Quel est l’impact du contact avec la nature sur notre bien-être ? Pourquoi avons-nous besoin de la nature ? Tentons de comprendre.
Se promener dans la forêt ou au bord d’un cours d’eau nous fait du bien, tout le monde ou presque l’a déjà ressenti. En 2015, un sondage réalisé dans le cadre de la Fête de la nature par OpinionWay révélait même que 96 % des Français interrogés percevaient la nature comme un « lieu de bien-être et de ressourcement ». Et l’on peut supposer que ce chiffre a même augmenté avec les périodes de confinement successifs que nous avons traversées.
Alors, comment la nature agit-elle sur nous et améliore-t-elle notre bien-être ? Faisons un rapide tour d’horizon de la connaissance scientifique sur le sujet pour le découvrir.
Le pouvoir de fascination de la nature
Deux théories expliquent les bienfaits de la nature sur notre bien-être. La première est appelée la biophilie : nos lointains ancêtres sont nés dans la nature et ont pu survivre grâce à leur environnement, d’où le fait que l’homme se sente bien à son contact. Mais les temps ont changé et nous avons eu le temps de nous adapter à un milieu beaucoup plus urbain.
Une seconde explication suppose quant à elle que nous serions fascinés par la beauté de la nature, ses couleurs, ses formes, son fonctionnement. C’est notamment ce qu’avance la chercheuse Caroline Madeleine Hägerhäll, dans une étude publiée en 2015. Elle montre que les propriétés fractales de la nature, c’est-à-dire le fait que la nature soit composée de formes géométriques se reproduisant à différentes échelles, favorisent la relaxation.
Alors concrètement, quels sont les effets de la nature sur la psychologie humaine ?
Le contact avec la nature pour diminuer le stress et l’anxiété
Ralentissement du rythme cardiaque, diminution du stress… La connaissance scientifique le prouve : la nature a tendance à nous apaiser.
La métaphore de « vitamin G » ou « green vitamine, « vitamine verte » en français, a été employée par des chercheurs pour désigner les bienfaits de la nature sur notre santé.
Au Japon, on conseille notamment le « bain de forêt » appelé shinrin yoku, c’est-à-dire se promener et s’imprégner de l’atmosphère de la forêt. Le chercheur Yoshifumi Miyazaki en a étudié les bienfaits. Dans une étude, il a comparé un groupe qui se promenait en forêt, un autre en zone urbaine. Il en résulte que le taux de cortisol (qui augmente en cas de stress) était plus faible pour le groupe de la zone forestière, c’est-à-dire que les membres du groupe étaient davantage apaisés par rapport à ceux qui sont allés en milieu urbain.
La nature et sa diversité d’espèces et de paysages, facteur de bonheur
Vivre près de nombreuses espèces d’oiseaux favoriserait autant le bonheur qu’une augmentation de salaire ? C’est en tous cas le constat de cette étude publiée en mars 2021.
Nous avons trouvé une relation relativement forte, indiquant que l’effet de la richesse en espèces d’oiseaux sur la satisfaction de la vie peut être d’une ampleur similaire à celle du revenu. Nous discutons de deux voies non exclusives pour cette relation : l’expérience multisensorielle directe des oiseaux et les propriétés bénéfiques du paysage qui favorisent à la fois la diversité des oiseaux et le bien-être des personnes.
Une conclusion plutôt insolite qui montre que la diversité des espèces dans la nature a un impact sur le bien-être humain.
« Les Européens les plus heureux sont ceux qui peuvent profiter de nombreuses espèces d’oiseaux différentes dans leur vie quotidienne, ou qui vivent dans des environnements quasi-naturels qui abritent de nombreuses espèces », a résumé Joel Methorst, post-doctorant du German Centre for Integrative Biodiversity Research (iDiv) et premier auteur du rapport.
Pour aller plus loin, l’étude pointe que quatorze espèces d’oiseaux supplémentaires dans le voisinage augmentent le niveau de satisfaction de la vie au moins autant que 124 euros supplémentaires par mois sur le compte du ménage, sur la base d’un revenu moyen de 1 237 euros par mois en Europe.
Le contact avec la nature pour améliorer la concentration et la santé mentale
Il s’avère que le contact avec la nature serait d’autant plus important chez les enfants.
D’après cette étude menée par l’Université d’Aarhus au Danemark et publiée dans la revue américaine PNAS en 2019, les espaces verts auraient des effets bénéfiques sur la santé mentale des enfants.
« Les enfants qui ont grandi avec les niveaux les plus bas d’espaces verts avaient jusqu’à 55 % de risques supplémentaires de développer un trouble psychiatrique, indépendamment des effets des autres facteurs de risque connus », soulignent les auteurs.
Le contact avec la nature aiderait également les enfants à mieux se concentrer. Une étude a été menée auprès d’enfants avec un déficit de l’attention. Il s’avère que les enfants parvenaient mieux à se concentrer après une promenade dans un parc plutôt que dans le centre-ville ou dans le quartier, pour la même durée.
Cette autre étude montre cette fois-ci que les enfants en contact avec la nature seraient moins stressés, moins sujets à l’hyperactivité, auraient également moins de difficultés comportementales et émotionnelles, et un meilleur comportement prosocial.
Un besoin de reconnexion à la nature
Réintroduire la nature dans la ville
Pour toutes ces raisons, introduire plus de végétal dans nos espaces de vie pourrait favoriser notre bien-être. Le « design biphilique » s’invite d’ailleurs de plus en plus dans les bureaux, les habitants réclament la création de parcs et d’espaces verts dans les villes… D’après le même sondage OpinionWay, 83% des Français souhaitent que la protection de la nature prime sur le développement économique et des transports dans leur région. Certains auteurs comme Lise Bourdeau-Lepage parlent d’homo qualitus pour désigner le fait que l’homme ne recherche pas seulement son bien-être matériel et immatériel, mais également la satisfaction de son désir de nature et de la préservation de son environnement pour contribuer à son bien-être.
Contempler la nature, de près ou de loin
Si vous avez la possibilité de vous promener dans la nature, c’est l’idéal. Pour Mary Carol Hunter de l’université de Michigan, une promenade de seulement 20 à 30 minutes procure déjà du bien-être.
Mais il s’avère aussi que le simple fait de contempler la nature en photo, ou par la fenêtre, a des bénéfices. En 1984, le chercheur Roger Ulrich a découvert que les patients opérés de la véscule biliaire, ceux qu’il étudiait, récupéraient mieux après l’opération lorsqu’ils avaient une chambre avec vue sur paysage naturel, par rapport aux patients ayant une fenêtre donnant sur des bâtiments. Ils ont entre autres eu besoin de moins d’analgésiques puissants et eu des séjours postopératoires plus courts.