Plusieurs études montrent que désormais, le salaire n’est plus la priorité des travailleurs. Au contraire, c’est le bonheur et le bien-être au travail qui est donné en tête des préoccupations des salariés, avec les relations de travail et l’amitié au travail.
Et si les priorités des salariés étaient progressivement en train de changer ? Si le salaire n’était plus désormais la variable la plus importante dans les choix de carrière des travailleurs ? Si le critère le plus important était désormais non pas financier mais humain ?
C’est en tout cas ce que tendent à montrer plusieurs études récentes. Déjà il y a quelques mois, nous constations que plusieurs études montraient un basculement dans les préoccupations des travailleurs des nouvelles générations. Désormais, parmi les critères de carrière, on trouvait les critères de responsabilité sociale d’entreprise, d’engagement au travail, d’égalité au travail. La Génération Y semblait donc progressivement vouloir aborder le travail non plus seulement sous l’angle monétaire et financier, mais aussi sous l’angle de l’humain, mais aussi de l’écologie (voir notre article : La Génération Millenium : une nouvelle vision du travail). Une autre étude récente montrait que désormais la « durabilité » d’une entreprise, c’est à dire sa capacité à avoir un impact positif et à être résiliente vis-à-vis de l’environnement ou de la société faisait partie des priorités des jeunes travailleurs (voir notre article : La durabilité, préoccupation numéro 1 des jeunes travailleurs)
En résumé : les préoccupations semblent en train de changer, et une nouvelle étude vient confirmer cette tendance de fond. En effet, une étude de grande ampleur menée par Wildgoose auprès des salariés de 120 entreprises britanniques montre qu’aujourd’hui, ce ne sont plus nécessairement les salaires ou les perspectives de carrière qui guident les choix des travailleurs. Décryptage.
Le bonheur au travail : aussi important que les salaires ?
Premier constat de l’étude : 61% des salariés déclarent qu’ils considèrent plus important le bonheur et le bien-être au travail que le salaire. Cela confirme les résultats de l’étude Génération Cobaye portant sur le bonheur chez les jeunes publiée fin 2016, et dans laquelle on pouvait lire que « Ce qui est primordial pour les jeunes, c’est plutôt que leur travail ait un sens (79%), que ça soit une passion (75%) et qu’il soit utile à la société (59%). Au contraire, une majorité (78%) considère que gravir les échelons n’est pas essentiel au bonheur, et que gagner beaucoup d’argent n’est pas important (89%). » L’étude Wildgoose confirme donc cette tendance, mais cette fois auprès de salariés divers, de tous âges et dans tous type d’entreprises. Il semble donc bien que pour de plus en plus de salariés, ce ne soit pas désormais le salaire qui soit le critère numéro 1, mais l’ambiance de travail, le bien-être.
Néanmoins, d’autres études donnent d’autres résultats : un sondage Opinion Way plaçait le salaire en tête, à quasi égalité avec la question de l’épanouissement. Une étude Workforce View in Europe montrait que les salaires restaient la priorité de beaucoup de salariés, mais que les conditions de travail et l’équilibre vie privée / vie pro arrivaient juste derrière.
On peut donc dire qu’on observe une tendance : désormais, le salaire n’est plus le seul critère, et d’autres, aussi importants apparaissent : le bonheur au travail, le sens du travail, l’équilibre vie privée / vie professionnelle…
Bonheur au travail : une importance variable en fonction du genre, du poste et de la taille de l’entreprise
Toutefois, ce résultat n’est pas homogène en fonction des catégories de salariés interrogés. D’abord, l’étude Wildgoose constate que les femmes sont moins attachées que les hommes à l’importance du salaire : 81% des femmes déclarent ainsi que le bonheur au travail est plus important que le salaire, contre seulement 45% des hommes. D’autre part, ce sont surtout les managers, directeurs et autres exécutifs qui donnent la priorité au salaire (85% d’entre eux disent donner plus d’importance au salaire). À contrario, 70% des employés, stagiaires et cadres non dirigeants déclarent que le bonheur est plus important que le salaire au travail. Ces deux divergences (en fonction du genre et de la position) sont d’ailleurs sans doute corrélées puisqu’on sait qu’en moyenne, les managers et directeurs sont plus souvent des homme que des femmes, à cause notamment des inégalités de genre au travail. L’étude constate également que l’importance du bonheur au travail par rapport au salaire ne dépend pas tellement de l’âge : globalement, chaque tranche d’âge place le bonheur avant le salaire dans l’ordre leurs priorités. Toutefois, ceux qui donnent le plus d’importance au bonheur sont les jeunes actifs (26 – 34 ans) et les travailleurs plus mûrs (55 – 64 ans). Cela tend à prouver que plus on avance dans sa carrière, plus l’on revoit ses priorités et l’on accorde de l’importance au bonheur au travail. Ainsi, 82% des plus de 45 ans considèrent le bien-être au travail comme prioritaire par rapport au salaire.
Enfin, l’étude constate que ceux qui travaillent dans des PME donnent plus d’importance au bonheur qu’au salaire par rapport à ceux qui travaillent dans de grandes entreprises (69% des employés de PME mettent le bonheur en premier contre 56% des employés des grandes entreprises).
Le bonheur au travail : des amis au bureau et des verres avec ses collègues
La suite de l’étude s’attache à comprendre ce qui constitue le bien-être pour les travailleurs et notamment le rôle que jouent les « amis » au travail. On constate que 57% des interrogés déclarent qu’avoir un bon ami au travail rend la vie de bureau plus agréable, tout en augmentant la productivité et la créativité au travail. 12% des salariés déclarent ne pas avoir de bon ami au travail mais qu’ils aimeraient en avoir un. Cela confirme encore une fois les résultats de l’étude Génération Cobaye, qui montrait que les bonnes relations au travail étaient un critère déterminant pour de nombreux salariés.
Interrogés sur les manières de créer une bonne ambiance avec leurs collègues de travail, près de 30% des salariés estiment que la meilleure façon de nouer des liens avec ses collègues est de boire un verre de temps en temps à l’extérieur du travail. Ensuite, les salariés placent le sport : pratiquer un sport avec ses collègues entretiendrait la bonne entente et les bonnes relations. En 3ème position, ils placent la simple possibilité de profiter sur son lieu de travail d’un lieu de détente où discuter, manger, prendre un café ou faire une activité de détente.
Ce basculement vers des préoccupations moins financières et plus humaines dans le travail peut-être interprété d’au moins deux façons. D’un côté, il est possible que cela soit le signe que les conditions de travail se sont globalement améliorées, au point que la préoccupation monétaire soit devenue secondaire. Autrement dit, les salariés aujourd’hui ont peut-être moins de problèmes d’argent qu’il y a quelques décennies, et cela n’est peut-être plus leur priorité désormais. Les résultats seraient peut-être différents si les interrogés faisaient partie des catégories plus précaires de travailleurs… D’un autre côté, il est aussi possible que ce changement soit le signe d’une modification des mentalités : plus que l’agent, la consommation et la carrière, de nombreux salariés désirent désormais l’épanouissement au travail. Et cet épanouissement passe par plusieurs choses : bien sûr, la capacité à répondre à ses besoins financiers, mais aussi et peut-être surtout le sens que l’on donne à son métier, l’ambiance au travail, et les relations que l’on tisse au bureau.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Au travail, qu’est-ce qui compte le plus : le bonheur et la bonne ambiance, ou le salaire et les perspectives de carrière ?