Les produits plus durables se vendent mieux auprès des consommateurs ! Les études le prouvent : il est grand temps que les industriels se mettent à ce nouveau marché de produits à la fois plus durables et plus responsables.
En France et partout dans le monde, la consommation responsable est de plus en plus tendance. On parle de consommation écolo, de commerce équitable, de consommation locale ou encore d’achats plus durables, les labels et les certifications pour des produits plus responsables se multiplient et un marché est en train de se développer sur ce secteur.
Malgré tout, les choses vont encore trop lentement. Si les industriels et les fabricants commencent à se mettre à niveau et à proposer des produits plus responsables, la pratique est encore loin d’être généralisée. Beaucoup estiment même que la tendance de la consommation responsable est au mieux une niche, et qu’un marché à grande échelle avec des produits plus responsables est intenable économiquement. Une étude publiée en 2009 dans Reflets et Perspectives de la vie économique concluait ainsi que malgré la tendance, la consommation responsable restait limitée car elle était trop chère, trop contraignante, peu commode dans la vie quotidienne, et que de ce fait, les consommateurs n’étaient pas prêts à s’y mettre.
La consommation responsable est-elle dès lors vouée à l’échec ? Le « marché » de la consommation responsable est-il condamné à rester une niche face à des consommateurs réticents à renoncer à certains critères d’achats (prix, confort, commodité) ? Une étude récente affirme l’inverse : au contraire, les consommateurs seraient prêts à acheter des produits plus responsables, et notamment des produits plus durables, moins soumis à l’obsolescence programmée.
Des consommateurs prêts à acheter des produits durables…
L’étude, publiée en mars 2016 sous l’autorité du Comité économique et Social Européen, a été menée par l’agence Sircome, l’Université de Bretagne Sud et l’Université de Bohème du Sud. Son idée était de savoir comment les labels de durabilité et de responsabilité des produits affectaient leur succès auprès des consommateurs. Pour cela, les chercheurs ont créé un faux site de vente en ligne (ILICO) sur lequel était placé différents produits à vendre. Près de 3000 participants issus d’un échantillon représentatif de plusieurs régions européennes se sont rendus sur le site pour faire leur panier d’achat. Une fois leur panier validé, les participants ont répondu à diverses questions sur leurs choix d’achats.
Les résultats montrent clairement que les consommateurs sont en attente de produits plus durables. Lorsque les consommateurs sont informés qu’un produit a une durée de vie plus élevée (par exemple grâce à un label), ses ventes augmentent de 56% en moyenne. Sur certains produits, la tendance est encore plus marquée : c’est notamment le cas des valises (+128% de vente) ou des imprimantes (+70%), mais aussi pour les produits les plus chers, pour lesquels les consommateurs exigent une durée de vie renforcée !
Cela tend à prouver que les consommateurs accordent de l’importance aux critères de durabilité dans leurs choix d’achats. Et cela confirme ce que d’autres études avaient déjà prouvé : une majorité de consommateurs trouveraient utile d’avoir plus d’informations sur les qualités de ce qu’ils achètent (du point de vue de leur durabilité mais aussi de leur impact sur l’environnement et sur la société)
Et à payer plus cher pour des produits qui durent
Mais ce n’est pas tout. 90% des participants déclarent qu’ils seraient prêts à payer plus cher pour acheter un lave-vaisselle qui dure plus longtemps par exemple. En moyenne, ils déclarent être prêts à payer jusqu’à 102 euros de plus pour un lave-vaisselle plus durable qui se situerait dans une gamme de prix comprise entre 300 et 500 euros. Et d’autres termes, ils sont prêts à payer jusqu’à de 20 à 30% plus cher pour un produit qui dure plus longtemps !
C’est un vrai indicateur pour les professionnels car cela signifie que le marché est en train de se transformer. La prise de conscience des consommateurs est de plus en plus forte, et la recherche d’une logique de consommation plus durable se renforce. 80% des sondés (95% des français) estiment à ce sujet que les producteurs et les fabricants ont une responsabilité « forte à très forte » dans la durabilité des produits qu’ils vendent. Ils attendent donc d’eux qu’ils agissent sur ce critère. Malgré tout, les consommateurs semblent également conscients de leur propre responsabilité : 68% estiment avoir eux-mêmes un rôle à jouer dans la longévité des produits qu’ils achètent.
Un marché de consommation durable encore limité mais en pleine croissance
Il faut toutefois noter que ces tendances ne sont pas homogènes chez les consommateurs. Ainsi, les français sont plus influencés par le critère de durabilité des produits (les ventes augmentent de 118% avec un label de longévité garanti) que les Belges (+45%) ou les Espagnols (+32%). Les acheteurs les plus influencés par le critère de la durabilité sont aussi des femmes, entre 25 et 35 ans, avec un revenu globalement plus élevé que la moyenne et concernées par les problématiques de défense de l’environnement.
Mais ces acheteuses et acheteurs qui aujourd’hui ne sont peut-être pas la majorité seront les « responsables des achats » (comme le définit Médiamétrie) de demain, ceux qui inculqueront ces tendances d’achats à leurs enfants et constitueront le marché du futur. C’est donc une tendance d’avenir, qui promet de se développer de façon importante dans les années à venir.
D’où l’intérêt pour les industriels et les entreprises de travailler à fabriquer des produits plus durables, et surtout à le faire savoir à leurs consommateurs, en communicant mieux et avec transparence.