Si ces 20 dernières années ont été marquées par d’importants progrès en matière de respect des droits des enfants, la Convention internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) n’est pas systématiquement respectée à travers le monde.
Enfants enrôlés dans l’armée, mariages forcés en échange d’argent, privation d’éducation, ces situations sont encore fréquentes à travers le monde. Pour un trop grand nombre d’enfants, grandir relève d’un combat.
Quels sont les droits de l’enfant ? Sont-ils respectés à travers le monde ? Quels sont les progrès depuis ces dernières années ? Faisons le point.
Quels sont les droits de l’enfant : l’histoire des droits de l’enfant en 4 dates
Un enfant a des besoins spécifiques et le droit a progressivement intégré ces besoins en créant un droit spécifique : les droits de l’enfant.
1924 : la Déclaration de Genève
Si les premières lois du XIXe siècle visent à protéger les enfants au travail, les droits de l’enfant sont véritablement reconnus en 1924 lorsque la Société des Nations adopte la Déclaration de Genève. Il s’agit du premier texte international sur le sujet, et qui constitue en 5 articles un socle de base des droits de l’enfant sans discrimination.
1959 : la Déclaration des droits de l’enfant
11 ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, l’organisation des Nations Unies adoptent la Déclaration des droits de l’enfant. Elle énonce en 10 principes les droits permettant « une enfance heureuse ».
1966 : le Pacte International relatif aux droits civils et politiques de l’ONU
C’est à cette date qu’est adopté par l’ONU le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Il précise les droits et libertés civils et politiques énumérés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et a d’importantes répercussions sur les droits de l’enfant. Par exemple, l’article 24 stipule que tout enfant a droit à une protection, à un nom et à une nationalité.
1989 : la Convention Internationale des droits de l’enfant
La Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) voit le jour. Elle reconnait explicitement les mineurs comme des êtres à part entière, porteurs de droits sociaux, économiques, civils, culturels et politiques, c’est-à-dire de des droits fondamentaux, obligatoires et non négociables. L’ensemble des 197 Etats aujourd’hui reconnus par l’ONU l’ont ratifiée, à l’exception des Etats-Unis.
Que dit la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) ?
Ce texte juridiquement contraignant engage les Etats qui le ratifient à défendre et à garantir les droits de tous les enfants sans distinction et à répondre à ces engagements devant le Comité des droits de l’enfant des Nations unies.
Il repose sur quatre principes fondamentaux : la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, le droit de vivre, survivre et se développer ainsi que le respect des opinions de l’enfant. Est désigné comme un enfant tout être humain âgé de moins de 18 ans.
La Convention fixe les grands principes des droits de l’enfant à travers 54 articles, dont l’UNICEF en tire les principes majeurs suivants :
- le droit d’avoir un nom, une nationalité, une identité
- le droit d’être soigné, protégé des maladies, d’avoir une alimentation suffisante et équilibrée
- le droit d’aller à l’école
- le droit d’être protégé de la violence, de la maltraitance et de toute forme d’abus et d’exploitation
- le droit d’être protégé contre toutes les formes de discrimination
- le droit de ne pas faire la guerre, ni la subir
- le droit d’avoir un refuge, d’être secouru, et d’avoir des conditions de vie décentes
- le droit de jouer et d’avoir des loisirs
- le droit à la liberté d’information, d’expression et de participation
- le droit d’avoir une famille, d’être entouré et aimé
Malgré ce consensus international, les inégalités persistent.
Des millions d’enfants privés d’enfance
1,2 milliard d’enfants soit plus d’un sur deux, sont menacés par la guerre, la grande pauvreté ou les discriminations de genre selon le rapport 2018 de l’ONG Save the Children. 153 millions d’entre eux vivent dans des pays caractérisés par ces trois menaces.
Ce risque de privation de l’enfance est lié aux conflits et à la violence, au mariage forcé, à la malnutrition, au non accès à l’éducation, au travail forcé, et la liste des raisons est encore longue.
De nombreux enfants subissent des discriminations selon leur sexe, leur couleur de peau, leur religion, leur handicap, leur orientation sexuelle…
Les inégalités face aux droits de l’enfant
Selon Amnesty international, chaque jour dans le monde, 35 000 enfants de moins de 5 ans meurent à cause de leurs conditions de vie. Dans le même temps, ce sont 230 millions d’enfants de moins de 5 ans qui ne sont pas déclarés à la naissance, et ne peuvent donc bénéficier d’aucun droit.
Selon l’Organisation internationale du travail, 1 enfant sur 10 travaille et 1 sur 20 soit 152 millions d’enfants participent à des activités dangereuses ou sont vendus et réduits à l’esclavage. Cette situation est loin d’être répartie de façon homogène sur la planète : c’est souvent dans les pays en développement que l’on trouve les manquements les plus graves et les plus fréquents aux droits de l’enfant.
Selon Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France : Au Sénégal par exemple, des enfants sont odieusement exploités dans les mines d’or. Au fond de puits, sans lumière du jour, ils subissent le vrombissement incessant des marteaux-piqueurs et respirent une poussière qui pénètre leurs poumons. À chaque instant, ils risquent leur vie car un éboulement pourrait les ensevelir.
