d’aides d’investissement et de subventions : investissement vert.
- Information des taxes existantes : TGAP (Taxe générale des activités polluantes), TVS (Taxe sur les véhicules de sociétés)
- …
L’ADEME a identifié l’expert-comptable comme un acteur clé dans la stratégie en RSE. Les premiers retours du kit enviro-compta sont positifs mais il est trop tôt pour disposer de véritables statistiques quant à son utilisation. De plus, c’est un outil qui prend plus en compte l’impact environnemental que social.
Vers une comptabilité adaptée à la RSE et à la performance globale
Le développement durable ne doit pas être seulement un outil de bonne conscience. La RSE est un facteur de performance globale pour l’entreprise. En effet une entreprise qui s’engage dans une stratégie en RSE, est en mesure de gérer et maitriser les risques.
La recherche de la performance globale met en lumière le rôle important de la comptabilité et de ses acteurs. Avec le kit enviro-compta, ce dernier détient une responsabilité et un devoir d’information auprès de ses clients et de ses collaborateurs.