Quelles sont les villes européennes qui font le plus d’efforts pour réduire la pollution de l’air ? Voici le top 10, et quelques enseignements de leurs expériences.

On sait qu’aujourd’hui la pollution de l’air fait partie des plus sérieuses menaces sur la santé de la population, en particulier dans les villes où le phénomène est fort. Transports individuels et chauffages participent fortement à l’émission de polluants et particules fines qui font peser des risques sanitaires aux citoyens, sur le plan pulmonaire, mais aussi en augmentant le risque de cancers.

Pour lutter contre la pollution de l’air, les villes mettent en place différentes mesures, plus ou moins efficaces. Depuis plusieurs années, la situation semble s’améliorer un peu partout, mais certaines villes font plus d’efforts que d’autres. C’est pourquoi l’association Sootfree Cities a cherché à savoir quelles villes mettaient en place les politiques de réduction de la pollution les plus efficaces. En étudiant 23 grandes villes d’Europe de l’Ouest, elle a établi un classement des villes les plus actives dans la réduction de leur pollution de l’air, ainsi qu’une liste de bonnes pratiques à mettre en place. Voici les conclusions de leur étude et le classement.

Comment réduire la pollution de l’air dans les villes ?

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D’abord, en étudiant les villes ayant le mieux réussi à faire baisser leur pollution de l’air, l’étude parvient à dégager des bonnes pratiques efficaces. Parmi elles on peut notamment citer :

  • Le développement d’un réseau de transport en commun dense, accessible et performant

Cela permet de limiter les besoins en transport individuel (notamment la voiture) et donc d’assurer à la fois une baisse des émissions de gaz à effet de serre et des émissions de particules fines liées au transport.

  • L’établissement de zones basses émissions

Il s’agit de zones limitées dans les centre-villes où les circulations sont limitées et les émissions (chauffage au bois par exemple) sont limitées afin de préserver la qualité de l’air. Il peut s’agir notamment de zones densément peuplées, ce qui permet de limiter l’exposition des populations.

  • La mise en place d’un contrôle et d’une plus forte pression financière sur le stationnement

L’objectif est d’inciter les usagers à utiliser d’autres moyens de transports que la voiture lorsqu’ils se rendent en centre-ville, mais aussi de limiter la surface occupée par les places de stationnement. Ainsi on peut densifier l’habitat ou végétaliser l’espace ce qui contribue à réduire la pollution de l’air. Ainsi, à Paris, les places de stationnement représentent une surface équivalente au 16ème arrondissement, qui pourrait être utilisée à meilleur escient si les besoins en stationnements étaient limités.

  • La mise en place d’une politique de gestion de la congestion et de la circulation en ville

L’idée est simplement de mettre en place des mécanismes pour limiter la circulation en véhicule individuelle. Taxes d’accès, péages urbains, circulation limitée dans certaines zones : tout ce qui permet de limiter le trafic, la congestion et globalement la circulation automobile permet de limiter la pollution de l’air. Evidemment, il y a également la possibilité d’appliquer ces limitations seulement à certaines classes de véhicules, les plus polluants.

  • La promotion du vélo et vélo cargo

Evidemment, qui dit moins de circulation automobile dit nécessité de trouver des modes de transport alternatifs. D’où l’idée de faire la promotion du vélo, et en particulier des vélos cargos : dotés de remorques permettant de transporter de petits volumes, il est adapté à la vie en centre-ville.

Les 10 villes d’Europe qui luttent le plus contre la pollution de l’air

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En évaluant les grandes villes européennes sur ces bonnes pratiques et d’autres critères pertinents, Sootfree City construit un classement des villes faisant le plus d’efforts pour réduire la pollution de l’air. Voici le top 10.

  1. Zurich
  2. Copenhague
  3. Vienne
  4. Stockholm
  5. Berlin
  6. Paris, Helsinki, Londres et Stuttgart à égalité
  7. Amsterdam
  8. Graz
  9. Dusseldorf et Lyon à égalité
  10. Bruxelles

Les villes du podium obtiennent des scores supérieurs à 80% (89% pour Zurich, 87 pour Copenhague et 84 pour Vienne) grâce à des politiques ambitieuses. Ainsi, Zurich et Vienne obtiennent un très bon score dans leurs efforts de réduction des émissions de CO2, ainsi que dans leurs politiques de mobilité multimodale. Copenhague obtient un très bon score dans la promotion du vélo et de la marche ainsi que du transport public, ainsi qu’un bon score en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les villes suivantes illustrent des situations variées. Ainsi, si la multimodalité est à peine satisfaisante à Londres (qui dispose d’un système de transports en commun très cher, et moyennement dense), elle est excellente à Paris, avec son réseau de métro, RER trains et bus très dense et accessible. La capitale anglaise fait en revanche mieux que Paris sur la réglementation des émissions de particules fines des engins de construction. Berlin quant à elle obtient d’excellents scores sur la question des zones basses émissions ou sur la flotte des véhicules publics, mais a à peine la moyenne sur la promotion des transports publics ou de la mobilité active.

Lutter contre la pollution de l’air : pas si simple

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Grâce à cette étude, on a une meilleure idée des efforts à fournir pour réduire la pollution de l’air. Et le chantier est vaste. D’une part, on constate que les villes qui obtiennent les meilleurs scores sont souvent des villes « moyennes » (en tout cas pour des capitales). Zurich et Copenhague comptent chacune un peu plus de 400 000 et 600 000 habitants respectivement. Stockholm en compte moins d’un million. Vienne quant à elle plafonne à un peu moins de 2 millions. Rien à voir avec les aires urbaines de villes comme Paris ou Londres, qui comptent plus de 10 millions d’habitants. Forcément, en termes de densité de transports, cela pose des problèmes différents.

Ensuite, alors que certaines métropoles parviennent sans problème à réduire leurs émissions de CO2, à imposer des zones zéro émissions ou à généraliser les transports en commun, cela semble structurellement plus complexe pour d’autres. En tout état de cause, il semble difficile pour une ville de mettre en place en même temps tous les dispositifs susceptibles de réduire la pollution de l’air. Ainsi, dans le cas de Paris par exemple, on voit bien la difficulté à réduire les émissions de CO2 de la ville, encore largement otage de la dépendance à la voiture individuelle, malgré des efforts conséquents de promotion des transports publics. Et si la ville fait des efforts pour réduire l’utilisation de la voiture dans le centre-ville, avec des zones à émissions restreintes, les dispositifs ne sont pas toujours bien accueillis. Paradoxal quand on sait que plus des 2/3 des Franciliens s’inquiètent de la dégradation de la qualité de l’air dans leur région…

Face aux désirs souvent contradictoires des citoyens, des contraintes économiques ou structurelles, la mise en place de politiques de réduction de la pollution de l’air dans les grandes villes européennes progresse, mais trop lentement. Il va pourtant falloir rapidement comprendre que c’est un enjeu prioritaire, car ses effets sur la santé se font déjà sentir : 200 000 personnes meurent chaque année de façon prématurée à cause de la pollution de l’air en Europe.