L’inactivité physique est l’un des problèmes de santé publique les plus importants de notre époque, notamment dans les pays développés, avec des conséquences dramatiques sur l’état de santé des citoyens. C’est ce que démontrent les études et rapports récents.
La littérature scientifique rappelle depuis de nombreuses années l’importance de la pratique d’une activité physique régulière dans le maintien d’une bonne santé.
Pourtant, dans de nombreux pays et notamment dans les pays dits développés, la plupart des citoyens manquent d’activité physique. Et cette inactivité physique généralisée a des conséquences dramatiques sur la santé des populations. Un rapport de l’OMS sur le sujet paru en octobre 2022, ainsi que plusieurs études et revues de la littérature scientifique confirment que l’inactivité physique augmente les risques de nombreuses pathologies et de problèmes de santé.
De nombreux citoyens manquent d’activité physique, en particulier les enfants
D’abord, selon le Rapport global 2022 sur l’activité physique de l’OMS, on constate qu’une part très significative des adultes ne pratiquent pas une activité physique suffisante au quotidien. Dans les pays développés, près de 40% des adultes sont ainsi considérés comme physiquement inactifs. D’après l’OMS, ce constat est plus marqué chez les femmes et les personnes âgées. Ainsi, environ 50% des femmes de plus de 70 ans en Europe manquent d’activité physique, contre seulement 40% des hommes de plus de 70 ans, et 20% pour les hommes de moins de 45 ans (30% pour les femmes de moins de 45 ans).
[box]Plus d’informations à ce sujet : Combien d’activité physique faire pour être en bonne santé ?[/box]
Les enfants sont également particulièrement sujets à l’inactivité physique. L’OMS estime que plus de 80% des enfants ne respectent pas les conseils de l’organisation en matière d’activité physique, soit environ 1 h d’activité physique modérée à intense chaque jour (ce qui peut inclure une activité sportive spécifique mais aussi le jeu en extérieur et d’autres formes d’activité physiques non-sportives). Ce constat est particulièrement inquiétant, dans la mesure où c’est durant l’enfance que se structurent les habitudes en matière de pratiques sportives. C’est aussi à cette période que commencent à se déterminer les conditions de la santé à l’âge adulte, notamment le métabolisme, la capacité à maintenir un poids sain, la santé cardiovasculaire et pulmonaire, ainsi que la souplesse, la bonne santé musculaire, etc.
Globalement, malgré des efforts faits dans de nombreux pays pour inciter à la pratique de l’activité physique, la tendance n’est pas à l’amélioration, et la pratique de l’activité physique stagne voire diminue (notamment chez les femmes) dans la majorité des pays.
Des conséquences graves sur la santé publique
Globalement, les études scientifiques montrent que cette inactivité physique contribue à entre 3.2 et 5.3 millions de morts prématurées chaque année. Elle serait responsable de 6 à 10% des pathologies les plus mortelles dans le monde : maladies cardiaques, cancers (notamment cancer du colon et cancer du sein), diabètes de type 2, mais aussi hypertension. L’obésité est aussi en grande partie liée au manque d’activité physique (voir : Quelles sont les causes de l’obésité ?). En effet, l’inactivité physique chronique favorise certains changements métaboliques qui participent au développement de ces pathologies chroniques. Certains problèmes articulaires, musculaires ou les restrictions de mobilité liées à l’âge sont aussi liées à l’inactivité physique. 500 000 cas de maladies non-transmissibles (cancers, maladies cardiaques et pulmonaires, diabète, etc) seraient attribuables au manque d’activité physique selon l’OMS.
Selon une étude publiée dans The Lancet, près de 1.3 millions de morts pourraient être évités chaque année si l’on parvenait à réduire l’inactivité physique de 25%. Non seulement l’activité physique permettrait de réduire de façon significative la prévalence de nombreuses maladies, mais elle augmenterait aussi significativement l’espérance de vie, et en particulier l’espérance de vie en bonne santé. Les études menées sur les adultes âgés montrent ainsi que ceux qui pratiquent une activité physique régulière sont moins sujets aux chutes (qui sont parmi les premières causes de pertes d’autonomie), plus autonomes, et affichent de meilleures fonctions cognitives.
Voir aussi : Quelles sont les causes du cancer ?
Un coût collectif important
L’OMS a aussi estimé le coût que cette inactivité physique faisait peser sur les sociétés mondiales, notamment les organismes de sécurité sociale et le système hospitalier. Même si la logique qui consiste à rapporter tous les enjeux de société à leur coût financier est généralement peu pertinente, les chiffres permettent de saisir l’ampleur de ce problème de santé publique.
L’organe estime que chaque année, près de 28 milliards d’euros sont dépensés par les acteurs publics dans le monde pour financer les dépenses de santé liées au manque d’activité physique, soit 300 milliards environ entre 2020 et 2030. Étonnamment, une grande part de ce coût est lié à des pathologies mentales (dépression, démence), qui pourraient être évitées ou atténuées par la pratique d’une activité physique régulière. Environ 22% de ce coût est lié à l’hypertension, et autour de 10% pour le diabète et les cancers.
L’inactivité physique, qui est au carrefour de nombreuses pathologies chroniques, représente donc un enjeu majeur de santé publique, avec des conséquences dramatiques sur la santé et un coût important pour les systèmes sociaux. Il y a donc urgence à mettre en place des politiques plus ambitieuses en matière de promotion de l’activité physique, car, comme le confirme l’OMS, la plupart des pays sont très en retard sur cette question.
Voir aussi : 5 habitudes pour vivre longtemps en bonne santé et prolonger sa longévité
Sources :
– Organisation Mondiale de la Santé, Rapport Global sur l’activité physique 2022, Publications OMS, 2022
– Min I-Lee. et al, Effect of physical inactivity on major non-communicable diseases worldwide: an analysis of burden of disease and life expectancy, The Lancet, Volume 380, Issue 9838, P219-229, 2012
– Sherrington, C et al. Evidence on physical activity and falls prevention for people aged 65+ years: systematic review to inform the WHO guidelines on physical activity and sedentary behaviour, nt J Behav Nutr Phys Act 17, 144, 2020
– Parra-Rizo M.A. et al,, Physical Activity and the Improvement of Autonomy, Functional Ability, Subjective Health, and Social Relationships in Women over the Age of 60, Int J Environ Res Public Health, 2021
– Leopold Busse A. et al, Physical activity and cognition in the elderly: A review, Dement Neuropsychol., 2009