Tous les jeudis, l’actualité de la RSE en chiffres. Cette semaine on se penche sur la façon dont les PME et ETI perçoivent l’importance de l’adaptation au changement climatique grâce à une étude de Bpifrance Le Lab, publiée en décembre dernier.
L’adaptation au changement climatique est globalement sous-estimée par les dirigeants de PME et ETI, selon une étude réalisée par Bpifrance Le Lab auprès de 380 dirigeants*. Si la majorité reconnaît l’importance du changement climatique (11 % déclarent tout de même que le sujet est « mineur »), s’y adapter n’est qu’une priorité secondaire pour 68% dirigeants interrogés. Si des actions de « bons sens » ont bien été mises en place (aménagement du temps de travail selon la météo, économie d’eau, rénovation énergétique des bâtiments…), seuls 12% ont défini une vraie stratégie d’adaptation.
« Beaucoup de chefs d’entreprise sont la tête dans le guidon. L’adaptation au changement climatique, c’est un sujet important… mais pas urgent. Il est donc difficile de se concentrer sur cette thématique, de prendre du recul et de recueillir les bonnes informations pour des décisions éclairées », explique ainsi Philippe Rérat, directeur général d’Habitat et Énergie, une PME de 20 personnes, dans l’étude.
Une « bombe à retardement » climatique pour les PME et ETI
De fait, la majorité estime que leur entreprise est encore faiblement exposée aux aléas climatiques comme les vagues de chaleur (24%), les sécheresses et le manque d’eau (20%), les inondations (15%) et le retrait gonflement d’argile (6%). C’est notamment en partie d’une méconnaissance des risques car seulement 16% disent avoir réalisé un diagnostic de vulnérabilité climatique.
Résultat : malgré l’importance des risques climatiques qui se font pourtant déjà ressentir sur l’économie via les catastrophes naturelles ou les vagues de chaleur notamment, les dirigeants se concentrent davantage sur d’autres risques perçus comme plus immédiats, tels que les risques de marché, les risques cyber, les risques liés à la production et les risques géopolitiques, souligne l’étude.
Cette mauvaise perception du risque « laisse les entreprises vulnérables aux impacts croissants du changement climatique, qui peuvent déjà affecter la chaîne de valeur par des hausses de prix, des retards de livraison et une diminution de la fréquentation des clients », souligne l’étude. Ce qui en fait une « bombe à retardement ».
Quelle assurance pour demain ?
Ceux qui agissent le font avant tout par conviction (61%), bien avant que par contraintes ou identification d’opportunités (20%). Mais ils ont souvent été touchés directement par un sinistre climatique (plus d’un tiers des entreprises interrogées disent l’avoir été) et/ou interrogées par leurs parties prenantes (collaborateurs, clients…) sur le sujet. D’où l’importance de partager les expériences et d’échanger avec sa chaîne de valeur sur le sujet.
Les dispositifs d’accompagnement et de financement pour adapter les entreprises au changement climatiques gagneraient donc à gagner en visibilité : ils restent inconnus pour 60% des dirigeants interrogés. Et ce alors que la question des moyens budgétaires à mobiliser reste une préoccupation forte des dirigeants : « Les investissements doivent être rentables le plus vite possible pour les entreprises comme la nôtre », explique ainsi Antoine Dessarier, directeur général d’une PME de 20 personnes en Charentes Maritime.
Les assureurs qui commencent à opérer leur mue sur le sujet sont également un rôle à jouer. Pourtant ils ne sont identifiés que par moins d’un dirigeant sur 10 comme un acteur pouvant les aider dans l’adaptation de leur entreprise…Et à l’image des maires qui peinent de plus en plus à assurer leurs communes face à la montée en puissance des événements météorologiques extrêmes, 37% des dirigeants craignent aujourd’hui de ne plus pouvoir souscrire à des contrats d’assurance à l’avenir, du fait du changement climatique.
*Enquête en ligne menée auprès de dirigeants de PME et ETI entre le 20 juin et le 20 septembre 2024, avec 380 réponses exploitables de dirigeants. L’échantillon n’a pas été redressé, d’où une surreprésentation des acteurs de l’industrie (43 % vs 22 % dans la population mère). En complément, plus de 25 entretiens ont été menés avec des experts et des chefs d’entreprise : 12 dirigeants de PME et d’ETI et 14 experts des problématiques de risques climatiques (consultants, chercheurs, ADEME, DGE…).
Illustration : Canva