Qu’est-ce que le bonheur ? Quels en sont les critères ? Qu’est-ce qui est important pour les jeunes aujourd’hui et qu’est-ce qui les rend heureux ? Une large étude menée par Génération Coyabe donne la réponse. Alors, les jeunes en France sont-ils heureux ? Et qu’est-ce qui les rend heureux ?
Qu’est-ce que le bonheur ? Existe-t-il vraiment ? Comment l’atteindre ? L’argent fait-il le bonheur, ou est-ce la famille, la santé, l’épanouissement ? Autant de questions qui animent depuis longtemps l’esprit humain, auxquelles toutes les idéologies ont tenté d’une façon ou d’une autre de donner une réponse, des questions que chacun, un jour, s’est peut-être posé.
Et Génération Cobaye vient peut-être de donner une réponse. Pendant près de 8 semaines, 53 000 jeunes entre 18 et 35 ans ont été interrogés sur leur conception du bonheur, les choses qui les rendaient heureux et les épanouissaient. Ils ont pu dire s’ils étaient heureux ou non, et ce qui pourrait les rendre plus heureux. Ainsi, après compilation des résultats, on obtient un tableau de ce que signifie le mot « Bonheur » pour un jeune de moins de 35 ans aujourd’hui en France. Voici quelques uns des résultats
Des jeunes heureux, mais critiques et insatisfaits
Le premier constat, c’est que dans l’ensemble, les jeunes sont plutôt heureux en France. 85% des jeunes se déclarent heureux. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’ils sont satisfaits de tous les aspects de leur vie. Au contraire, les jeunes, ceux de la Génération Y, sont très critiques vis-à-vis du système social, de nos modes de vie et de travail. Ainsi, 75% des jeunes français disent ne pas avoir confiance en l’avenir de la France. Il faut dire que les jeunes sont les principales victimes de la crise économique : 25% d’entre eux sont au chômage et cela se ressent dans leur conception de la vie. Près de 90% des jeunes déclarent ainsi que la société française est à la fois inégalitaire, et que les richesses sont mal distribuées. Les jeunes sont aussi globalement pleins de désillusions sur le monde politique et institutionnel. Ils sont près de 87% à estimer que l’électeur en France n’a pas un réel pouvoir de décision démocratique. 84% des jeunes estiment que la mondialisation ne favorise pas forcément le bonheur de tous. Près d’un jeune sur deux considère d’ailleurs que sa génération vivra probablement moins bien que celle de ses parents, un déclassement qui est d’autant plus fort chez les jeunes issus de milieux défavorisés (61% d’entre eux estiment qu’ils font partie de ceux qui ont le moins de chance d’être heureux dans la vie).
D’ailleurs, beaucoup de sujets inquiètent les jeunes : la dégradation de l’environnement est le sujet le plus inquiétant pour l’avenir pour 37% des jeunes, suivi de l’extrémisme politique (35%) et du trop grand pouvoir des multinationales. Cela prouve que la Génération Y a un regard à la fois critique et pragmatique sur les dérives de notre modèle social. Ils semblent penser que l’on doit évoluer vers une société plus démocratique, plus participative, plus juste, qui respecte mieux l’environnement et donne sa chance à chacun. Et ils prennent d’ailleurs leur part de responsabilités puisqu’ils sont 97% à dire qu’il est nécessaire (46%), voire vital (51%) de s’investir au quotidien pour faire évoluer les choses positivement. Près d’1 jeune sur 2 déclare s’être engagé dans une association locale, humanitaire, sociale, sportive ou culturelle et en avoir tiré de l’épanouissement. 83% voudraient d’ailleurs s’investir encore plus pour participer à la construction de la société de demain.
Qu’est-ce que le bonheur chez les jeunes ? Quels sont les critères du bonheur ?
Malgré ces inquiétudes, les jeunes restent globalement heureux : ils sont 61% à se dire satisfaits de leur vie, en dépit de nombreuses contraintes économiques ou sociales. C’est la preuve que pour les jeunes français en 2016, le bonheur ne tient pas nécessairement à la richesse, à l’argent ou au succès au travail. Au contraire, les critères les plus importants pour être heureux seraient pour eux dans l’ordre la santé, l’amour, la famille et les amis. Le niveau de vie n’arrive qu’en 8ème position, notamment derrière les loisirs ou le cadre de vie !
Le bonheur au travail plus important que le salaire ou la carrière
D’ailleurs, 75% des jeunes disent travailler dans un domaine qu’ils ont choisi, et 62% des jeunes se disent déjà satisfaits de leur salaire. Ce qui est primordial pour les jeunes, c’est plutôt que leur travail ait un sens (79%), que ça soit une passion (75%) et qu’il soit utile à la société (59%). Au contraire, une majorité (78%) considère que gravir les échelons n’est pas essentiel au bonheur, et que gagner beaucoup d’argent n’est pas important (89%). Enfin, 81 % considèrent que l’équilibre vie privée / vie professionnelle est primordial dans la vie ! Dans le domaine du management, les jeunes plébiscitent des supérieurs « motivants » « compétents » et attentifs ». Plus d’un salarié sur 2 considère que le travail nomade et le télétravail sont importants, voire primordiaux (8%).
