Vous êtes vous déjà demandé d’où provenaient les déchets qui s’échouent sur nos côtes ? C’est justement l’objet d’une étude parue il y a peu, et portant sur des ramassage effectués l’année dernière. Et elle réserve quelques surprises !
Toujours plus de déchets sur nos littoraux
Ce n’est pas nouveau hélas, les activités humaines polluent nos océans. Les déchets, qu’ils soient de grandes tailles ou microscopiques, finissent pour une partie par s’échouer sur les plages, entraînant une pollution terrestre. Mais qui est responsable de cette pollution ? Il est communément admis que celle-ci vient en majorité de la terre : mais dans quelle proportion ? Les activités marines entraînent-elles aussi une part non négligeable de pollution ?
Ça commence à faire beaucoup de questions, et les réponses sont absolument nécessaires pour agir avec efficacité sur le flux de déchets finissant en mer.
Deux associations s’appuient sur la participation citoyenne pour tenter d’obtenir des données fiables. Expédition med et la Surfrider Fondation organisent des ramassage annuels pour tenter d’estimer le flux de déchets qui impacte nos littoraux. Une fois collectés et triés, l’analyse de ce ramassage permet d’évaluer l’origine, la taille, l’impact et l’abondance de la pollution océanique.
Le rapport d’Expédition Med pour les ramassages de 2016 a été publié : c’est l’occasion de préciser qui sont les plus gros contributeurs des pollutions littorales.
Côté méthodologie c’est 144 997 déchets qui ont été collectés puis analysés, en provenance de 16 plages de l’Atlantique, de Mars à Juin.
Les déchets ont ensuite été catégorisés en fonction de leur taille, leur nature et leur provenance (pêche, alimentaire, hygiène…). Plus intéressant encore, ils ont été identifiés quand les marques de leurs producteurs étaient encore visibles ! Ce qui permet donc de déduire un « podium des pollueurs » qui devrait ravir les marques concernées.
Déchets littoraux : une origine qui donne une bonne idée de nos mauvaises habitudes
Dans tout ce rapport plusieurs chiffres sont intéressants à retenir. Tout d’abord 96% des déchets étaient du plastique. Cette moyenne oscille entre les plages mais reste toujours au dessus de 90%. Ce chiffre reflète parfaitement notre consommation accro au plastique, aussi bien du côté professionnel (filets de pêche en nylon, poches pour l’aquaculture ou vêtements de protection : tout est en plastique) que du côté des outils de loisir.
Ensuite il est communément admis que la part directe des activités marines serait responsable d’environ 20% de la pollution totale, notamment à travers une publication scientifique de 2005 donnant une estimation mondiale.
Or la part de ces déchets dans le total ramassé s’élève à 30,44%, en ne tenant compte que du plastique directement reconnaissable ! La part des professionnels de la mer serait donc bien plus importante ?
Oui et il serait bien idiot de ne pas le reconnaître, tant les matières plastiques ont pris de la place dans toutes les professions liées à la mer.
L’immense majorité de ces débris issus des activités maritimes provient de la pêche, à travers les morceaux de cordes, de filets ou de liens divers. Ceci doit nous amener à penser aux impacts de notre consommation de poisson : l’impact sur la ressource est une chose, mais la pollution plastique en est une autre largement sous évaluée et peu étudiée.
Plusieurs autres points confirment les études scientifiques sur le devenir du plastique dans les océans. Ainsi le phénomène de fragmentation conduit à une très forte présence de microplastiques non reconnaissables : ces microplastiques finissent par être assimilés dans les écosystèmes marins, où ils entrainent une nouvelle pollution chimique. Ces fragments représentent 47 % du total des déchets ramassés ! Cette pollution ne reste donc pas qu’en mer mais touche aussi le littoral.
Enfin la caractérisation des déchets ramassés met en lumière l’importance des emballages alimentaires, qui représentent 85% des déchets identifiables. Le podium des marques ainsi identifiées donne en 1Er Kinder, Lu en seconde position et Mars en troisième. On peut y voir de multiples raisons : aucun emballage de ces marques n’est biodégradable ou recyclable. Ce sont également des marques très répandues, principalement de friandises que l’on prend avec soi pour une activité sur le littoral ou en plein air. C’est la preuve qu’il y a encore un énorme travail d’éducation à faire, rien que pour ancrer définitivement l’habitude que l’on rapporte avec soi l’emballage de son goûter. Trop de gens pensent encore que la faible masse et la petite taille de ces emballages n’impacteront pas l’environnement : c’est complètement faux, la rémanence dans l’environnement de ces emballages étant largement supérieure à celui d’une vie humaine !
Un point devrait faire plaisir à notre ministre de l’environnement : les cotons tiges représentent à eux seuls 76% des déchets de la section hygiène. De quoi valider l’obligation faîtes aux industriels de ne commercialiser que des bâtonnets compostables et dégradables d’ici 2018 ! Pour une fois il semblerait que la législation soit (un peu) en avance.
Et moi que puis je faire contre les déchets littoraux ?
Si ce rapport est bien utile pour informer sur l’origine des déchets, il ne suffira pas, bien entendu, pour faire changer la règlementation sur le plastique et les emballages en général. Mais en revanche il doit bien nous faire comprendre que si nous voyons les impacts directs de notre mode de consommation sur les ressources océaniques, d’autres impacts « cachés » existent.
On pourrait bien sur rêver qu’une règlementation bannisse définitivement tout plastique non biodégradable à court terme : le peu d’alternatives à bas coût rend cette alternative illusoire. Alors faisons appel à la responsabilité de chacun : n’attendez pas une solution miracle qui n’existe pas. A la place apprenez à vos enfants, à votre mari ou à votre femme à rapporter tous leurs emballages de snack, récompensez-les quand ils le font ! Evitez le suremballage quand vous faites les courses, préférez une boîte en dur à donner et à réutiliser.
Enfin ramasser les déchets sur les plages est un geste citoyen, que vous réalisez au service de,l’environnement certes, mais surtout de votre famille. Le plastique ainsi sorti retournera dans la filière de traitement et non dans l’océan. Donc quand l’envie vous prend de vous promener sur une plage, prenez un sac ou un seau et ramassez vous aussi les déchets que vous voyez. C’est tout simple mais quelle différence ça ferait si chacun s’y mettait !
Crédits images : déchets littoraux sur Shutterstock, expeditionmed.eu