Chaque jeudi, Youmatter rencontre l’actualité RSE en chiffre. Cette semaine, à l’occasion du Sommet mondial pour l’Action sur l’intelligence artificielle (IA) qui se tiendra à Paris les 10 et 11 février, on se penche sur la façon dont les entreprises se préoccupent – ou pas- de l’impact environnemental de l’IA. Spoiler, c’est plutôt « pas ». 

Alors que le premier sommet mondial sur l’IA va se tenir à Paris les 10 et 11 février, plusieurs études mettent en avant les arbitrages que vont devoir opérer les entreprises engagées dans une transformation écologique vis-à-vis de l’intelligence artificielle. Selon une étude GenAI réalisée par NTT Data auprès de plus de 2 300 dirigeants dans 34 pays et 12 secteurs d’activité, 75% des répondants estiment en effet que leurs ambitions en matière d’IA générative entrent en contradiction avec leurs objectifs en matière de durabilité. 

Cet outil, dont la démocratisation ne date que de deux ans, a fait une percée extrêmement rapide dans les entreprises et les habitudes de travail. 24% des 2 000 organisations interrogées dans 15 pays et 12 secteurs d’activité dans le cadre d’une enquête du Capgemnini Research Institute disent avoir intégré l’IA générative dans l’ensemble de leurs fonctions et sites d’activités fin 2024, contre 6% un an plus tôt. 

42 % des dirigeants disent avoir revu leurs objectifs climatiques en raison de l’IA

Problème : l’IA générative consomme une grande quantité d’énergie et de ressources. A l’image de Google ou Microsoft, près de la moitié des dirigeants interrogés dans cette dernière étude estiment déjà que l’utilisation de l’IA a entraîné une hausse de leurs émissions de gaz à effet de serre. Et ce n’est qu’un début.

Les rares (12%) entreprises qui mesurent l’empreinte environnementale de leur IA générative s’attendent ainsi à ce qu’elles représentent près de 5% de leurs émissions d’ici à deux ans, contre 2,5% aujourd’hui. De ce fait, 42 % des dirigeants disent avoir dû revoir leurs objectifs climatiques en raison de l’empreinte croissante de l’IA générative.

Quelle marge de manœuvre pour réduire l’empreinte de l’IA à l’échelle de l’entreprise ? 

Un tiers des répondants disent cependant avoir commencé à mettre en place des initiatives pour diminuer cette empreinte. Certains se tournent vers des sources d’énergies renouvelables, d’autres optimisent l’infrastructure de leur IA en utilisant des modèles plus petits, d’autres encore adoptent des pratiques de gestions de données plus économes en énergies pour le stockage et le traitement. 

Cependant, une très grande majorité utilisent des modèles pré entraînés et externes sur lesquels ils n’ont que peu de marge de manœuvre. D’autant que seule une personne interrogée sur cinq dit placer l’empreinte environnementale de l’IA générative comme un critère de sélection du prestataire ou de création du modèle d’IA. Et globalement les fournisseurs manquent de transparence sur le sujet, regrettent les répondants. 

A minima, les entreprises devraient donc procéder à une évaluation approfondie du retour sur investissement attendu de l’intelligence artificielle générative et de son empreinte environnementales. Elles devraient s’assurer qu’elles ne peuvent pas utiliser des technologies moins gourmandes en eau et en énergie pour assurer les mêmes tâches. C’est aussi en substance l’une des recommandations du CESE qui a adopté un avis : « Pour une IA au service de l’intérêt général ». 

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Illustration : Canva