Le biomimétisme, c’est s’inspirer du vivant pour répondre aux enjeux du développement durable. En quoi cette approche peut-elle faire progresser une démarche RSE ? Rencontre avec Laura Magro, chargée de mission au CEEBIOS, le Centre Européen d’Excellence et Biomimétisme de Senlis.

Propos recueillis par Gaëlle Brière

Qu’est-ce que le Biomimétisme ?

Le biomimétisme consiste à s’inspirer de la vie sur Terre, de son foisonnement et de son évolution tout au long de ses 3,8 milliards d’année d’existence. La vie est composée d’une grande diversité d’organismes vivants qui répondent à des contraintes environnementales en termes de régulation thermique, de gestion de l’énergie et de communication. La nature est le plus grand laboratoire R&D du monde ! De nombreux essais, tests et erreurs ont déjà été réalisés et au final, la vie ne retient que la sélection la plus optimisée. Le biomimétisme, c’est donc élaborer des innovations issues de solutions déjà optimisées par le vivant.

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Quel est le rôle du CEEBIOS ?

Notre objectif est d’accompagner cette démarche de biomimétisme qui est très ancienne. Léonard de Vinci s’inspirait déjà de la nature en imitant les ailes des oiseaux pour ses inventions. Si le biomimétisme a toujours existé, l’objectif est aujourd’hui de le développer dans une démarche plus systémique et rigoureuse. En clair, il s’agit principalement d’accompagner la R&D en milieu industriel : cela va du sourcing de matières premières, aux procédés de fabrication ou aux fonctionnalités des produits.

Quel est le lien entre le biomimétisme et les démarches d’éco-conception et d’économie circulaire ?

D’autres démarches telles que l’écologie industrielle, l’économie circulaire et la perma-économie s’inspirent en effet de la nature pour leur fonctionnement. Une norme expérimentale française, développée par le CEEBIOS en lien avec la Ministère de la Transition, fait le rapprochement entre biomimétisme et éco-conception. Cela donne un cadre au développement durable avec comme principe-clé : tout fonctionne en cycle, il n’y a pas de déchets.

Quelles ont été les premières applications du biomimétisme ?

Il y a plusieurs années, des chimistes américains ont lancé le mouvement de la chimie verte. Il y a aussi bien sûr les énergies renouvelables.

D’autres exemples existent tels que la photosynthèse artificielle ou bien la motorisation hybride développée par Renault, qui s’inspire des métabolismes des grands sportifs. Plus connu, on retrouve la marque Velcro : son principe d’adhésion sèche est issu de la fleur de bardanne, dont les graines se dispersent en s’attachant au pelage des animaux.

Et aujourd’hui, comment cela se concrétise-t-il ?

Aujourd’hui, l’objectif est que le biomimétisme devienne une démarche volontaire, et plus seulement une démarche opportuniste. Le CEEBIOS a mis en place des groupes de travail composés d’adhérents volontaires issus de divers secteurs : construction, cosmétique, automobile, peinture. Nous essayons aussi de créer des ponts entre des institutions comme le Museum d’Histoire naturelle, qui travaille sur des recherches fondamentales, et les industriels qui, eux, ont des attentes plus opérationnelles. 

Comment les entreprises peuvent-elles s’approprier ce concept ?

Les profils de nos adhérents sont très différents en termes de maturité. Sur la quarantaine d’adhérents, il y a une vingtaine de groupes et une vingtaine de PME. Certains sont simplement en veille tandis que d’autres, davantage proactifs, envisagent des applications concrètes. 

Quelles sont les attentes des entreprises ?

Elles sont très diverses ! La plupart vont toutefois chercher à :

  • Innover
  • Anticiper la règlementation
  • Répondre à un enjeu environnemental
  • Contribuer à une mission sociétale
  • Donner un cadre à leur démarche de Développement durable

Comment le biomimétisme peut-il s’articuler avec une démarche RSE existante ?

Biomimétisme et RSE sont totalement liés. L’angle principal d’attaque d’une telle démarche est généralement l’éco-conception. L’entreprise se met alors en posture d’innover, de répondre à des problématiques de développement économique de l’entreprise, tout en étant faisant progresser sa démarche de développement durable.