Pendant toute une partie de notre vie, nous passons la majorité de notre temps éveillé à travailler. Il n’est donc pas étonnant que notre métier joue un rôle fondamental dans la construction de notre bonheur. Bien sûr, le bonheur, le bien-être subjectif est multidimensionnel et il ne dépend pas seulement de notre travail ou de notre vie professionnelle. D’autres facteurs entrent en jeu : la situation familiale, amoureuse, la santé. Mais le travail ayant une place tellement centrale dans les économies modernes, il déteint sur toutes ces dimensions. Et il est intéressant de noter que parmi tous les métiers possibles, tous ne contribuent pas de la même façon à nous rendre heureux.
Quels métiers nous rendent-ils le plus heureux ? Voilà une question que s’est posée la Harvard Business Review en examinant les données publiées par Gallup. Dans ses vastes sondages internationaux, Gallup s’intéresse notamment au bonheur, au bien-être, à la façon dont les individus perçoivent leur vie. En recoupant ces données avec les différents types de métiers, la HBR a reconstitué des données qui permettent d’avoir une idée de la relation de corrélation qui existe entre différents métiers et la notion de bonheur. Alors, quels résultats ?
Les métiers manuels rendent moins heureux, les managers sont plus heureux
Dans l’étude, les différents métiers sont regroupes en 11 catégorie :
- Installation et réparation,
- Agriculture / Pêche / Foresterie
- Transport
- Emplois manufacturiers
- Construction / minage
- Emplois de services
- Emplois de vente
- Emplois de bureau
- Cadres spécialisés
- Dirigeant d’entreprise
- Manager / exécutif / officiel
Ce que l’on constate, c’est que pour chaque type de métier, on observe des niveaux de bonheur général différents. Ainsi, les cadres évaluent leur bonheur général à 6/10 environ, alors que les personnes qui travaillent dans l’agriculture, la pêche ou la foresterie l’évaluent à 4.5/10 en moyenne. En général, le trio de têtes des métiers dont les représentants se disent le plus heureux sont presque toujours les cadres, les managers et les employés de bureau. Quant à ceux qui se disent le moins heureux, ce sont les travailleurs de l’agriculture, de la construction, des transports ou de la réparation / installation. Et ce constat est valable un peu partout dans le monde : en Europe mais aussi en Amérique du Nord, en Amérique Latine en Asie ou en Afrique.
Les métiers de bureaux ou de direction semblent donc mieux s’en sortir que les métiers manuels, quand les métiers de service ou de relation avec des clients sont au milieu. Et cela semble vrai à la fois dans le bonheur général et dans le bien-être quotidien, puisque les employés « en col blanc » reportent plus d’émotions positives au quotidien (rires, joie, épanouissement) que d’états négatifs (angoisse, stress, colère) par rapport aux employés « en col bleu ».
Être entrepreneur : pas toujours facile, mais bien mieux que d’être au chômage
Autre constat de l’étude : être son propre patron n’est pas toujours l’idéal en termes de bonheur et de bien être. Quand l’on regarde les scores moyens, on constate que les auto-entrepreneurs ou chefs d’entreprise sont généralement associés à des niveaux de bonheurs moins élevés par rapport à des employés à temps plein. En revanche, cette donnée dépend fortement de la région que l’on observe : ainsi, si aux Etats-Unis ou en Nouvelle-Zélande, les scores moyens des entrepreneurs sont faibles (comme en Asie du Sud-Est) ils sont plus élevés dans les pays d’Europe, et encore plus en Europe centrale et dans les pays de l’ex-URSS.
Ce que l’on constate si l’on creuse encore plus les données, c’est que dans les économies développées, les entrepreneurs sont généralement assez satisfaits de leur vie en général, même s’ils expriment des états émotionnel quotidien plutôt négatifs (stress, angoisse etc…).
Autre constat logique de l’étude : les personnes sans emploi ont des niveaux de bien-être largement inférieurs. Et cela est vrai partout dans le monde, y compris dans les pays où les minima sociaux permettent en théorie d’assurer une vie correcte même en situation de non-emploi. Et l’on constate que ce déficit de bien être n’est pas uniquement une question de salaire : ainsi, des personnes sans emploi ayant des revenu équivalent à certains travailleurs affichent malgré tout des niveaux de bonheur inférieurs. Le statut et les relations sociales, la structure des habitudes quotidienne, les objectifs de vie, sont parmi les facteurs ayant une influence considérable sur le bonheur. Et ils sont très difficiles à atteindre sans emploi, même lorsque l’on a des revenus auxiliaires.
Les métiers qui rendent heureux : des disparités régionales
Si on observe des tendances communes, on note aussi de nombreuses disparités en fonction des régions. Ainsi, les régions où l’on est globalement le moins heureux sont l’Afrique et le Moyen-Orient. Suivent l’Asie du Sud, puis l’Asie du Sud-Est, l’Asie de l’Est, l’Europe centrale. Dans le trio de tête des régions les plus heureuses, on a l’Amérique latine, puis en deuxième position l’Europe de l’Ouest, et en tête l’Amérique du Nord, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
Les écarts ne sont également pas tout à fait les mêmes selon les régions. Ainsi, si les managers sont les plus heureux en Amérique du Nord, ce sont les employés de bureau qui s’en sortent le mieux en Asie de l’Est (les managers n’y sont que 3ème). En Europe, le top 3 voit en tête les managers, suivis des cadres spécialisés et enfin des employés de bureaux. Évidemment, ces différences sont liées à la nature des économies étudiées, mais aussi à des différences sur le plan culturel : les régions qui valorisent des cultures manageriales plus stressantes ont souvent des employés moins satisfaits par exemple.
Et vous, votre job vous rend-t-il heureux ?