Et si 2021 était l’année de la résilience ? C’est en tout cas l’objectif que l’on se fixe, en ce début d’année, chez Youmatter.
À chaque début d’année, il est d’usage, individuellement ou collectivement, de se prêter à l’exercice des « bonnes résolutions ». De faire la liste de ce que nous voulons ou devons accomplir durant l’année qui vient.
Au regard de cette tradition, 2021 est une année plutôt exceptionnelle. L’année qui vient de s’écouler est à plus d’un titre une année chaotique, qui a mis à l’épreuve de nombreux aspects de nos vies, de nos formes d’organisations collectives et de nos certitudes. Et en conséquence, envisager l’année qui arrive semble une étape pour le moins compliquée. Que souhaiter ? Que prévoir ? Quels objectifs se fixer ? Difficile à dire, tant les 12 mois qui viennent semblent flous !
Une fois n’est pas coutume, la rédaction de Youmatter a décidé, humblement, de se prêter au jeu. Notre résolution en 2021 ? Contribuer à en faire l’année de la résilience.
Tirer les leçons de 2020
S’il y a bien une leçon que l’on peut tirer de 2020, c’est que nous ne sommes pas bien préparés, en tant que société ou en tant qu’individus, aux chocs parfois violents que le monde pourrait subir dans les années qui viennent.
La pandémie de coronavirus a mis en lumière un peu partout nos difficultés à gérer correctement les biens collectifs comme la santé. Elle a montré la difficulté qu’ont parfois nos institutions à réagir, à s’adapter. Et aussi à quel point les fractures peuvent être profondes au sein d’une société et à quel point la construction d’un consensus peut être complexe. Autant de freins ayant paralysé le monde en 2020.
Après des mois de crise, on pourrait se contenter de vouloir souhaiter que tout revienne à la normale, que la vie reprenne son cours. Mais c’est peu probable. Car la crise de la Covid-19 n’est qu’un choc parmi les nombreux autres bouleversements qui pourraient ébranler le monde dans les temps prochains. Face à ces chocs, il faudra savoir s’adapter, réagir et rebondir. C’est ça, la résilience, et elle sera très vite plus indispensable que jamais.
Une résilience à construire
Au-delà de la crise sanitaire, qui est encore loin d’être résolue, il y a en effet la crise économique et sociale qui se profile. Des millions de personnes ont été durement frappées par la baisse de l’activité économique. Les conséquences sociales sont parfois déjà dramatiques : la pauvreté et la précarité se renforcent, l’isolement se diffuse, les inégalités sont de plus en plus aiguës. Sortir du marasme et inverser ces tendances sera long, difficile. Pour prendre en charge un nombre croissant d’exclus, les systèmes sociaux vont devoir évoluer, se transformer. Le retour à la normale n’est donc à priori pas pour demain. Il faudra sans doute au contraire faire l’effort de sortir des logiques d’hier pour inventer de nouveaux modèles de protection sociale, plus adaptés au monde fluctuant et incertain d’aujourd’hui que ceux inventés il y a plus d’un demi-siècle, au temps du plein emploi et de la croissance. Et c’est dès 2021 que ces nouveaux modèles, cette résilience, doivent commencer à se construire.
De nombreux chercheurs ont ainsi mis en évidence ces derniers mois que les vieilles logiques ne marchent pas ou plus. La théorie du ruissellement : elle n’est pas efficace. La croyance dans une relance purement économique non plus : il faut une relance plus verte et plus inclusive. Il faudra se réinventer.
En entreprise aussi. De nombreuses études montrent que la performance vient désormais du sens que l’on donne à son activité, de sa raison d’être. Qu’il faut miser sur des productions plus écologiques, sur des managements plus coopératifs. Au niveau individuel également il faut se préparer : de nombreuses logiques de consommation sont en train d’évoluer. Les citoyens attendent une refondation des liens sociaux et économiques, plus d’écologie, du local… Des transformations qui leur imposeront à eux aussi de renoncer au monde d’avant. À tous les niveaux, ces changements de paradigme éclosent.
Anticiper l’avenir
Mais cette résilience, cette capacité à s’adapter aux transformations, aux contraintes, elle doit exister au-delà de la crise qui nous occupe aujourd’hui. Car d’autres crises existent déjà et ne vont faire que se renforcer.
La crise climatique notamment, qui appelle, elle aussi, à des évolutions profondes. Comment lutter contre le réchauffement climatique ? Là encore, il s’agit aujourd’hui de s’adapter. S’adapter pour réduire nos émissions, massivement et rapidement, mais aussi s’adapter à une réalité climatique nouvelle qui est déjà en train d’émerger. Consommation, alimentation, mobilité : tout notre système social et économique doit se transformer profondément. Et c’est dès 2021, encore, que cette résilience doit enfin commencer à se construire.
La crise de la biodiversité est là aussi, dès aujourd’hui. Elle nous impose de refonder notre rapport au vivant, de ne plus le considérer que comme une ressource exploitable, mais comme une ressource à protéger. Changer notre façon d’habiter la Terre, manger autrement, construire le vaste chantier du droit de la nature : tout ça est devant nous.
Bien-sûr, la crise démocratique est au cœur de tout cela. Comment recréer du lien et de la confiance, faire de la politique autrement, de façon plus inclusive : voilà encore des défis de résilience. Des défis qui ne pourront être relevés qu’en remettant au cœur de notre projet collectif des notions comme l’éducation, l’accès à l’information, la transparence, aussi bien des médias que des politiques ou de la connaissance scientifique. Il y a fort à faire pour retrouver ensemble des raisons de faire société, dans un monde où la confiance dans le dessein collectif semble jour après jour s’épuiser des crises et des déceptions.
Un pari pour la transition
Voilà donc le pari que l’on aimerait faire aujourd’hui pour 2021 : celui d’en faire l’année d’une transformation résiliente. Sortir de la fuite en avant. Fonder un nouveau modèle.
Alors, qu’allons-nous faire pour ça ? En tant que média, notre responsabilité est à la fois grande et petite. Nous sommes évidemment parmi les artisans d’un changement possible de paradigme. Celui d’une information transparence, fondée sur les preuves et sur la connaissance scientifique, préalable à la démocratie et à la vie citoyenne. Nous ferons tout pour mieux informer ceux qui nous lisent des changements en cours, des tendances émergentes, de l’évolution des grands enjeux contemporains. Nous ferons tout pour faire de cette question de la résilience un enjeu du débat public, en espérant embarquer quelques-uns d’entre vous avec nous.
Car nous ne sommes qu’un rouage d’une machine complexe. Responsables politiques et économiques avant tout devront être dignes de leurs responsabilités dans ces transitions. Politiques, élus, dirigeants d’entreprises devront être au rendez-vous de cette année charnière. Tout comme les citoyens, dans leur capacité à incarner et à accompagner ces changements.
Il faudra aborder ces transitions multiformes avec la même détermination, la même rigueur et la même ambition que celles avec lesquelles nous affrontons la crise sanitaire, et même mieux encore. Plus que jamais, des défis se profilent, et pour les relever, c’est une transformation globale qu’il faut mettre en œuvre à tous les niveaux.
Voilà ce qui nous motive, comme chaque année, mais peut-être plus encore cette année en 2021. La résilience.
Photo par David Higgins sur Unsplash