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Le fil de l’actu
🌪️Avec plus de 200 morts, le bilan de l’ouragan Hélène qui a ravagé le sud-est des Etats-Unis est très lourd et laisse la zone meurtrie. Les inondations ont emporté des ponts, détruit des logements, entreprises et des routes. C’est le deuxième ouragan le plus meurtrier du pays sur le dernier demi-siècle, après Katrina, en 2005. 🌊Des centrales nucléaires vont-elles se retrouver sous l’eau en 2100? C’est l’alerte lancée par Greenpeace qui pointe notamment le risque qui pèse sur celle de Gravelines (Nord), « située en quasi totalité sous le niveau de la mer aux plus fortes marées » et exposée à la submersion marine. La centrale est cependant protégée « contre les inondations extrêmes », rétorque EDF.🛢️TotalEnergies persiste dans sa volonté de double cotation à Paris et Wall Street. Le groupe continue de câliner ses actionnaires (dont la moitié sont américains) en leur distribuant plus de 45% des bénéfices. Le groupe va aussi consacrer 8 Ms $ pour racheter 5% de son capital. La bourse salue.💧65% des Français interrogés soutiennent une hausse de taxes sur l’eau pour les entreprises et des amendes plus fortes pour celles qui contaminent les réseaux d’eau, selon l’étude Watermark d’Ecolab. 😖Plus de 6 actifs français sur 10 se sentent stressés au moins une fois par semaine au travail selon l’enquête People at Work 2024 d’ADP research. Un chiffre en baisse de 10 points par rapport à l’année dernière mais qui cache une augmentation du stress quotidien élevé (19 %, + 2 pts) et une trop grande inaction, voire indifférence, des entreprises. On attend le burn-out pour agir ???
Budget : les grandes entreprises mises à contribution
Les grandes entreprises vont devoir contribuer à l’effort budgétaire. Alors que la France doit trouver de nouvelles recettes pour 2025, le gouvernement propose une surtaxe temporaire d’impôt sur les sociétés. Son taux a baissé ces dernières années (25% du bénéfice taxable). En 2025, il pourrait remonter à 30% pour les entreprises générant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires et 35,25 % pour celles dépassant trois milliards d’euros de chiffre d’affaires avant de redescendre en 2026. 300 entreprises seraient concernées selon Michel Barnier mais ce pourrait être plus, estiment Les Echos. L’INSEE comptabilise ainsi 352 « grandes entreprises » réalisant plus d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Autres pistes d’augmentation des recettes : une taxe de solidarité sur les billets d’avions avec laquelle le gouvernement souhaite récupérer 1 Md € de taxation supplémentaire par an. Une contribution exceptionnelle devrait être demandée à 0,3% des ménages les plus aisés (+ de 500 000 € / foyer fiscal ou + 250 000€ / personne) pour redresser les finances publiques dans le rouge. « Inacceptable », gronde l’ancien ministre de l’Intérieur en campagne pour 2027, Gérald Darmanin. Pourtant selon Simon-Pierre Sangerac, co-directeur de l’Observatoire de l’économie à la fondation Jean Jaurès : « l’effort budgétaire pour 2025 est égal aux baisses d’impôts depuis 2018 : 60 Mds €. Sauf qu’elles ont surtout bénéficié aux entreprises et aux plus riches, alors que les économies vont surtout toucher les plus vulnérables », écrit-il sur X.
Budget (suite) : les entreprises pétrolières et gazières dans le viseur des écologistes
Pour trouver de nouvelles recettes, la député écologiste & social, Eva Sas a elle aussi son idée : taxer les superprofits réalisés par les entreprises pétro-gazières. Alors que le budget 2025 va être présenté à l’Assemblée le 10 octobre, celle-ci a dévoilé une proposition de loi visant à assurer la contribution des entreprises ayant contribué au dérèglement climatique. L’idée est de s’appuyer sur la contribution temporaire de solidarité adoptée dans le cadre du projet de loi de finances 2023, qui a permis de prélever 61 millions d’euros mais de doubler le taux de la taxation pour le porter à 66 %. Cette contribution s’appliquerait aux « exercices 2024, 2025 et 2026, pour les entreprises exerçant une activité en France (ou dont les bénéfices sont imposés en France) et dont au moins 75 % du chiffre d’affaires provient de l’exploitation ou la transformation des énergies fossiles ».