Encore une fois, on voit donc que la Génération Y défend des valeurs différentes de celles des générations précédentes. Le succès financier et professionnel passe désormais au second plan derrière d’autres critères : la reconnaissance, l’indépendance, l’autonomie, la bonne ambiance avec les relations professionnelles (primordiale pour 67% des jeunes).
Cela est bien résumé par leur semaine de travail idéale : 32 heures de travail par semaine, 10 semaines de vacances par an, et 2000 euros nets par mois.
Le bonheur et la santé chez les jeunes français en 2016
La santé est l’enjeu principal pour être heureux d’après l’étude. De ce fait, les jeunes accordent beaucoup d’importance à la protection de leur santé. Ils sont 71% à accorder une importance primordiale à leur protection sociale. 67% des jeunes disent agir pour préserver la santé, dont 13% qui déclarent faire « le maximum ». 65% des jeunes disent manger sainement et 47% feraient de l’activité physique régulièrement. Une majorité ne fume pas, ne prend pas (ou rarement) des drogues et adopte un mode de vie relativement sain.
Malgré tout, 60% des jeunes se disent stressés par un mode de vie trop fatiguant (53% estiment ne pas dormir assez). Ils sont aussi nombreux à consommer régulièrement de l’alcool, ce que l’on peut mettre en relation avec le grand appétit des jeunes pour la sociabilité.
Être heureux : c’est quoi ? Vers la fin du culte du matérialisme, de la voiture et de la propriété
Ce que l’on constatait déjà par leurs valeurs de travail se confirme dans le mode de consommation des jeunes de la Génération Y. En effet, la majorité d’entre eux juge qu’acheter fréquemment de nouvelles choses est inutile ! Ils ont le sentiment de posséder presque tout ce dont ils ont besoin. Parmi les objets dont les jeunes disent ne pas pouvoir se passer pour bien vivre, pas de voiture, d’objets très chers ou d’accessoires de mode, mais simplement un smartphone, une connexion wifi et un ordinateur. Ce sont là les outils d’une vie nomade, connectée, et sobre.
D’ailleurs, les jeunes préfèrent l’expérience à la possession. Ils voyagent beaucoup (55% voyagent au moins 5 fois par an, jusqu’à plus d’une fois par mois), et leurs loisirs préférés sont d’abord de passer du temps avec leurs amis et leurs familles, puis de voyager, et enfin de créer (bricoler, faire de la cuisine…). Une majorité de jeunes n’envisage pas de devenir propriétaire : 54% des jeunes considèrent qu’il n’est pas essentiel de posséder son logement, 38% jugent même que ce n’est pas important du tout. Seule une petite minorité de 8% juge qu’il est essentiel d’acheter une maison et d’être propriétaire.
Les 3 critères les plus importants du cadre de vie idéal d’un jeune de la génération Y ne sont au final pas liés à la matérialité. Il s’agit d’un cadre qui protège son environnement et ses espaces naturels, un cadre proche du lieu de travail mais aussi de la vie sociale et culturelle.
L’importance des relations sociales, familiales et amoureuses pour le bonheur au quotidien
Enfin, le plus important pour le bonheur des jeunes, juste derrière la santé, ce sont bien sûr les relations humaines. Les jeunes accordent énormément d’importance aux relations sociales, et plus celles-ci sont fortes et fréquentes, plus les jeunes sont heureux.
Le couple, l’amour, le sexe sont aussi parmi les critères les plus fortement corrélés au bonheur chez les jeunes.
Quelle est la définition du bonheur ? Les jeunes ont répondu !
Au final, on voit que les critères du bonheur chez les jeunes correspondent à un certain mode de vie. Peu préoccupés par l’argent, l’accumulation de richesses, la performance et le succès au travail, les jeunes voient plutôt dans la vie sociale et culturelle, dans la santé, la famille et les amis les clefs d’une vie heureuse. Ils valorisent plus la protection de l’environnement, la justice sociale, l’équilibre vie privée / vie professionnelle et moins les valeurs traditionnelles souvent associées aux générations précédentes (être propriétaire, avoir sa voiture, réussir sa carrière).
Une génération plus altruiste, moins centrée sur sa réussite ? Sans doute ! Plusieurs études tendent à montrer que la jeune génération cherche à promouvoir des valeurs plus fortes d’humanisme et de responsabilité. Et vu les défis auxquels cette génération va faire face, elle en aura probablement bien besoin !