Que signifie être labellisé BCorp pour une entreprise ? Quelles évolutions à attendre après la loi PACTE ? Quelles améliorations peuvent apporter les entreprises à mission ? Benjamin Enault, porte parole B-Corp Europe répond à ces questions dans l’épisode 12 du podcast Trajectoire.
Face aux crises qu’il produit, le capitalisme est en train de tenter de faire sa propre révolution, et de se doter, enfin, d’une forme de responsabilité sociale et environnementale. De plus en plus, les réflexions se structurent autour de l’idée que les acteurs économiques doivent non seulement produire de la richesse économique, mais aussi de la valeur sociale et environnementale, contribuer à l’intérêt général et aux développements de la société.
À travers des notions comme la RSE, la raison d’être, l’entreprise à mission, les entreprises tentent de s’inscrire dans une démarche pro-active de transformation. Dans cet épisode du podcast Trajectoire, Caroline Renoux reçoit Benjamin Enault, membre de la communauté People4Impact et porte parole de la communauté BCorp au niveau européen, pour faire un focus sur ces questions, et en particulier sur le label B-Corp, mais aussi l’entreprise à mission et la Loi Pacte.
La loi PACTE, et après ?
En 2019, la France se dotait d’une législation inédite en matière de responsabilité des entreprises. En transformant la définition de l’entreprise dans le Code Civil, et en affirmant la nécessaire prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux dans l’activité des organisations privées, la Loi PACTE a opéré un changement conceptuel. Désormais, l’entreprise peut se doter d’une « raison d’être », devenir une « entreprise à mission », c’est-à-dire inscrire dans ses statuts sa volonté de contribuer positivement à la performance globale du système socio-économique.
Problème : la Loi PACTE n’est pas contraignante, ni obligatoire, et elle ne créé pas non plus une grille de lecture systémique et cohérente permettant de mesurer la contribution de l’entreprise à la société. Pour l’heure, tels qu’ils existent, les outils issus de la Loi PACTE sont de l’ordre du déclaratif.
Or, pour changer vraiment de modèle économique et accomplir enfin une transition écologique digne de ce nom tout en s’attaquant aux grands défis sociaux d’aujourd’hui, il faut plus que des paroles, il faut des actes, du concret.
B-Corp : un modèle pour mesurer la performance global
Pour passer à l’action, il faut ne faut pas seulement une direction, un cap, qui peut-être incarné par la raison d’être et l’entreprise à mission. Il faut une méthode, un guide, qui permette à la fois de mesurer précisément sa contribution à la société (ses impacts) et d’agir pour améliorer cette contribution. C’est là que le label B-Corp peut être utile.
Né aux Etats-Unis, le label B-Corp impose aux entreprises qui souhaitent être certifiées de répondre à un questionnaire précis pour évaluer leurs impacts. Puis, il permet d’entrer dans les détails du modèle économique de l’organisation, et peut servir à mettre en oeuvre un plan d’action cohérent pour améliorer ses impacts, sa gouvernance. Dans le cadre du label B-Corp, les entreprises passent de consciencieuses (elles respectent les réglementations et les normes) à conscientes (elles s’engagent au-delà de ce qui est attendu, en proposant une vision et des actions concrètes).
Chaque entreprise certifiée doit atteindre un niveau de performance minimum : il ne s’agit donc plus seulement de déclaratif, mais de concret.
Un label en constante amélioration
De plus en plus d’entreprises se joignent à ce mouvement des entreprises à mission ou des labels B-Corp, et progressivement, la tendance se structure. L’Europe n’est pas très en avance sur cette thématique, native des Etats-Unis, mais progressivement, les codes se transmettent. Le mouvement européen des B-Corp devient de plus en plus important et avec le Green Deal, des synergies pourraient rapidement émerger et constituer le socle d’une vraie transformation durable du monde économique.
Du contrôle, des règles, des normes précises vont devoir émerger pour structurer cette transformation et ne pas la laisser stagner, comme souvent, dans le domaine de la communication et du business as usual. En attendant, les entreprises qui auront su prendre tôt le virage des entreprises qui mettent le sens et la performance globale au coeur de leurs activités seront les plus à même de faire face aux enjeux d’aujourd’hui, et encore plus ceux de demain.
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