Déforestation : vers un report d’un an de la réglementation européenne
La réglementation européenne sur la déforestation devrait bien être reportée d’un an, soit fin 2025. C’est en tout cas ce que propose la Commission européenne « en réponse aux appels lancés par les partenaires mondiaux » et au regard d’un « état de préparation des parties prenantes en Europe est inégal », explique-t-elle dans un communiqué. La réglementation considérée comme particulièrement « avancée » doit interdire la mise sur le marché européen de produits ayant contribué à la déforestation ou à la dégradation des forêts (soja, cacao…) après le 31 décembre 2020. Alors que les outils de mise en œuvre « sont techniquement prêts », ce délai devrait « servir de période d’introduction progressive pour garantir une mise en œuvre adéquate et efficace », précise la commission. Si la demande est approuvée par le Parlement européen (le PPE, le plus grand parti, à droite, y est favorable) et le Conseil, la loi sera applicable le 30 décembre 2025 pour les grandes entreprises et le 30 juin 2026 pour les micro et petites entreprises. La dernière FAQ de la commission est disponible ici.
Outil : une plateforme pour aider les entreprises dans leur démarche biodiversité
A quelques jours de la COP16 sur la biodiversité qui se déroulera à Cali, Orée (Organisation pour le renouveau de l’économie par l’environnement) et l’OFB (Office français pour la biodiversité) lancent une nouvelle plateforme Entreprises et biodiversité pour aider les entreprises à quantifier leurs impacts sur la biodiversité, leur dépendance et bien sûr passer à l’action. La plateforme permet de s’évaluer et de trouver les outils adaptés par secteurs d’activité, par objectifs et périmètre d’action; de se mettre en relation avec d’autres acteurs; mais aussi de consulter toutes les ressources de références. Gros plus, elle est gratuite et validée par 24 partenaires et experts (OFB, Comité français de l’UICN, WWF France, LPO, Comité national biodiversité, Museum national d’Histoire naturelle) ainsi que des réseaux d’entreprises (C3D, Pacte mondial réseau mondial France…). Vous n’avez plus d’excuses pour ne pas agir !
CSRD : 17 pays mis en demeure par l’UE
Alors que la complexité de mise en œuvre de la réglementation européenne sur le reporting de durabilité est mise en cause par le rapport Draghi, 17 États membres ont été mis en demeure pour non-transposition de la directive CSRD. Parmi les pays pointés du doigt : l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, le Portugal et la Belgique. La France n’en fait pas partie, les entreprises hexagonales ont au contraire pris beaucoup d’avance par rapport aux autres pays, profitant d’une réglementation nationale désormais bien installée sur le sujet. Une clause de réexamen est prévue tous les 3 ans à partir de 2029 dans le cas où l’efficacité du texte serait mise en cause.
Climat : les entreprises ne sont pas sur la bonne trajectoire
Les entreprises ne sont pas sur la bonne trajectoire carbone. Si elles sont près de 60 % dans le monde à déclarer vouloir devenir neutres en carbone, la grande majorité continue à rejeter des gaz à effet de serre en masse et à recourir à la compensation carbone pour réduire leur empreinte, souligne le consortium de recherche Net Zero Tracker qui a analysé 2 000 entreprises engagées dans la démarche. Les entreprises manquent aussi de transparence en la matière. Seulement 9 % des entreprises interrogées disent déclarer de manière exhaustive leurs émissions sur l’ensemble de leur périmètre d’activité directe et indirecte, souligne la dernière édition du baromètre CO2 AI by BCG.
Livre : les 101 mots de la RSE
Qu’est ce que la responsabilité sociale ou sociétale des entreprises ? On le disait encore il y a peu sur Youmatter, celle-ci reste floue pour deux tiers des salariés. Le C3D, le Collège des directeurs développement durable, a donc eu l’idée d’illustrer cette démarche essentielle par 101 mots, confié à des « personnes engagées » aux « sensibilités différentes » mais à la « vision commune » : celle qu’une autre « forme d’entreprise est possible et qu’ensemble, nous pouvons faire pivoter notre économie vers des modèles non plus destructeurs mais régénérateurs », souligne Lucie Bash, fondatrice de Too good to go en préface. On lira donc avec intérêt ces mots qui donnent envie (désir, réussir, régénération, ensemble, engagement), qui nous font peur parfois -mais qui sont pourtant indispensables à mettre sur la table- comme frugalité ou décroissance. Ces mots techniques aussi (BEGES, CSRD, PPM eco gender gap… ) qui montrent la réalité d’une transformation et d’une profession qui se complexifie. C’est drôle parfois, émaillé de coups de gueule mais aussi – et surtout- d’une bonne dose d’optimisme, pédagogique souvent, engagé tout le temps. Un livre à garder sur le bureau, à picorer, à partager avec ses collègues et à méditer pour ceux qui veulent faire en sorte que la RSE transforme la société ! Avec les contributions de : Jean-Marc Jancovici, Thimothée Parrique, Hélène Valade, Eric Duverger, Charlène Descollonges… sous la direction du président du C3D, Fabrice Bonnifet.
