D’après une étude menée conjointement par Malakoff Médéric Humanis et l’IFOP, le télétravail est en augmentation en France : il est pratiqué désormais par environ un tiers des salariés français. Mais alors, comment expliquer cet engouement pour le travail hors des bureaux ?
Télétravail : un changement progressif des mentalités
Le développement du télétravail résulte de l’avènement des technologies de l’information et des communications. Dans les secteurs tertiaires en particulier, il est de plus en plus fréquent qu’il ne faille qu’un ordinateur pour pouvoir travailler, ce qui favorise une certaine mobilité… A condition d’avoir un endroit hors des bureaux avec une connexion internet, mais comme 86% des ménages y ont accès selon l’INSEE, le problème ne se pose donc (presque) pas.
En parallèle, pour suivre les évolutions des modes de travail, l’ordonnance du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail a assoupli le régime juridique du télétravail dans le but d’encourager le recours à cette pratique. Désormais, concrètement, le télétravail peut être mis en place soit par accord collectif ou via une charte élaborée par l’employeur et être contractuellement formulé, soit de gré à gré par accord entre l’employeur et le salarié.
L’essor technologique combiné à la facilitation légale font que la pratique progresse en France : selon l’étude publiée par Malakoff Médéric Humanis et l’IFOP, alors que seuls un quart des salariés bénéficiaient du télétravail en 2017, ils sont désormais presque un tiers.
Pour autant, le passage au télétravail nécessite certains changements, en particulier un changement des pratiques managériales. En effet, pour que cette pratique continue de progresser, il est nécessaire de passer d’une culture du contrôle des salariés vers une culture de la confiance. Il semblerait néanmoins que le mouvement de transition soit amorcé, car la pratique du télétravail est considérée comme bénéfique à la fois par les salariés et les employeurs.
Des bénéfices perçus tant par les employeurs que les salariés
Les salariés interrogés dans le cadre de l’étude considèrent que le télétravail présente de nombreux bénéfices. Les bénéfices se ressentent dans trois domaines distincts : la qualité du travail, la santé et la conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle.
De manière non exhaustive, les salariés considèrent que le télétravail permet :
- D’être plus efficace : finies les interruptions incessantes liées aux discussions entre collègues. En plus d’un plus grand calme, le fait de travailler de chez soi – 92% des télétravailleurs français effectuant le travail à leur domicile – permet de travailler dans un environnement et dans une tenue plus confortables. Adieu donc également costumes et autres escarpins, bienvenue aux tenues confortables !
- De réduire le temps de trajet du domicile au bureau.
- De planifier les horaires de travail en fonction des besoins. En effet, avec le télétravail, il est plus facile de caler un rendez-vous médical ou un footing à un moment dans la journée sans devoir se justifier, il suffit juste de rattraper le temps pris pour faire autre chose.
- De mieux concilier l’équilibre ente travail et vie personnelle. Les jeunes parents peuvent ainsi récupérer leurs enfants à l’école, les salariés qui s’occupent d’une personne en situation de dépendance ou de handicap peuvent être présents dans la journée, etc.
Le télétravail est également perçu comme bénéfique par les employeurs, bien que les intérêts listés dans l’étude ne soient pas les mêmes. D’après les employeurs interrogés, le télétravail est intéressant pour les raisons suivantes :
- Il garantit un meilleur engagement des salariés ;
- Il assure un gain de productivité des équipes ;
- Le télétravail donne également une meilleure image à l’employeur qui sait faire preuve de pratiques managériales modernes ;
- Favoriser le télétravail limite également l’absentéisme au bureau selon les employeurs ;
- Enfin, le télétravail permet d’optimiser les espaces de bureau. En effet, le fait de recourir au télétravail libère de la place dans les locaux. En revanche, il faut bien planifier les jours de chacun, pour éviter de se retrouver un jour avec les bureaux vides et le lendemain avec les locaux bondés.
Quelle proportion idéale de télétravail par mois ?
Le télétravail est une pratique perçue de manière positive tant par les employeurs que les salariés, ce qui explique en partie sa progression sur le territoire.
Mais si la pratique progresse, jusqu’où la pousser ? Le télétravail présente en effet également des points négatifs : sensation d’isolement, manque d’activités physiques, difficultés à rester concentré ou au contraire à couper à la fin de la journée pour les salariés. Du côté des employeurs, les difficultés proviennent surtout de la délicate coordination de l’équipe à distance pour planifier par exemple des réunions ou travailler sur des projets à plusieurs.
Pourtant, certaines entreprises outre-Atlantique sont allées jusqu’au bout du principe en fermant leurs locaux, optant pour le 100% télétravail. C’est notamment le cas de l’entreprise Automaticc, à l’origine de la plateforme de publication WordPress qui a fermée ses bureaux situés dans la région de San Francisco en 2017. L’entreprise, qui dénombre 550 salariés, a justifié cette fermeture par la désertion des locaux, dans la mesure où nombre de ses salariés vivent hors des Etats-Unis.
Toutefois, pour éviter de tomber dans les travers du télétravail, l’entreprise fournit à ses salariés du matériel informatique de qualité, une bonne connexion internet mais aussi de quoi aménager un bureau confortable à domicile. Elle garantit aussi un budget pour ceux qui préfèrent travailler depuis des espaces de coworking et paye les boissons… Lorsque les salariés préfèrent travailler dans des cafés.
La communication se fait via Slack ou des forums de discussions internes, les réunions en visioconférence, les entretiens d’embauche par tchat. De plus, pour assurer un certain esprit d’équipe et de collaboration malgré la distance, la société paye chaque année plusieurs séminaires où les employés se retrouvent.
Néanmoins, ce système ne fonctionne pas toujours : l’entreprise IBM, pionnière dans le télétravail qui offrait cette possibilité à ses collaborateurs depuis 40 ans, a fait machine arrière en 2017. La raison ? Le télétravail permettait certes de gagner en productivité mais ne favorisait pas l’innovation. Et dans le domaine informatique, les dirigeants ont estimé que l’innovation était plus importante que la productivité. Retour donc au bureau pour les salariés américains du groupe.
En France, la durée idéale de télétravail serait d’environ deux jours par semaine, plus précisément de 7 jours par mois. Cette durée est celle qui permettrait au mieux selon les sondés de bénéficier des multiples avantages du télétravail, sans basculer dans l’isolement et sans faire de son domicile un bureau bis duquel il est difficile de se détacher.
La progression du télétravail, plébiscitée à la fois par les employeurs et les salariés en France, souligne donc un changement dans les mentalités. Cependant, pour que le télétravail soit bénéfique, il faut qu’il soit entrepris dans des bonnes conditions. Cela nécessite donc certains aménagements dans les entreprises notamment un bon matériel et certaines règles de conduites des salariés, qui doivent apprendre à se concentrer de chez eux même s’ils travaillent en pantoufle sur leur canapé.
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Crédit image : Télétravail sur Shutterstock.