Dans une société où le travail passe désormais par l’ultra-connexion, certains se posent la question suivante : comment développer le bien-être au travail à l’heure des objets connectés et du 100% digital ?
Le bien-être au travail est une question de plus en plus importante à la fois pour les employés, les ressources humaines et les pouvoirs publics. Les travailleurs cherchent aujourd’hui à mieux gérer leur équilibre vie privée / vie professionnelle, à se sentir bien dans leur travail et à s’y épanouir. Les entreprises ont bien compris que le bien-être de leurs salariés était essentiel pour leur performance et leur productivité. Enfin, les pouvoirs publics y voient, quant à eux, une question de santé publique.
Si aujourd’hui, tout le monde s’accorde à réfléchir sur le sujet du bien-être au travail, tout le monde ne voit pas nécessairement le lien entre bien-être au travail et digital. Explication…
Quand le digital aide à mieux gérer son travail
D’abord, il y a ceux qui estiment, sans doute à raison, que le digital, les smartphones et les outils numériques facilitent la vie des entreprises.
Outre les bénéfices évidents d’Internet, des mails et autres smartphones pour améliorer la communication interne et la productivité, des applications smartphones conçues pour améliorer la gestion des métiers et le management se sont développées ces dernières années. Une application pour gérer vos stocks ou vos livraisons, une application pour gérer en temps réel la maintenance avec vos prestataires… de multiples solutions existent pour améliorer la vie professionnelle grâce au digital.
On peut aussi parler des réseaux sociaux d’entreprise pour faciliter les communications internes, des clouds pour les transferts de données, ou encore du Big Data qui peut faciliter les recrutements… De là à dire que le digital favorise le bien-être au travail, il n’y a qu’un pas ! Et c’est le cas pour 80% des français qui estiment que les technologies numériques ont un impact positif sur la qualité de leur travail et de leur bien-être professionnel.
Le droit à la déconnexion pour un meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle
A l’opposé, certains pensent que cette connection permanente au travail (via les mails ou les smartphones) est trop présente dans la vie des salariés et finit par empiéter sur leur bien-être.
En effet, avec un nombre de smartphones multiplié par 6 depuis 2008, et 55% des entreprises qui équipent leurs salariés d’un smartphone professionnel, il est certain que les salariés sont soumis en permanence à la tentation de regarder leurs mails, finir à la maison un dossier professionnel ou passer des coups de fils professionnels sur leur lieu de vacances. Au final, les salariés ne déconnectent pratiquement plus de leur travail à cause de ces outils qui finissent parfois par devenir invasifs. D’où l’idée de mettre en place un « droit à la déconnexion » qui permettrait au salarié de mieux gérer l’équilibre entre sa vie privée et sa vie professionnelle.
Les objets connectés au service du bien être au travail
Malgré tout, la dernière tendance en matière de bien-être au travail est digitale : il s’agit des objets connectés. Outre les désormais traditionnels smartphones et tablettes, les spécialistes du marché des objets connectés prédisent que, dans un futur proche, les technologies seront véritablement mises au service des salariés dans l’entreprise.
Concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ? Une chaise de bureau qui modélise votre posture pour vous permettre de la corriger et ainsi éviter les douleurs au dos ou aux épaules, un ordinateur capable de mesurer l’attention de l’employé et de lui préconiser des pauses ou d’augmenter la luminosité de son environnement de travail en fonction des besoins… C’est en tout cas ce que pense Mourad Slitni, fondateur de Skillsolutions Software et spécialiste de la question.
Avec l’Internet des objets, il y a un potentiel très important de développement pour ces produits qui pourraient faciliter le quotidien professionnel de nombreux salariés.
Les dérives de l’ultra connexion au travail
Toutefois, ces nouveautés inquiètent, notamment la CNIL et autres défenseurs de la liberté numérique. Alors que dans certaines entreprises, le salarié est déjà encouragé à faire du sport, à mieux se nourrir ou encore à marcher en travaillant, on peut se demander où sera la limite.
Comment gérer l’utilisation de toutes les données amassées par les employeurs grâce au digital et aux objets connectés ? Comment éviter que de nouvelles pressions s’abattent sur les salariés ultra connectés (pression de travailler de chez soi, pression de travailler autrement, surveillance des salariés sur les réseaux sociaux…) ? Il faut éviter que l’ultra-connexion au travail se transforme en ultra-surveillance.
Les interrogations sont nombreuses et il est difficile aujourd’hui d’affirmer que le digital sera ou non un vecteur de bien-être au travail. Tout dépendra de la capacité des employeurs à utiliser ces outils pour leurs salariés, avant de l’utiliser pour la seule performance de leurs entreprises.