Biodiversité : les entreprises du CAC40 encore peu mâtures
Le CAC40 reste encore majoritairement « moyennement ou peu mature » sur la biodiversité selon une étude de BL Evolution. « La majorité des entreprises ont amélioré l’intégration des enjeux biodiversité dans leurs activités » et suivent publiquement les indicateurs liés à leurs enjeux les plus matériels (80% contre 50% l’an dernier) mais les moyens (humains, financiers, de gouvernance), de même que l’ambition, et une approche stratégique manquent encore cruellement pour transformer les business models à la hauteur du défi. A la traîne notamment, les secteurs de la tech, des médias et de l’industrie manufacturière. « Nous sommes encore loin de l’objectif d’une entreprise régénérative qui intègre au cœur de sa raison d’être la régénération de l’environnement et du vivant ». A voir si les réglementations (si elles se maintiennent) et les outils (SBTN, TNFD, CSRD…) poussent les entreprises à accélérer la cadence.
Economie circulaire : la réparabilité des produits progresse
Si la réparabilité des appareils progresse depuis 7 ans, le réflexe n’est pas encore ancré chez tous les consommateurs : seuls 38% des acheteurs envisagent la réparation de leur appareil avant d’en acquérir un neuf. Une majorité de clients pensent en effet que leur produit était soit irréparable (48%), soit que la réparation serait trop chère (18%), ou qu’il était plus simple de remplacer (19%). C’est ce que souligne le dernier baromètre du SAV de Fnac Darty. Bien que limité aux données du groupe, celui-ci « donne le pouls de la durabilité des produits mis sur le marché », estime HOP. L’association qui lutte contre l’obsolescence programmée salue le nouvel indicateur de l’évolution des scores de durabilité. Celui-ci montre que l’âge moyen des produits réparés a augmenté de 70%, notamment pour l’informatique et le gros électroménager. Même si de (gros) efforts restent encore à faire sur certains produits (ex : oreillettes sans fil), certaines marques (ex: Sony) et l’obsolescence marketing.
Patronat : nouvelle campagne de recrutement du Mouvement Impact France
Avant, être un grand patron, c’était voyager en business au rythme fou des marchés et indexer son humeur sur les valeurs boursières. Mais aujourd’hui ? « C’est aussi être une grande patronne, s’enthousiasmer pour un reporting CSRD autant que pour un bilan financier, dévorer le Financial Times le matin et le rapport du GIEC le soir… » C’est en tout cas la vision du Mouvement Impact France qui lance sa première campagne pour élargir son cercle au-delà des 15 000 adhérents actuels, en redonnant du « sens à l’entreprise ». « L’heure n’est plus à la performance isolée, mais à la contribution active à un modèle économique plus juste et durable, centré sur le bien commun », clame le Mouvement, qui se veut l’anti-Medef, à l’attention des dirigeants économiques et politiques. Et vous quel « grand patron / grande patronne » voulez-vous être ?
L’appel pour une économie légère
Vive l’économie Légère ! Le concept porté par le pionnier de l’éco-design Thierry Kazazian est repris par plusieurs personnalités issues du monde de l’entreprise (Fabrice Bonnifet), associatif (Isabel Autissier), scientifique (Jean Jouzel) ou du public (Anne Hidalgo) à travers un appel (ouvert à signatures) lancé à l’occasion du premier Forum de l’Économie Légère qui s’est tenu à Paris. « L’objectif est de réduire notre impact tout en évitant les effets rebonds, en transformant nos modes de vie, de production et de consommation vers plus de sobriété, d’équité et de durabilité. Et en encourageant l’écoconception, l’économie circulaire, le biomimétisme et la dématérialisation de la consommation, favorisant ainsi le passage du produit au service. » On s’aligne sur le constat. Reste à embarquer les entreprises. Le forum devrait en tous cas faire des petits en dehors de la capitale.
Illustration : Canva