Le gouvernement a présenté en fin de semaine son projet de loi de finance ainsi que sa stratégie pluriannuelle de financement de la transition énergétique. Mais alors que les investissements publics et privés vont devoir augmenter fortement pour faire face aux besoins de la transformation écologique, les coups de rabots dans les mesures sociales devraient peser sur notre capacité à réaliser une transition juste craignent plusieurs organisations.
C’est un budget en trompe l’oeil qui a été présenté pour la transition écologique au Parlement dans le projet de loi de finance (PLF2025). Si celui-ci est en augmentation, c’est essentiellement du fait d’une hausse des compensations versés aux vendeurs d’énergies renouvelables liée à la baisse des prix de l’électricité. En réalité des dispositifs majeurs sont rabotés comme Ma Prim Renov’, le fonds chaleur, les primes pour les véhicules électriques, le fonds vert…« Le gouvernement confirme les milliards de coupes budgétaires pour la transition écologique, ce qui ne fera que renforcer l’ampleur des inondations, canicules et incendies qui coûteront bien plus cher aux Français », affirme ainsi à l’AFP, Anne Bringault, la directrice des Programmes du Réseau Action Climat.
La transition juste menacée
Si de nouvelles taxes comme celle sur les billets d’avion devrait apporter de nouvelles recettes, c’est surtout la dimension sociale de la transition en prend un coup. Ainsi, sur la décarbonation des bâtiments, la CAPEB alerte sur des mesures (dégradation du budget ma Prim Renov’, relèvement de la TVA sur les chaudières à gaz, baisse du financement de l’apprentissage) qui pourraient avoir une incidence « sur notre capacité collective à mener une transition écologique, progressive, inclusive et socialement équitable ». Et ce « dans un contexte où les prévisions d’activité s’annoncent encore en baisse dans la rénovation », souligne Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB.
De son côté, le secteur de l’ESS, dont une grande partie contribue à la transformation écologique et sociale de la société, juge la baisse de 25% des crédits de Bercy alloué au secteur à une « humiliation », de par son « ampleur » et la comparaison aux autres budgets. « Les entreprises et organisations de l’ESS à qui ce budget est destiné sont déjà en première ligne des baisses de soutien des collectivités territoriales. Elles seront sans aucun doute pour certaines d’entre elles amenées à supprimer des emplois et à arrêter des activités », souligne ainsi le président d’ESS France, Benoît Hamon, dans une newsletter.
Transition écologique : des besoins d’investissement qui vont doubler d’ici 2030
C’est d’autant plus dommageable que les besoins d’investissement dans la transition écologique devront doubler jusqu’en 2030 selon la stratégie pluriannuelle de financement de la transition énergétique (Spafte) présentée en parallèle du PLF. Pour faire face à ces besoins, les investissements publics et privés devront encore augmenter « de 110 milliards d’euros par an d’ici 2030 ». Et c’est notamment sur le privé que parie le gouvernement. La proposition se révèle en tout cas « insuffisante pour répondre aux besoins d’investissement nécessaires à la transition climatique en France », selon le think tank spécialisé I4CE. Qui fustige également les mêmes manques du côté européen.
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