Des progrès encourageants en matière des droits de l’enfant
Il y a toutefois eu des progrès en matière des droits de l’enfant au cours des dernières décennies qui méritent d’être soulignés.
Selon ce rapport de 2019 de l’ONG Save the Children, il y a 25 ans, un enfant avait deux fois plus de risques de mourir avant l’âge de 5 ans, 70 % de risques en plus d’être impliqué dans un travail d’enfant et 20 % de risques en plus d’être assassiné.
Une comparaison des scores dans l’Indice de privation de l’enfance révèle que la situation générale des enfants s’est améliorée dans 173 des 176 pays depuis l’an 2000. Leurs droits sont de plus en plus pris en compte.
« Les progrès les plus spectaculaires ont été faits dans certains des pays parmi les plus pauvres au monde. Ces réussites montrent que la pauvreté n’empêche pas forcément le progrès et que les choix politiques peuvent avoir plus d’influence que la richesse nationale« , indique le rapport.
Droits de l’enfant : les facteurs de progrès
Les progrès en termes de prise en compte et de respect des droits de l’enfant sont liés à plusieurs grands enjeux : éducation, diplomatie internationale ou encore leadership des femmes.
Droits de l’enfant et éducation
L’accès est l’éducation permet bien plus qu’une simple transmission de connaissances. Il impulse une dynamique de croissance globale et durable à l’échelle du pays, dans laquelle les citoyens peuvent participer à la vie de la cité. Par exemple, une année de scolarité de plus peut augmenter les revenus d’une femme de 10 à 20 %.
L’accès est l’éducation permet bien plus qu’une simple transmission de connaissances. Il impulse une dynamique de croissance globale et durable à l’échelle du pays, dans laquelle les citoyens peuvent participer à la vie de la cité. Par exemple, une année de scolarité de plus peut augmenter les revenus d’une femme de 10 à 20 %.
L’éducation, c’est aussi parler d’enjeux de société, notamment apprendre aux jeunes femmes à maîtriser leur fécondité, enseigner le dérèglement climatique ou encore faire évoluer le débat autour de l’égalité des sexes. Tout cela participe à l’amélioration des droits de l’enfant.
La Banque mondiale a chiffré a plus de 10% le rendement social de la scolarisation dans l’enseignement secondaire et supérieur. « Si chaque pays en développement n’investissait que 15 centimes de plus par enfant, cela pourrait faire toute la différence », souligne Global Citizen.
Diplomatie et évolutions politiques face aux droits de l’enfant
D’autres leviers sont identifiés dans le rapport de l’ONG Save the children, et notamment les grands programmes de concertations internationaux, comme les Objectifs du Développement Durable.
Ce type de programme permet d’activer la volonté politique des Etats, ce qui se traduit par un investissement massif dans les questions sociales ou une mise en oeuvre plus efficace des engagements politiques.
Le gain de leadership des femmes a aussi contribué à l’amélioration de la situation des enfants dans le monde, notamment lorsqu’elles investissent la classe politique : « de solides recherches montrent qu’une plus grande proportion de femmes parmi les législateurs a de profondes répercussions sur la paix et la sécurité » selon le rapport.
On remarque aussi un rapport positif entre les nouvelles technologies et les progrès en matière de santé et de bien-être des enfants. Les réseaux sociaux jouent notamment un rôle particulier dans la démocratisation des sociétés.
L’activisme face aux droits de l’enfant
Enfin, les nouvelles formes d’activisme jouent aussi un rôle de sensibilisation qui peuvent favoriser l’action sur les sujets des droits de l’enfant.
Des organisations ou mouvements militants comme Girls not brides ou Filles, pas épouses, militent ainsi pour endiguer le mariage des enfants : informer le grand public sur ces enjeux, mobiliser les populations…
D’autres organisations appellent aussi au boycott, comme au sujet de l’exploitation d’enfants dans les mines l’extraction de cobalt ou encore d’or pour fabriquer nos objets technologiques. Dernièrement, une un mine d’or en République Démocratique du Congo s’est d’ailleurs effondrée, faisant au moins 50 morts.
Poursuivre dans cette voie
Les gouvernements doivent poursuivre leurs efforts afin d’atteindre les Objectifs de Développement Durable.
Save the Children a identifié des axes de progression notamment concernant l’éradication de la pauvreté chez les enfants, l’élimination de la mortalité des enfants de moins de cinq ans, l’aide apportée pour permettre à tous les enfants d’accéder à un enseignement de qualité et d’obtenir de meilleurs résultats d’apprentissage, la cessation des guerres et des conflits, l’autonomisation de toutes les filles, tout en mettant également fin au mariage des enfants.
Chaque enfant, où qu’il vive, doit être traité de manière équitable. Aujourd’hui, un mouvement positif s’opère, encouragé par des figures engagées parmi les jeunes comme Malala ou Greta Thunberg. Il doit être encouragé.
« Rien n’est plus important de bâtir un monde dans lequel tous nos enfants auront la possibilité de réaliser pleinement leur potentiel et de grandir en bonne santé, dans la paix et la dignité » selon Kofi Annan, secrétaire général des Nations Unies de 1997 à 2006.