Le Big Data est probablement l’une des prochaines révolutions dans le monde des entreprises. Collecter et utiliser les données au sein de systèmes intégrés intelligents, capables de faire des prédictions, de dégager des espaces d’optimisation : voilà l’idée du Big Data. Mais comment cela peut-il contribuer à rendre les entreprises plus durables ? Éléments de réponse.

Une supply chain plus durable grâce au Big Data

Mieux gérer leurs données permettra-t-il aux entreprises de mieux gérer leur chaîne de valeur ? On sait qu’aujourd’hui, notamment pour les grandes entreprises, la supply chain est un élément crucial des politiques de développement durable. En effet, les fournisseurs, les matières premières, et le transport sont dans beaucoup de cas les sources les plus importantes d’impacts environnementaux dans les entreprises. Or, l’un des champs d’application les plus évidents du Big Data est bien-sûr dans la supply chain. 64% des directeurs de supply chain déclarent que le Big Data est une vraie technologie disruptive en matière de gestion des fournisseurs, car elle permet d’optimiser les inventaires, les livraisons et les besoins. Plus, elle permet de rendre la supply chain plus prédictive et donc permet aux entreprises de mettre en place une gestion de la supply chain qui répond en temps réel à leurs besoins.

Voir aussi : Disruptif : définition et mode d’emploi

Concrètement, prenons l’exemple d’une entreprise de la distribution agro-alimentaire. Optimiser sa supply chain grâce au Big Data lui permet de recevoir ses produits au moment où les consommateurs en ont besoin : elle optimise ses transports, n’a plus besoin de prendre en stock des surplus qui pourraient être jetés, elle optimise donc à la fois ses coûts, mais aussi ses impacts environnementaux.

L’étude Accenture « Big Data analytics in supply chain » a ainsi montré que l’utilisation du Big Data dans la supply chain permet d’améliorer la capacité des fournisseurs à mieux réagir aux besoins des entreprises, d’améliorer la réactivité et l’interactivité de l’ensemble de la chaine de production. Résultat ? Une augmentation de 10 à 36% de l’efficience de la supply chain. Réduction des coûts, mais aussi réduction des émissions de CO2, réduction des consommations d’énergie… Tout cela permet de rendre la supply chain plus durable.

Big Data : optimiser l’efficacité énergétique

La deuxième application importante que pourrait avoir le Big Data sur la durabilité des entreprises se situe au niveau de l’efficacité énergétique. En matière énergétique, le Big Data permet déjà d’optimiser les dépenses : en créant des systèmes de gestion énergétique prédictifs et intelligents, on peut réguler par exemple la température, ou l’éclairage en fonction des moments dans les bâtiments des entreprises. Des thermostats intelligents basés sur le Big Data et l’Internet des Objets existent déjà pour les entreprises et pour les particuliers.

Le Big Data permet aussi d’évaluer les fuites énergétiques sur un réseau, d’identifier les systèmes énergétiques ou thermiques concurrents et de mieux les gérer. Ainsi, on constate que les entreprises qui utilisent le Big Data pour gérer leur management énergétique rapportent une réduction d’environ 20% de leurs dépenses énergétiques. C’est autant d’énergie économisée et donc des impacts environnementaux évités.

Appliquer le Big Data à la gestion énergétique des entreprises, c’est créer de véritables smart grid, une gestion intelligente et plus optimale.

Avec le Big Data, améliorer le management organisationnel et environnemental

L’utilisation du Big Data pourrait aussi permettre d’améliorer le management organisationnel en général. Mettre en place un système de co-voiturage intégré permettant aux employés de rationaliser leurs transports ? Mieux gérer les achats pour les fournitures de bureaux et le matériel ? Améliorer le bien être au travail et la productivité de ses salariés ? Mieux gérer ses flux de déchets et les réduire ? Tous ces éléments sont rendus plus faciles grâce au Big Data aujourd’hui.

C’est le management organisationnel dans son ensemble qui pourrait s’améliorer grâce au Big Data. En analysant les évolutions des marchés mais aussi leurs évolutions internes, les entreprises seront capables de prendre des décisions plus justes et plus rapidement, économisant ainsi du temps, de l’argent, et éventuellement des ressources matérielles. Cette réactivité accrue grâce au Big Data, on la retrouvera également au sein des systèmes de management environnemental. On sait d’ores et déjà que le Big Data est d’une importance cruciale pour mieux lutter contre le réchauffement climatique à l’échelle des sociétés. Il pourrait l’être également à l’échelle des entreprises, puisqu’il permettra de mieux comprendre les impacts environnementaux des entreprises, mais aussi leurs risques environnementaux. Ainsi, les entreprises auront une meilleure connaissance de leur environnement et une meilleure capacité à identifier les processus qu’ils doivent ajuster pour s’y adapter.

La même chose est possible vis-à-vis des impacts économiques et sociaux. Globalement, grâce au Big Data, les entreprises pourraient être capables de mieux réagir aux évolutions du monde, de mieux s’y adapter, de prévoir les conséquences de leurs activités et de les faire évoluer plus facilement.

Big Data : le risque de l’effet rebond

Attention toutefois à ne pas voir dans le Big Data la solution miracle aux enjeux environnementaux des entreprises. En effet, la gestion de données reste un outil, dont la pertinence dépend évidemment de l’usage qu’on en fait. Si le Big Data est mis au service de la transition écologique, de l’optimisation des flux d’énergies et de ressources, au service de la sobriété, alors il contribuera très certainement à la transition écologique.

Mais à l’inverse, si le Big Data sert à optimiser sa chaîne de valeur ou ses consommations énergétiques afin de produire toujours plus de biens, de consommer toujours plus d’énergie, en réduisant ses coûts… Alors on risque le résultat inverse. C’est l’effet rebond : quand on parvient à faire des économies d’un côté, et que l’on augmente les dépenses de l’autre. Il faudra donc être vigilant pour que le Big Data ne soit pas au service de business models toujours plus consommateurs et polluants… Et ce d’autant plus que cette gestion des données consommera elle aussi des ressources et de l’énergie !

La révolution du Big Data arrive, paraît-il, et elle pourrait entraîner dans son sillage des entreprises qui veulent s’investir dans l’amélioration de leurs impacts environnementaux, mais aussi sociaux et économiques. Mais attention à se servir correctement de cet outil de gestion de données.