Un petit test amusant à faire un de ces jours où vous vous promenez à pieds sur nos côtes : demandez donc à un passant s’il connaît la SNSM. Il y a fort à parier que cet acronyme lui soit totalement inconnu ! Renouvelez l’expérience dans un port : la réponse sera radicalement différente.
La Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) est une véritable institution pour les gens de mer, avec toutefois un déficit d’image et de moyens complètement paradoxal vu l’importance des missions dévouées à cette association. La SNSM c’est ni plus ni moins que les anges gardiens des mers : ce sont eux qui veillent sur les plaisanciers et les professionnels une fois en mer, en risquant leur vie pour préserver la nôtre. Chargé du secours maritime, l’immense majorité des sauveteurs sont des bénévoles, prenant sur leur temps libre pour exercer cette mission de service public. Pour fêter les 50 ans de cette institution 2017 à été déclarée « année de la SNSM » par le Premier Ministre Bernard Cazeneuve : de quoi faire bouger les choses ?
SNSM : la solidarité des gens de mer en action
La SNSM ne prit la forme qu’on lui connaît qu’en 1967, en rassemblant ses deux ancêtres sous la forme d’une association de loi 1901 et déclarée d’utilité publique en 1970. Mais son histoire remonte au XIXème siècle avec la création en 1865 de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés et celle en 1873 de la Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons. Ces deux sociétés de sauvetage vont fusionner en 1967 et donner naissance à la SNSM, chargée de « secourir bénévolement et gratuitement les vies humaines en danger en mer et sur les côtes ».
Les deux ancêtres de la SNSM et l’association aujourd’hui sont la plus belle représentation d’une particularité des acteurs de la mer relevant d’une tradition très ancienne : la solidarité des gens de mer. Ainsi les équipages des canots de sauvetage sont des professionnels de la mer, encore en activité ou non, donnant bénévolement leur temps pour secourir les usagers dans le besoin. Ceci explique certaines particularités de l’organisation de ces canots : l’équipage est en effet entièrement choisi par cooptation par le patron du navire.
L’organisation du sauvetage en mer en France découle donc de très anciennes traditions qui font sa particularité dans le monde. Ainsi nos voisins Britanniques ont salariés leurs sauveteurs, quand en France on continue à faire appel à des bénévoles. Mais la SNSM ce n’est pas que les fameux « canots tout temps » qui sortent dans la mer déchaînée pour chercher des navires en perdition. C’est aussi 7 000 bénévoles opérationnels et volontaires répartis dans 219 stations de sauvetage en France métropolitaine et outre-mer, 259 postes de secours sur les plages et 32 Centres de Formation. Ces acteurs de terrain sont coordonnés par un président bénévole et un siège de 70 salariés.
Pour vous représenter l’importance de l’action de la SNSM sur nos façades littorales quelques chiffres sont parlants : 7700 personnes secourues en 2015 à travers 5200 interventions, soit 50% des sauvetages coordonnés par le CROSS ! Mais c’est aussi 3073 exercices pour les 4400 sauveteurs embarqués qui doivent être prêts à intervenir 24H/24H jusqu’à 20 milles (40 Km) des côtes. Tout ceci avec un budget de seulement … 27 millions d’euros !
SNSM : de nombreux défis pour l’avenir
Le budget : voilà le cauchemar de la SNSM. Comprenez bien le paradoxe : la SNSM effectue une mission de service public, financée à 80% par des dons privés et repose à 99% sur du bénévolat ! Un mode de fonctionnement unique au monde. Si on considère que le sauvetage en mer incombe à l’Etat, celui ci gagne environ 100 millions d’euros en utilisant un système comme celui de la SNSM. En effet, l’Etat ne participe au budget qu’à hauteur de… 8%. Une subvention ridicule au regard de la mission régalienne des sauveteurs en mer. Si bien que la SNSM a dû se tourner petit à petit vers du financement privé, provenant de fondation comme celle de Total, Intermarché ou la société Générale. Les particuliers sont bien entendu sollicités puisqu’ils sont les premiers à profiter des services de la SNSM : mais les dons et legs sont toujours insuffisants au regard des besoins. Et l’équation se fait pressante : à travers le renouvellement de la flotte de canots de sauvetage, l’équipement des bénévoles, la baisse des dotations publiques et un énorme besoin de formation pour maintenir l’efficacité de son personnel, c’est de 4 à 5 millions d’euros dont manquera la SNSM d’ici 5 ans.
Alors que faire ? Les pistes sont nombreuses. Tout d’abord la contribution de l’État pourrait être revue à la hausse. C’est ce que souhaite la députée du Finistère, Chantal Guittet, à travers un rapport remis en juillet dernier au Premier Ministre concernant le financement de la SNSM. La députée propose de porter la subvention à 25% du budget de l’association, contre seulement 8% à l’heure actuelle. Mais cette voie promet d’être longue même si elle ferait pratiquement disparaître les problèmes financiers de la SNSM.
Autre idée présente dans le rapport : augmenter d’1% les assurances des plaisanciers. Une idée qui semble couler de source : ce sont bien les particuliers qui retirent le plus d’avantage du secours en mer de la SNSM… Et ce sont ceux qui donnent le moins !
Une autre idée suit la mutation des usages de la mer et s’intéresse aux énergies marines. En effet les exploitants des futurs parcs éolien offshore devront s’acquitter d’une redevance dont 5% du montant arrivera dans la poche de la SNSM, soit 4 à 5 millions d’euros par an… D’ici 2025-2030 ! Mais si l’idée est bonne, jamais l’association ne pourra attendre l’entrée en service de ces parcs.
Alors que faire à court terme pour aider la SNSM ? Profiter de cette année pour donner !
Il n’y pas de petits dons. 30 euros permettent l’achat d’une ligne de vie pour un sauveteur embarqué, et nous utilisateurs de la mer ou simples touristes devons trouver notre place dans cette solidarité des gens de mer, qui nous concerne directement.
Cette année de nombreux évènements vont avoir lieu, des concerts, des compétitions et des spectacles en tout genre au profit de la SNSM. C’est l’occasion d’un geste concret.
Deux autres gestes sont possibles. Tout d’abord vous pouvez devenir maître nageur sauveteur si vous avez la vocation. Ce n’est pas réservé aux gens de mer, vous serez formé et participerez directement à préserver des vies humaines.
Ensuite vous pouvez éduquer votre entourage en faisant connaître les missions de la SNSM : si vous aimez la mer, si vous en profitez l’été ou pendant toute l’année c’est votre devoir de montrer cette si belle facette de la mer comme école de vie en apprenant à connaître ses usages. C’est ça aussi la solidarité des gens de mer !