Pourquoi une majorité de Français s’ennuie-t-elle au travail ? Quelles sont les répercussions sur la santé ? Comment s’en sortir ?

63% des Français déclarent s’ennuyer au travail selon une étude de 2019 menée par l’agence d’intérim en ligne QAPA auprès de 4,5 millions de salariés.

Caractérisé par un sentiment d’inutilité, un faible nombre de tâches à effectuer ou présentant peu d’intérêt, le bore-out, aussi appelé syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui est une pathologie.

S’opposant au burn-out, l’ennui au travail n’est pas sans conséquence sur notre santé. Ce fléau représente un coût à la fois pour l’entreprise et pour la société.

La perte de sens est à la fois une cause et une conséquence de ce syndrome à l’épanouissement professionnel revêt une importance croissante pour les travailleurs.

Le bore-out ou l’ennui au travail : de quoi s’agit-il ?

L’ennui au travail : d’où ça vient ?

Les facteurs d’ennui professionnel, associés à des tâches peu nombreuses, ressenties comme inutiles et fastidieuses, sont multiples.

Ils peuvent tout d’abord être liés à une surqualification pour le poste. La personne n’utilise qu’une faible partie de ses capacités et se sent disqualifiée. Cela peut être lié à une réorganisation au sein de l’entreprise qui bouleverse les rôles de chacun.

Parfois, les améliorations technologiques réduisent aussi la charge de travail, sans pour autant que celle-ci ne soit compensée, ou sans formation complémentaire pour avoir la possibilité de réaliser d’autres activités.

Ils peuvent aussi être corrélés à la santé économique de l’entreprise, dans le cas où une baisse d’activité engendrerait une diminution du nombre ou de l’intensité des tâches notamment.

Mais ils sont également imputables au management de l’équipe, lorsqu’il y a une absence de stimulation ou un manque de reconnaissance professionnelle, c’est-à-dire un manque de motivation.

Quand l’ennui épuise… Les symptômes du bore-out

Le bore-out a été reconnu par la Cour d’Appel de Paris comme une forme de harcèlement moral dans l’arrêt du 2 juin 2020. Il engendre une réelle souffrance pour ces personnes mises au placard.

La perte d’estime de soi est une des caractéristiques majeures du phénomène. Elle s’accompagne généralement d’un sentiment de honte et de culpabilité, de « ne servir à rien ».

Un ressenti partagé par Maryse, 32 ans, assistante au sein d’une entreprise spécialisée dans les mutuelles, qui ne passe qu’une à deux heures par jour à effectuer ses tâches quotidiennes :

« Et j’ai honte, honte de me plaindre alors que le taux de chômage atteint des records, honte aussi d’en parler à mes proches qui eux croulent sous le travail et ne peuvent pas comprendre l’angoisse que me procure ma situation professionnelle ».

En France, selon cette même étude de Qapa, plus de 89% des femmes et 91% des hommes avouent cacher leur ennui au travail. 62% déclarent même faire semblant d’avoir une activité passionnante.

Cette forme de désespoir liée à une profonde démotivation et un sentiment d’isolement déborde parfois sur la sphère privée, générant de la frustration, de la tristesse, de l’anxiété. Elle peut conduire certains jusqu’à la dépression, voire au suicide dans le pire des cas.

Ces symptômes révèlent un problème de fond lié à l’exercice professionnel en lui-même : la satisfaction au travail et la quête de sens.

Redonner du sens à son travail pour combattre l’ennui professionnel

Qu’est-ce qu’un travail qui a du sens ?

Chaque année, nous passons en moyenne 1472 heures à travailler selon l’OCDE. Aujourd’hui le travail occupe donc une place importante dans nos vies, on y recherche naturellement une source d’épanouissement.

En effet, une majorité de cadres jugent « très important » d’exercer un métier qui a du sens et jugent fondamental de se sentir utiles à l’entreprise selon l’étude en date de mars 2019 de l’Apec.

La notion de sens au travail recouvre trois grandes dimensions :

  • Une dimension émotionnelle : le fait de ressentir au travail davantage d’affects positifs que négatifs.
  • Une dimension cognitive : la satisfaction procurée par le contenu des missions, le développement des compétences et l’impact des actions.
  • Une dimension aspirationnelle : le sentiment de contribuer et d’adhérer à un projet global d’entreprise.

Passer ses journées à « tuer le temps » est donc souvent symptomatique d’une carence en bien-être des salariés, mais surtout d’une crise de sens.

Travailler pourquoi, pour qui, pour quoi ?

Cette question de la perte de sens est un véritable défi à relever dans les entreprises, pour les salariés mais aussi pour les managers et les employeurs. Face au phénomène du bore-out, il est important de se poser les bonnes questions afin de clarifier et redéfinir ses aspirations profondes et son rôle au sein de l’entreprise. Il faut aussi parler de sa situation avec la direction, et discuter de l’organisation de ses tâches quotidiennes, de ses missions au sein de l’entreprise.

L’employeur a sa part de responsabilité dans la quête de sens de ses collaborateurs : leur apporter un feedback régulier et leur témoigner de la reconnaissance, définir avec eux des objectifs précis, les inclure dans les processus de décision favorisent la co-construction.

Au-delà de se rapprocher des attentes de ses salariés, l’Apec préconise aussi d’assouplir le temps de travail, avec des horaires adaptés à chacun pour « offrir une autonomie valorisante, qui concourt au sentiment d’utilité ».

Mais au-delà des aspects managériaux, la quête de sens se traduit également dans la capacité de l’entreprise à s’incarner dans une « raison d’être » qui clarifie sa place au sein de la société. Répondre à la question « à quoi sert mon métier ? » ne peut se faire sans savoir répondre à la question « à quoi sert mon activité, à quoi sert mon entreprise ? ». Or dans un système économique qui semble souvent déconnecté de la réalité sociale et des besoins réels du monde, cette question n’a pas toujours de réponse évidente.

Et la crise de la Covid-19, qui a été marquée par les débats sur les « activités essentielles » ou non, n’a fait que renforcer ces questionnements : la question de la recherche du sens sera donc certainement au coeur de la restructuration attendue du monde de l’entreprise.

Photo by Magnet.me on Unsplash

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