Et si l’abandon d’Europacity marquait la fin d’une ère : celle où la puissance des grands groupes économiques déterminait tout ?

Novembre 2019 sera marqué d’une croix définitive : la mort d’Europacity, aménagement à la gloire de la consommation urbaine, un peu verdie mais pas assez pour résister aux injonctions du temps. Associations et ONG sont parvenues à imposer leur agenda aux grands groupes, ceux-ci voulant croire qu’on nom de l’emploi et des salaires, on peut faire tourner le modèle comme avant.

En Italie l’addition est de 10 000 postes supprimés parce qu’on n’a pas voulu accorder une immunité juridique à Arcelor Mital pour la reprise de l’aciérie d’Ilvi ; il faut dire que le procès d’Exxon pour dissimulation du risque climatique, effraie plus d’un CEO.  Même Aramco, plus grande entreprise du monde a du mal à se faire coter, sans concéder la transparence et la gouvernance minimum exigée par les investisseurs, même de ceux prêts à brûler près de 1000 milliards pour un actif pétrolier dont on dit maintenant que la consommation continuera jusqu’en 2040 au moins… Il est vrai qu’on est loin du prix du carbone à 75$ recommandé par le FMI ! Mais 20 ans pour continuer à faire de l’argent comme avant, c’est beaucoup ou pas assez ?

Les grands groupes : forcés à changer, mais trop lentement

Le Président de Total a répondu en déclarant qu’il ne voulait « pas devenir un dinosaure », d’où sa transformation engagée, plaide-t’il, qui passe par un doublement des dividendes offerts aux actionnaires qui lui feront confiance…

Les temps sont d’autant plus durs pour les groupes que les gouvernements et les banquiers centraux voient bien que l’excès de liquidités dans le monde va peu aux investissements et au pouvoir d’achat des classes moyennes, en train de sortir dans les rues ; elles font écho aux expressions radicales des salariés de GAFAM ou d’étudiants de business schools qui s’en prennent aux entreprises accusées de ne pas prendre en main l’angoissant réchauffement climatique de la planète. Et si on ne peut plus tenir la COP annuelle dans un pays en tension sociale, si les taxes ne passent plus, ne va-t’on pas être réduit à multiplier les engagements de bonne volonté de sommets en sommets, à promettre des compensations faute de réductions des émissions comme dans le secteur aérien et à laisser monter « ces risques d’effondrement systémique » dont s’inquiète l’OCDE ?  

« Tout le monde parle de l’inclusion financière, c’est un thème à la mode », explique au Monde Mohamed Yunus ; « mais dans les faits, les choses ont peu évolué », précise-t’il. Heureusement il y a l’Europe qui va annoncer son « plan d’action finance durable » pour dire bientôt quelles activités sont durables ou non et conduire les investisseurs à choisir leur camp…avec un peu plus de transparence qu’actuellement, nécessaire si on en croit l’étude Novethic qui établit la lenteur de l’application du fameux article 173.

L’acte 2 de la mondialisation a-t-il commencé ?

Allons chercher là où ils sont les signaux positifs de la mobilisation ; pas dans les instances de gouvernance qui disent ne pas percevoir l’imminence du problème (cf. sondage Ifa Carbone 4), ni dans les démarches d’engagement des actionnaires (cf. étude Share Action) ou le rétablissement d’une équité dans les rémunérations dont les rapports de gestion doivent publier désormais les écarts (cf. Proxinvest 2019) ; mais dans quelques initiatives de base inattendues ou bienvenues : c’est le London Metal Stock Echange qui exige désormais la transparence carbone des opérateurs ; c’est le leader mondial de la vision, Essilor, qui par la voix de son Président fédère une coalition mondiale pour « enrayer le mal à voir en 2050 » ; c’est Ecovadis qui établit à travers la moyenne de ses notations une progression des démarches dans les relations acheteurs fournisseurs ; c’est notamment l’augmentation à hauteur de 30% de la partie extra-financière dans la note des meilleures entreprises par la Harvard Business Review ; c’est Natixis qui classe ouvertement ses investissements bruns ou verts pour s’aligner sur les 2°C de l’Accord de Paris etc…

Difficile de dire qu’une tendance l’emporte sur l’autre, même si dans son dernier ouvrage, « le new deal vert mondial », J.Rifkin ne donne pas plus de 10 ans aux énergies fossiles et si J.Stilgitz, redit une fois de plus dans son dernier opus que « le capitalisme actionnarial ne maximise pas la prospérité sociale ». Il avait déjà reçu le prix Nobel ; il devient docteur Honoris Causa de Sciences Po, rallié à sa thèse, depuis que ses politologues considèrent que « désormais la matrice écologique est en train de re-structurer la matrice politique… ». Comme le dit Bertrand Badie : « L’Acte II de la mondialisation a bien commencé », effectivement.

Plus d’informations :

Définition du développement durable
Définition de la RSE
Définition de la transition énergétique